Par Robertcri
Comme un frère, roman de Stéphanie Polack – 2012 –
Comme un frère est un roman frauduleux. Ce n’est pas de la littérature, c’est de l’abus de confiance. Sous prétexte qu’elle est parente d’un criminel, l'auteur utilise ce criminel comme alibi, et tente de susciter l’intérêt du lecteur à l’aide d’un fait divers. Stéphanie Polack, est en effet la nièce d’un jeune con friqué, Jacques Fesch, qui mourut guillotiné le 1er octobre 1957 à la prison de la Santé à Paris. Mais ce roman n’est qu’une imposture. Je l’ai acheté bien sûr, non pas à cause de la réputation de l’écrivain, mais à cause d’un fait divers qui a occupé mes loisirs d’enfant, lorsque, à onze ans, fier de lire le journal qui traînait sur la toile cirée de la salle à manger de mes parents, je me plongeais dans les détails sordides de ce qui fut alors une fameuse et fumeuse affaire. Je vous la fais courte : Jacques Fesch était un gosse de riche, baladant son ennui rupin de bar de luxe en boîte de nuit, au volant de la Simca Sport payée par papa-maman à Saint-Germain-en-Laye. Ce jeune con de 24 ans, désœuvré, rêve de se payer un bateau pour faire le tour du monde. Mais comme son père lui refuse la thune, il agresse, le 25 février 1954, un agent de change de la rue Vivienne à Paris, qu’il blesse en tentant de s’emparer de son or. Dans sa fuite, il tire délibérément sur ses poursuivants, tue un policier, blesse grièvement un passant avant d’être finalement arrêté dans le métro. Il sera condamné à mort et guillotiné le 1er octobre 1957. Ce fait divers avait beaucoup agité l’opinion à l’époque, une bien curieuse époque où les pires crapules n’étaient pas les racailles de banlieue, mais les jeunes voyous huppés des milieux friqués et des beaux quartiers. J’en veux pour preuve un autre jeune con, Georges Rapin, guillotiné à l’âge de 24 ans en 1960, et dont les parents habitaient le faubourg Saint-Germain… Bref, c’est cette affaire que je voulais revivre un peu, à la lumière d’un témoignage familial, encore que la nièce n’ait jamais connu son tonton flingueur, pour la bonne raison qu’il a été guillotiné en 1957, et qu’elle est née en 1977… Hélas, le roman Comme un frère ne parle en réalité que très peu de l’affaire Jacques Fesch. Sa nièce préfère nous emmerder à longueur de chapitres avec ses propres états d’âme et les réflexions que lui inspire cette saga familiale. On n’est pas ici dans le documentaire, on navigue laborieusement à travers les élucubrations personnelles et les divers sentiments oiseux qui agitent le nombril de l’auteur à l’évocation du crime commis par son tonton. On n’apprend rien, absolument rien sur l’affaire. J’en ai davantage appris en lisant Le Parisien ou Paris-Presse à l’époque. Et si l’histoire de Jacques Fesch vous intéresse, inutile d’acheter le roman Comme un frère, qui n’est qu’une tricherie littéraire, ouvrez votre ordi et allez tout simplement sur wikipédia, vous saurez tout sur Jacques Fesch ! Vous apprendrez même qu’on envisage de le béatifier (c’est pas une blague !) au motif qu’il s’est converti à une foi fiévreuse pendant sa détention… Notre siècle a les héros qu’il peut !... A ce compte-là, pourquoi ne pas béatifier Fourniret et Dutroux ? Tous deux répétaient en effet sans cesse, cette parole de Jésus : « Laissez venir à moi les petits enfants !... »
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