• Je suis un monstre, par Jean Meckert, 1952

    Un mot d'abord sur l'auteur, Jean Meckert. Il est né en 1910. Son père, un anarchiste, déserte l'armée en 1917, et se met à la colle avec une maîtresse.. La mère de Jean Meckert réagit au départ de son mari en affirmant qu'il a été fusillé pour l'exemple. Bonjour l'ambiance familiale !.. D'autant plus que cette mère abandonnée devient cinglée, et est internée au Vésinet, tandis que le petit Jean Meckert est confié à un orphelinat, d'où il gardera des souvenirs lancinants de faim, de froid, d'abandon, ainsi que la haine de l'enseignement religieux... Pas de hautes études littéraires... Rien que des petits boulots... Et puis l'écriture s'empare de lui... Il écrit une oeuvre vivante, humaine souvent désabusée et cruelle... Il prendra le pseudo de Jean Amila pour écrire d'excellents polars dans la Série Noire de Gallimard. Un auteur méconnu, à découvrir absolument... 

    "Je suis un monstre" est un roman dont la trame se déroule peu après la fin de la seconde guerre mondiale, en Savoie, dans un internat éducatif pour adolescents  :"Les Aiglons".  Cette époque est celle du communisme triomphant, mais aussi d'un anticommunisme féroce. Cette opposition se retrouve aux "Aiglons", exacerbée par la fougue idéaliste de l'adolescence.. Un soir, un pensionnaire, Claude,  est retrouvé mort en forêt. Le héros du roman, Narcisse, un éducateur, sait que Claude a été tué par plusieurs camarades anti-communistes. Mais il décide d'abord de maquiller ce meurtre en accident. Cela évitera d'enclencher un cycle inexorable de vengeance. Le directeur privilégie aussi la thèse de l'accident, afin de préserver la réputation de son établissement... Pourtant Narcisse, un intellectuel froid, solitaire, et qui se décrit lui-même comme un "monstre" prend peu à peu conscience qu'il ne peut rester complice d'un crime...La colère gronde et la violence grandit entre les tenants de l'accident et ceux du meurtre...

    Ce roman, publié en 1952, marque un tournant dans l'écriture de Jean Meckert. Lui l'écrivain des hommes soumis, écrasés, laminés par la vie, devient enfin l'écrivain de l'homme révolté...

    Terminons en citant deux romans que j'ai particulièrement aimés : "La Lune d'Omaha" et "La Marche au canon", tous deux publiés sous le pseudonyme de Jean Amila. 


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