• LE CHRYSANTHEME

     

    Le chrysanthème ne poussait pas au jardin de mon enfance. Cette fleur m'est pourtant familière ; notre voisin la cultivait, en professionnel ; on habitait en face du cimetière. A la Toussaint, les pots de fleurs envahissaient les trottoirs ; levé tôt, notre voisin frottait ses mains pour les réchauffer sous la bise de novembre ; les gens passaient, silencieux et engoncés dans d'épais manteaux, une écharpe autour du cou, s'arrêtaient gravement, emportaient un chrysanthème, puis allaient au cimetière, le déposer sur la tombe d'un être cher, dans un recueillement lourd et silencieux. La mort, le souvenir, je ne savais pas trop ce que cela voulait dire. Et ce n'est bien plus tard que j'ai compris le sens de ces mots, et qu'alors j'ai écrit ce petit poème sur le chrysanthème :

    Tu n'as pas la beauté ni l'éclat d'une rose

    D'une larme furtive parfois on t'arrose

    Quand novembre fleurit sur les tombes de pierre

    Où dorment pour toujours ceux qu'on aimait hier.

    Tu n'as pas la beauté ni l'éclat d'une rose

    Je t'effleure pourtant de mes deux lèvres closes

    Car avec nostalgie, oui toi, le chrysanthème

    A ceux qui ne sont plus, tu dis encore je t'aime.


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