Par Robertcri
Il faut lire cet ouvrage, que je ne vais pas résumer : on ne résume pas des pensées, des propos et des correspondances.. Il faut lire ce livre en hommage à Sophie Germain, grande mathématicienne française, très injustement oubliée, sans doute, tout simplement, parce qu'elle était une femme et qu'elle était une scientifique ! En matière de femmes, la France ne se souvient que des grandes putes qui ont jalonné l'Histoire... Mais voici la vie de Sophie Germain. Elle naît le 1er avril 1776 à Paris. En 1789, elle a 13 ans, et ses parents décident de la confiner dans sa chambre : "Tu ne sortiras pas, Sophie ! C'est la révolution, et on a vu, dans les rues de Paris, des têtes au bout d'une pique... TU-NE-SORS-PAS "!... Sophie obéit. Ses parents font partie de la bourgeoisie aisée, et son père possède une très belle bibliothèque.. Sophie lit, et dans une biographie d'Archimède, elle est bouleversée par la mort d'Archimède, qu'un soldat tue d'un coup de lance, tandis que le savant traçait des cercles dans le sable, étudiant la géométrie... Sophie Germain se lance alors, seule, dans l'étude des mathématiques. Ses parents essaient de l'en dissuader, lui enlèvent feu et bougie dans sa chambre pour l'empêcher d'étudier la nuit.. Rien n'y fait, Sophie Germain poursuit ses études en extraordinaire autodidacte. En 1794 est créée l'Ecole Polytechnique. Mais les femmes sont interdites d'enseignement supérieur (authentique !).. Mais c'est une femme, elle emploie une ruse : elle a appris qu'un élève, Auguste Leblanc, a abandonné ses études et quitté l'école.. Elle prend son nom pour pseudo, et se faisant passer pour monsieur Leblanc, elle se fait envoyer les cours.. Elle les étudie chez elle, fait les devoirs et les exercices, elle envoie les résultats et soumet ses travaux personnels aux enseignants de Polytechnique et aux grands mathématiciens de l'époque : Lagrange, Laplace, Gauss, Ampère... toujours sous le pseudonyme de M. Leblanc, pour éviter les railleries et le mépris des hommes... M. Leblanc, reçoit des correspondances admiratives pour ses travaux, et ose finalement, dans des lettres envoyées aux savants, avouer qu'elle est une femme et se nomme Sophie Germain... Elle a ainsi été admise, et encouragée... Elle va consacrer huit année à un mémoire sur "l'équation des surfaces élastiques", pour lequel elle recevra le Prix de l'Académie des Sciences... Hélas, Sophie Germain est atteinte d'un cancer du sein, et meurt le 27 juin 1831, en son domicile, 13 rue de la Savoie à Paris (6è)... Elle a 55 ans. Anecdote ahurissante : après sa mort, son neveu va déclarer le décès de Sophie Germain à L'Etat-Civil. Quand il donne la profession de la défunte : "Scientifique", le préposé, horrifié, refuse en déclarant "Ce ne sont pas là des affaires de femmes !", et il marque comme profession : "rentière" !... Sophie Germain est inhumée au cimetière parisien du Père Lachaise, mais elle sombre très vite dans l'oubli... Normal, elle avait deux défauts effrayants : être femme et être intelligente ! .. Heureusement un homme politique de la fin du 19è siècle va s'employer à réhabiliter sa mémoire : d'abord, il sauve la tombe de Sophie Germain qui faisait l'objet d'un procédure d'abandon !!!! .. Et puis surtout, il donne son nom à l'école supérieure de jeunes filles de la rue de Jouy (Paris 4è), qui devient "Lycée Sophie Germain" en 1888.... Ce n'est pas pour autant qu'on se souvient d'elle de nos jours.. Elle le mérite pourtant ! Lisez ses écrits, et puis surtout, parlez un peu d'elle à vos enfants, petits-enfants, autour de vous, pour qu'elle ait au moins une petite place dans la mémoire collective, elle qui devint une grande mathématicienne à cause... d'un confinement !!!...
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