LE MUSEE DES ARTS ET METIERS<o:p></o:p>
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Le mardi 5 février 2002<o:p></o:p>
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RDV à 13h30, au 60 rue Réaumur…<o:p></o:p>
Parti à midi du Plessis-Trévise, j’arrive au Châtelet peu avant 13 heures… Temps très doux, mais avec beaucoup de vent, et de gros nuages noirs sur fond de ciel gris, il tombe quelques gouttes. Je connais mal le quartier de la rue Réaumur, cette rue dont on ne sait jamais si elle est dans le 3è ou le 2è arrondissement… Au numéro 60, d’ailleurs non indiqué, s’ouvre la cour du musée des Arts et Métiers, qui jouxte le Conservatoire National des Arts et Métiers (le CNAM). A l’évidence, tout a été rénové et c’est superbe. Là où s’élevaient des façades noires et austères, il y a maintenant de superbes bâtiments en pierre de taille, avec des toitures de tuiles mosaïques ou d’ardoise… En fait, il y avait ici autrefois une abbaye… Dès 710, des écrits font mention à cet emplacement une église, l’église Saint-Martin-des-Champs, qu’on retrouve en 1060 dans une lettre du roi Henri 1er confirmant les droits d’une communauté de chanoines Augustiniens.<o:p></o:p>
En 1150, s’y installe une communauté bénédictine.<o:p></o:p>
Ce n’est que plus tard, au 18è siècle, que les lieux deviendront un musée, avec les apports de Vaucanson.<o:p></o:p>
Le musée des Arts et Métiers présente un grand nombre d’objets liés au progrès des sciences et des techniques, dans tous les domaines : instruments de mesure, transports, communications, outils et machines, physique et chimie, aviation, télévision et radio, ainsi que tous matériaux, du béton à la porcelaine, en passant par la brique, le verre ou les matières plastiques…<o:p></o:p>
Il faut noter que pendant très longtemps, la science et la technique ont été nettement séparés… Il y avait d’un côté des savants, des chercheurs, se préoccupant des progrès de la science, de l’autre des « techniciens », même si on ne les appelait pas encore ainsi : artisans divers qui maintenaient ou développaient des savoir-faire et des techniques dans toutes sortes de domaines… Mais les deux univers de la science et de la technique s’ignoraient, avec d’ailleurs une sorte de mépris réciproque : le fameux fossé entre les intellectuels et les manuels... En sorte que pendant longtemps les progrès scientifiques et les progrès techniques ont été en grande partie indépendants. Aux 16è et 17è siècles par exemple, il y a eu beaucoup de progrès scientifiques, mais pas grand-chose dans le domaine technologique ; il faut attendre le 18è siècle pour que naisse enfin une coopération entre sciences et techniques ; la première illustration en est la Grande Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, où savants et techniciens unissent leurs savoirs dans un ouvrage rassemblant les sciences et toutes les techniques connues alors… C’est en quelque sorte la naissance de l’ingénieur, sorte de synthèse entre les deux mondes : un intellectuel préoccupé de techniques… <o:p></o:p>
Visite du musée : On commence par le 2è étage, surmonté d’une superbe charpente du 18è siècle. Diverses salles présentent dans des vitrines le champ immense des techniques… Avançons dans ces nobles travées :<o:p></o:p>
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- l’astrolabe : cet instrument de forme cylindrique a été inventé plusieurs siècles avant JC : il permet de connaître la latitude du lieu où on se trouve, par l’observation de la hauteur des astres au-dessus de l’horizon. Il a été beaucoup utilisé par les Arabes. Il présente cependant un inconvénient important : il est quasiment inutilisable sur un bateau, car il exige une immobilité absolue ! D’autres instruments permettront de résoudre cette difficulté : l’octant et le sextant, dans lesquels on utilise un miroir qui renvoie une image que l’on doit faire coïncider avec un repère…<o:p></o:p>
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- Le laboratoire de Lavoisier : On y voit entre autres des balances d’une très haute précision ; en effet, Lavoisier a beaucoup travaillé sur les gaz, il a découvert l’oxygène. Par ailleurs, c’est lui qui a découvert l’explication de la combustion ; avant, on considérait que le feu était un des 4 éléments, avec l’eau, la terre, l’air… Lavoisier montre que, contrairement à une idée reçue, un corps ne s’allège pas en brûlant ! Les cendres sont plus légères que la bûche, mais si on pèse tout : le bois, mais aussi les gaz de combustion, le poids total reste le même, et rien ne se perd : c’est la loi de conservation des masses ; Lavoisier prouve que la combustion est une simple combinaison chimique avec de l’oxygène…<o:p></o:p>
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- Le système métrique : Avant la Révolution, il existait en France plusieurs unités de monnaie, ainsi que plusieurs systèmes de mesure ; le drap de Paris, le drap de Rouen, le drap de Lyon, n’étaient pas mesurées avec les mêmes unités ! D’où un frein important dans les transactions et des conversions fastidieuses. L’Ancien Régime connaissait ces difficultés et avait tenté sans succès d’harmoniser le système de mesure : il avait constamment échoué, en raison de vives oppositions de tous ceux qui avaient intérêt à conserver l’ancien système et qui, de toute façon, refusaient d’adopter le système du voisin… La grande idée des Révolutionnaires a été, pour mettre un terme à ces jalousies de clocher, de proposer un étalon à l’échelle de l’humanité : le mètre, défini comme une partie de la circonférence de la terre ! La mesure s’est faite par triangulation(1), entre Paris et Barcelone.<o:p></o:p>
- (1) la triangulation est basée sur le fait que, dans un triangle, si je connais un angle et l’un des côtés, je peux connaître la longueur des autres côtés. Donc, si dans la nature, je vise au loin un clocher dont je connais la hauteur, et que je mesure l’angle entre l’horizon et le sommet du clocher, je peux connaître la distance qui m’en sépare…<o:p></o:p>
- Vitesse de la lumière : Elle a été mesurée par Foucault, grâce aux instruments présentés au musée. Foucault fait passer sur un même miroir tournant très vite deux rayons lumineux : l’un direct, et l’autre réfléchi et ayant parcouru une plus grande distance. Il mesure l’angle fait par les deux rayons, et en déduit la vitesse de la lumière : un peu moins de 300 000 kilomètres par seconde…<o:p></o:p>
- Les machines de Vaucanson : Vaucanson est un spécialiste des automates ; à cette époque, des chercheurs essaient de reproduire les mouvements de la vie en fabricant des automates : jeune fille au piano, saltimbanque, oiseaux sifflant dans une cage… La seule préoccupation alors est de distraire la noblesse. Mais Vaucanson, le premier, a l’idée d’appliquer ces principes à l’industrie ; il observe que, sur les métiers à tisser, les artisans effectuent un grand nombre de gestes, mais toujours relativement simples et identiques ; et surtout, il voit que ces gestes n’ont rien d’intelligent, ils sont une simple succession de mouvements précis ; il voit aussi que de nombreuses erreurs se produisent : l’homme se trompe en oubliant un geste, ou en faisant deux fois le même, ou en se trompant dans l’ordre… Vaucanson imagine alors des machines, dans lesquelles tous les gestes sont automatisés, programmés par un rouleau perforé qu’il suffit de faire tourner à l’aide d’une manivelle : travail d’une qualité parfaite, travail plus rapide car si l’homme n’a que deux mains, la machine peut en avoir plus, plus rapide aussi car la machine ne se fatigue pas… Toute l’idée de notre moderne « robotisation » est déjà en marche… Mais Vaucanson va échouer, et ses machines vont être cassées par les ouvriers qui n’en veulent pas, voyant que là où il fallait dix hommes, deux suffiront désormais ! Rien de nouveau sous le soleil !…<o:p></o:p>