• Le Dernier monde, roman de Céline Minard, 2007

    Le dernier monde, roman de Céline Minard, 2007

     

    Ce roman au titre prometteur n’est qu’une triste ratatouille prétentieuse.  Je vais dire pourquoi... Le début est peu original mais séduisant : un astronaute vit dans une station spatiale qui tourne autour de la terre... Entretien courant, missions scientifiques diverses, il plane loin au-dessus du grouillement humain. Un jour, il reçoit l’ordre de revenir. L’ordre est impérieux et n’est assorti d’aucune explication. L’astronaute fait d’abord de la rébellion, puis finit par obéir. Mais à son arrivée sur la Terre, il découvre des paysages déserts : Villes et campagnes sont vides, véhicules abandonnés, grandes surfaces ouvertes à tout vent, sans nulle présence humaine. On sent une sorte de frisson d’angoisse, on veut savoir ce qui a pu se passer, on se demande quel malheur a donc fait disparaître la race humaine... On imagine avec terreur ce que doit ressentir alors un homme découvrant qu’il est seul sur la planète... Inimaginable, terrifiant, le suspense est insoutenable... On tourne vite les pages pour connaître la suite... et rien ! Ou plutôt un enchaînement tarabiscoté d’élucubrations de la part de l’auteur, qui a malheureusement étudié la philosophie, ce qui n’a pas arrangé sa capacité à rester claire et proche du lecteur. En fait, Céline Minard a commis ici l’erreur majeure et rédhibitoire du mélange des genres. Incapable de s’en tenir à un roman, elle prend le récit de départ comme prétexte à d’interminables divagations erratiques sur les mondes disparus déjà. Car avant l’aventure de ce cosmonaute seul sur terre, bien d’autres mondes ont disparu sur la terre : des civilisations anciennes par exemple. Du coup, on quitte le registre du roman pour tomber dans un long cheminement d’écriture par lequel le héros, traversant des contrées désertes, se livre à de lourdes évocations historiques, préhistoriques, paléontologiques, à travers d'interminables dissertations verbeuses. Et comme Céline Minard a fait de la philo, elle entrelarde le texte de « pensées profondes » qui ne sont, parfois, pas plus épaisses qu’un sandwich de TGV. C’est bourré de références culturelles, d’allusions littéraires, de rappels mythologiques, et l’on s’emmerde ferme à lire ce long récit bouffi, qui n’est finalement ni un roman, ni un traité de philosophie, ni un livre d’histoire, mais juste l’épanchement riche et complexe d’un auteur tourmenté et qui s’imagine sans doute que ses préoccupations confuses et touffues sont celles de tout le monde ! Et ce n’est pas en mettant ça et là un peu de cul ou de trivialité qu’elle augmente l’attrait de ce livre, vraiment chiant. Je ne résiste pas à vous en citer quelques extraits :

    « Il voit le cercle de Trrou Körrou qui microclimate en mêlant ses rêves de Toscane profuse aux souvenirs des jets d’eau de sa jeunesse ». « Vos chefs d’œuvre sont murés, ils tiennent aux murs, ils sont murés. Vous les archivez, monumifiez, vous les murez. Je sortirai Trrou Körrou de ce trou ! Vous savez par où nous sommes entrés, Waterfull ? Par Disneyland, votre culture est une bulle vide. On est entré par le restaurama, the world est un flunch ».

    Allez, je vous en remets une petite tranche à prétention philosophico-politique : « Le nouvel ordre est en place. La République humaine ne peut pas tenir dans un fortin isolé commandé par un seul homme. Fût-il un tyran inspiré par les meilleures figures historiques, fût-ce dans un fortin chargé des guerres du Chaco et du Paraguay indépendant ».... Vous en voulez encore ? Bon, je vous mets cet échantillon de charabia : « L’homme est sa puissance destructrice extériorisée en particule, nous sommes une projection de son thanatos de monstre, version miniature condensée, une condensation de son angoisse... ». Un petit tour, pour finir,  dans le dégueulasse : « Il dut trouver des toilettes en urgence. La lunette était en peluche. Il eut un haut-le-cœur à l’idée des culs qui s’étaient posés là et préféra se soulager sur le ciment ciré de la baignoire. Il n’apprécia pas l’odeur de sa merde : trop aigre. Il haussa les épaules et recouvrit ses déjections d’un monceau de papier toilette pure ouate ».

    Je pourrais continuer encore longtemps avec ce fatras indigeste et lourdingue, mais je ne veux pas gâcher votre lendemain de Noël. 450 pages comme ça, moi je supporte pas !...

    Ma conclusion : Le dernier monde, par Céline Minard, est un bouquin à oublier, il faut le laisser aux boutonneux ou aux intellos dont l’ivresse est celle des mots qui tournent à vide, en boucles abstraites,  aussi savantes que prétentieuses et emmerdantes ! Comme on est loin ici du talent limpide et lumineux d’un Zola ou d’un Maupassant !... C’est Noël, mais ce bouquin, franchement, c’est pas un cadeau !


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