• L'Imposteur - François Marchand - 2009 -

     Vous connaissez la fameuse question : - Quel livre emporteriez-vous avec vous sur une île déserte ?... Beaucoup répondent La Bible, Le Bottin, Les Oeuvres complètes de Maurice Thorez en douze volumes, ou quelque autre gros ouvrage chiant du même genre, bourré de balivernes pour esprits enfiévrés et crédules.  Moi, sans hésiter, j’embarquerais dans ma valise l’Imposteur, fabuleux et court roman de 135 pages, écrit par François Marchand. L’ouvrage explose d’humour, pétille d’intelligence à chaque ligne, et porte un regard désabusé et lucide sur la nature humaine et sa crapulerie profonde, en particulier dans le monde feutré des bureaux de l’administration. Tout y passe : la perversion des valeurs morales, l’incompétence des syndicats, le j’m’en foutisme des fonctionnaires, l'âpreté au gain… Quelle est l’histoire ? En voici les principaux éléments que je peux vous donner, sans tout vous dire pour autant : le narrateur, qui a passé une vague maîtrise à la fac, est fermement décidé à ne rien foutre. Il fait comme tous les bénéficiaires du RMI, c'est-à-dire qu'il passe son temps à déjouer tous les pièges des entretiens en vue d’une éventuelle embauche, afin de continuer à ne pas travailler. Or un jour, il trouve dans son courrier une lettre qui ne lui est pas destinée. Elle est adressée à un certain Charles Legrandin, un voisin qui habite en fait une maison située une vingtaine de mètres plus loin… Le narrateur, cédant à une indiscrète curiosité, ouvre l’enveloppe : elle contient la nomination de Legrandin dans un poste de directeur des relations professionnelles au sein de l’administration centrale. Le narrateur referme soigneusement l’enveloppe, puis se rend chez son voisin pour lui remettre le courrier. Or, dans le jardin, il découvre… le cadavre de Legrandin !... C’est alors qu’une idée folle germe dans l’esprit  du narrateur… Et le lendemain, muni de la lettre de nomination, et avec la complicité de la veuve, il se présente dans les bureaux de l’administration et, se faisant passer pour Legrandin, il prend les fonctions de directeur. Il s’aperçoit très vite qu’il n’est nullement besoin d’être compétent ni de travailler, mais seulement de jouer sur les vices et les turpitudes humaines pour s’en mettre plein les poches, ce qu’il fait en virtuose en accumulant des millions d'euros en pots de vin ! Ce roman est absolument féroce à propos des comportements humains. On y voit parfaitement comment sont mis à l’écart les gens sérieux et compétents, au profit des crapules qui ont un avantage notoire, celui de couvrir les crapuleries des autres !… Mais comment tout cela finira ?... En fait, ça n’a aucune importance. Le principal est cette description au vitriol de l’ambiance des grandes administrations ! Mais attention : on trouverait la même crapulerie sur les chantiers, dans les usines , les centres commerciaux ou les boutiques, partout où il y a des hommes ! Je le répète : intelligence, humour, et belle écriture, incisive, lucide, vive et claire… A lire absolument, et d’abord par ceux qui s’imaginent que l’honnêteté professionnelle est une qualité !... Un roman ? Non, un livre époustouflant ! Et tout ça pour 13 euros seulement, aux éditions du Cherche-Midi… Vous n’allez quand même pas chipoter pour ça, tout de même ! Courez chez votre libraire, vous verrez, vous me remercierez !...Bonne lecture !

    Bio : On sait peu de choses sur l’auteur, sinon qu’il a travaillé pendant une quinzaine d’année au sein de l’administration. Il a donc eu tout le temps d’observer les mœurs des bureaucrates !  A noter : il a publié en 2010 un autre ouvrage, qui semble être aussi percutant : Plan social, aux éditions du Cherche-Midi. J’espère qu’il y aura quelqu’un pour me l’offrir rapidement ! Le Père Noel peut-être, mais c’est encore loin !!!...


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