• Voici un petit roman léger et badin. Pas de la grande littérature, mais un style incisif et primesautier, pour cette petite histoire de famille de 165 pages. Garance la narratrice, Lola sa soeur aînée, et leur frère Simon sont invités à un mariage. Et un mariage c'est toujours une épreuve épouvantable : tout le monde fait une gueule de circonstance, la joie factice éclate, on porte des tenues bouffies de ridicule, et puis on rencontre le ban et l'arrière ban des familles,  ces gens chiants  et sans intérêt au milieu desquels on s'emmerde grave autour de la jeune mariée, casée désormais et dont on espère qu'elle fera une bonne pondeuse très bientôt... Et puis, il y a la femme de Simon, Carine, une femme évidemment chiante, que Garance ne peut supporter....  Garance, Simon et Lola attendaient aussi Vincent, le frère cadet, mais celui-ci prévient qu'il ne pourra venir... Alors, juste avant la cérémonie, Garance, Simon et Lola décident de s'échapper ! Ils quittent brutalement le mariage, sans prévenir, et en voiture, s'en vont rejoindre leur jeune frère Vincent, dans le vieux château qu'il tente de restaurer.... Une échappée belle familiale et joyeuse, mais aussi empreinte d'émotion, dans ces retrouvailles fraternelles, qui font oublier, un court instant, que la vie nous sépare... Bref, sous le vernis léger et rigolo du récit, se cache un propos plus grave, l'évocation du bon vieux temps, et des ces moments qu'on a partagés et qui ne reviendront plus... ça valait bien la peine de quitter le troupeau des mariés, des belles-mères chiantes et de tout le tralala ! On se fera mal voir dans la famille, ça n'a pas fini de faire jaser, mais on s'en fout !...


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  • Vu d'aujourd'hui, on a du mal à imaginer qu'un tel bouquin  puisse recevoir le prix Goncourt ! L'Araigne, c'est une histoire vieillotte et poussiéreuse : Gérard, un intello boutonneux qui passe sont temps entre la lecture, les traductions et les projets d'écriture,  vit avec ses trois soeurs, Luce, Elisabeth et Marie-Claude. Elles forment pour lui un cocon où il voudrait vivre toujours... Mais il y a la vie, ses nécessités, ses vicissitudes : Luce se marie, au grand dam de Gérard, qui se console pourtant : il lui reste deux soeurs, il n'est pas seul... Gérard n'est pas comme les autres hommes, car il ne parvient pas à être amoureux... Ce n'est pas qu'il n'en soit pas capable et qu'il n'en ait pas envie, c'est qu'il est profondément lucide. Les autres hommes ne voient pas la réalité : ils couchent avec des filles qui pourtant sentent mauvais, ont sur un sein un grain de beauté hérissé de trois poils, elles sentent la sueur, et quand on les embrasse, on perçoit dans leur bouche des odeurs mêlées de tabac et de mangeaille ! Or, tandis que les autres, anesthésiés par l'amour, ne sentent rien, lui Gérard sent tout, et ça le dégoûte ! Si une fille se colle contre lui, il pense immédiatement à une carcasse de viande chez le boucher ! Il voit les nez qui brillent ou qui coulent, les collants filés, les peaux blêmes, les maquillages loupés.. De même, il ne comprend pas le conformisme social, le faux bonheur des mariés, imaginant avec dégoût leur promiscuité à base de linge parfois douteux, de sécrétions et de bruits divers... Enfin, rien ne lui fait tant horreur que les nourrissons devant lesquels tout le monde s'extasie, alors qu'il n'y voit, lui, Gérard, que des larves rouges qui bavent et sentent le lait aigre des rots.... Comment être heureux en étant ainsi lucide ? Telle est la question posée ici, et, plus largement, quand on ne partage pas ce qui fait le ciment des autres??? ... Et comme la vie continue, Elisabeth, une autre soeur, se marie, au désespoir de Gérard. Mais lorsque sa  troisième soeur, Marie-Claude veut convoler à son tout, Gérard décide de passer à l'attaque : tout faire pour empêcher ce mariage, tout faire pour garder sa soeur Marie-Claude auprès de lui, car il se sait condamné à la solitude, dans ce monde qui ne lui offre qu'une réalité sordide, sale et poisseuse.. Mais comment va-t-il lutter ? Y parviendra-t-il ? C'est ce que je ne vous dirai pas, vous laissant le soin de le découvrir en lisant l'Araigne... Pour ma art, je n'ai guère apprécié cette histoire : trop de pesanteurs sociales, des sentiments amoureux compliqués par la bienséance de l'époque, des tourments infinis pour seulement prendre la main d'une femme... tout ça sent le renfermé, les pièces trop sombres, les papiers peints à fleurs, les femmes alanguies et dépressives, simples objets domestiques, dont la seule raison de vivre semble être de trouver un mari et de fonder une famille pour pondre des héritiers dans la dignité !!! Lourd, triste, chiant...


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