• Je vais dire du bien de cet ouvrage, et pour une fois ça me gêne un peu : je connais en effet personnellement l'auteur de "Dynamique de groupe" et je crains, de ce fait, d'être taxé de partialité ! Vous voyez, je joue franc jeu ! Et c'est bien sincèrement que j'avoue avoir été bluffé par ce roman qui a quelque chose à la fois de profondément vrai et de terrifiant. Profondément vrai, car j'ai reconnu au fil des pages nombre d'aspects de ces fameux stages de "dynamique de groupe" auxquels j'ai moi-même participé... Le tutoiement imposé, faussement convivial, l'inquisition psychologique de l'animateur, sorte de gourou proche de la nature et confectionnant lui-même son pain dont il distribuait des tranches aux participants, tensions  insoutenables entre les stagiaires, effroyable pesanteur de certains silences.... Mais dans son récit, Alain Mourgue va plus loin, et c'est là qu'on atteint le terrifiant. Il montre le noyautage de certains organismes de formation par des mouvements sectaires aux comportements asociaux... Ici, sous prétexte d'une nécessaire transgression des règles communes par les futurs chefs, les stagiaires, dans le cadre de leur formation managériale de haut niveau,  sont invités à "prendre possession" du corps de la jeune Blandine, 14 ans, fille du Directeur du Centre de formation, mise par son père à la disposition de l'animateur et du groupe... Bien entendu, la consigne est de ne pas déraper, mais l'exercice pédagogique va tourner à la partouze, tandis que trois stagiaires refusent de cautionner la démarche et quittent le centre en claquant la porte. Curieusement, après la fin du stage, deux des stagiaires qui avaient refusé de participer à l'exercice sur Blandine et qui avaient quitté le centre, sont victimes d'accidents mortels. Quant à la jeune Blandine, on la retrouvera pendue à une poutre quelques années plus tard ; une rapide enquête conclura au suicide, consécutif à un été dépressif... Ce récit n'est malheureusement pas publié en librairie  et donc je vous invite à chercher sur internet le nom de l'auteur ou le titre de son oeuvre... Le roman lui-même est bâti de façon très adaptée au sujet, puisque, à la place des traditionnels chapitres, on trouve les interventions des différents stagiaires, un peu comme dans ces "tours de table" pratiqués dans les séminaires. Cette écriture donne au récit une vraisemblance extraordinaire, dans une progression dramatique qui nous met mal à l'aise, et c'est tant mieux ! Bravo Mourgue !...

    Biographie : Alain Mourgue est natif du centre de la France. Il fut mon condisciple pendant trois années mémorables au centre de formation des cadres d'une grande entreprise publique. Après une carrière au cours de laquelle nous nous sommes furtivement croisés entre deux stages, deux immeubles ou deux salles de réunion, il s'est lancé avec brio dans l'écriture. Dynamique de groupe n'est pas son seul ouvrage. Il y a aussi un texte sur la Bête du Gévaudan, ainsi qu'un roman policier dont l'action, une fois encore, se passe dans le centre de la France, une région chère à l'auteur. Quand j'aurai retrouvé ces textes, j'en indiquerai les coordonnées.


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  • Voici ce qu'on pourrait appeler un classique de la littérature contemporaine. Mais c'est plus que ça : c'est un roman noir, tout autant qu'un roman d'amour. Mais attention, il ne s'agit pas ici de l'amour à l'eau de rose des rêves des jeunes filles, décidément incorrigibles. Non. il s'agit ici de l'amour-passion, avec cette fatalité que l'on trouve si bien décrite dans les tragédies de Racine : la passion entraîne d'une manière inéluctable, dans une chute que rien ne saurait arrêter... C'est ce qui se passe ici : Franck est un type ordinaire, banal, un peu feignant, genre rmiste avant la lettre et sans le rmi, ce qui rend son existence bien précaire...  Il arrive, ou plutôt échoue dans une auberge  : La "Taverne des Chênes Jumeaux" tenue par un Grec, Nick Papadakis, sorte de costaud obtus et borné mais bosseur. Et, chose prévisible, Franck tombe amoureux dingue de Cora, la femme du Grec. Cette passion semble réciproque, sauf que Cora est une femme qui n'a pas la candeur de Franck ! Usant de son charme, la rouée ( c'est une femme !) va abuser de son pouvoir pour entraîner Franck vers le meurtre de son mari Nick... Le drame va ensuite s'effacer en apparence... puis rebondir, au détriment encore de Franck : malgré tous les assauts dont il honore la belle Cora, c'est bien lui le baisé de l'histoire ! à lire ou à relire sans complexe...


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  • Décidément, les bonnes lectures sont aussi rares que les pépites dans un champ aurifère ! Il faut en remuer des tonnes pour trouver enfin un peu d'or... Il faut donc lire des tonnes de bouquins pour dénicher le bon livre ! Autant dire que "La Fille d'Hô-Chi-Minh-Ville"  ne fait pas partie du Pactole de la littérature ! Encore un navet, un de plus ! L'histoire tient tout à la fois de la bluette misérabliliste, du psychodrame nombriliste, et d'une histoire de cul abracadabrantesque, lisez plutôt : Ben, un vétéran américain qui a combattu au Vietnam, a survécu à cette guerre et est retourné vivre aux USA en 1967. Bien des années plus tard, il retourne au Vietnam, essayant de retrouver les lieux qu'il a connus pendant la guerre. Il se rappelle aussi une liaison qu'il a eue alors avec Kim, une hôtesse de bar... Or voici qu'au cours de ce voyage dans le passé, il rencontre une toute jeune Vietnamienne de 26 ans, guide touristique, nommée Tien. Coup de foudre réciproque. La chose nous est racontée dans des chapitres qui font alterner la narration par Ben, et la narration des mêmes faits par Tien. Malgré le romantisme bleu et rose du Grand Amour tant vanté par la morale et par la conseillère-sexe de RTL, les deux partenaires en viennent très vite au cul, ce qui donne lieu à des copulations d'abord précautionneuses puis effrénées, et aussi à d'interminables  confidences sur l'oreiller, confidences au cours desquelles, peu à peu, une terrible vérité se fait jour : Tien est la fille de Ben, qu'il a eue sans le savoir de sa liaison avec Kim ! Ô terrible révélation! Ô situation tragique à l'antique !... Mais le papa et sa fi-fille, malgré des semblants de doutes, des hésitations superficielles, des scrupules pour la forme, n'en continuent pas moins leurs étreintes passionnées ! Quelle littérature à la con ! Encore plus invraisemblable que la collection Harlequin, pire qu'un feuilleton de Nous Deux ! Ah si, pourtant, j'ai appris grâce à ce roman que "bite", ça se dit "ngoc-hàn" en vietnamien ! Avouez-le : ça vous en bouche un coin, si j'ose dire !!!...

    Bio : Robert Olen Butler est un auteur contemporain né en 1945 aux USA, dans l'Illinois. Il est parti en 1971 au Vietnam où il a travaillé comme interprète pour l'armée américaine. Il vit aujourd'hui en Louisiane, où il enseigne la littérature. Au cas où ça vous tenterait, malgré ma critique, il a écrit également d'autres romans : "Un doux parfum d'exil", "Etrange murmure", "La Nuit close de Saïgon", tous trois publiés en collection de poche...


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  • Jacqueline de Romilly est professeur de grec ancien. Et même, elle a été élue à l'Académie Française en novembre 1988, au fauteuil  d'André Roussin. On peut donc  tresser une couronne de laurier à cette femme si cultivée... Mais Molière nous enseignait déjà de nous méfier des femmes savantes. J'ai voulu lire son bouquin intitulé Hector... Je m'étais dit qu'avec le concours de cette femme instruite j'allais enfin comprendre quelque chose à l'Iliade, ce fabuleux ouvrage que personne ne lit et auquel ceux qui se hasardent à le lire n'y comprennent rien ! Hélas, hélas, hélas, les connaissances de Jacqueline de Romilly n'éclairent en rien le lecteur moyen que je suis ! Hector n'est qu'un bouquin illisible, un truc érudit , un ouvrage de spécialiste pointu. En clair, l'auteur ne nous parle pas de L'Iliade ni d'Homère - ou si peu. Elle met le projecteur sur un seul personnage : Hector ! Vous imaginez ? ... Elle néglige Andromaque, elle ne dit rien d'Agamemnon, passe Pâris sous silence, ne pipe mot d'Hélène... Rien non plus sur le bouillant Achille ! Pas davantage sur Patrocle, sur Priam, sur Ménélas, rien, je vous dis... que dalle ! Et tout sur Hector, distillé, analysé, disséqué, épluché à longueur de phrases, pendant 280 pages ! Cette démarche intellectuelle est le contraire même de la culture, c'est de l'érudition chiante, dont doivent  se délecter quelques hellénistes, forcément distingués ! Quant aux autres, eh bien ils sont comme moi, ils continuent à ne pas comprendre grand-chose à l'Iliade, et c'est fort dommage ! Dans mes rêves les plus fous, j'espère qu'un jour Jacqueline de Romilly voudra bien descendre de sa chaire sorbonnarde, pour nous livrer une traduction moderne de l'Iliade, en français contemporain ! Peut-être ça donnerait un dialogue comme celui-ci :

    Hector : - Viens t'battre Achille, eh bouffon !

    Achille : - Qu'est-ce t'as, l'bâtard ?

    Hector : - Approche, eh, fils de pute !

    Achille : - T'as un blème ? attends j'vais te niquer la gueule !

    Hector : - Même pas cap, sale  Achéen de mes deux !

    Achille  : - J'vais chercher mes potes de la cité, t'vas voir ta gueule, pauv Troyen !

    Hector : - Casse-toi, pauv'con !... (Toute ressemblance avec les propos d'un président de la république française ne peut être que fortuite)...

    Certes, là j'ai grossi le trait jusqu'à la caricature ! Mais bon, un petit effort, Jacqueline de Romilly !... L'Iliade, ça en vaut la peine ! Mais de grâce, halte aux ouvrages pédants !...


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  • Il est rare d'écrire un roman à l'âge de dix-huit ans et de mourir à vingt ans. C'est pourtant  ce qu'a fait Raymond Radiguet. Et il avait tout juste seize ans quand il écrivit "Le Diable au corps". Pourtant la jeunesse et la précocité ne sont pas toujours les gages d'un talent affirmé et durable ; "Le Bal du Comte d'Orgel" fait partie de ces oeuvres que l'on salue, et que pour ma part je range dans la catégorie des bouquins chiants et terriblement vieillis. L'histoire ne présente pas le moindre intérêt : on est chez le comte d'Orgel, un riche oisif comme il y en eut tant, flanqué d'une femme obéissante et soumise comme il y en eut tant également. Le comte se prénomme Anne mais n'est pas homosexuel ; sa femme Mahaut  s'ennuie, comme toutes les bonnes femmes oisives et soumises de cette époque du début du vingtième siècle ... ça rêvasse, ça pense au cul bien sûr, même si ça ne dit jamais le mot (quelle horreur !), ça bavasse au salon au sujet de futilités telles que les aiment les imbéciles friqués, bref,  Mahaut s'emmerde dans l'hôtel particulier où elle habite, flanquée d'une palanquée de valets de pied, de chauffeurs, de cuisiniers... Et bien entendu, Mahaut va s'éprendre de François, un ami du comte... Si l'histoire se passait de nos jours, une salutaire copulation aurait apaisé dès le lendemin les inévitables tensions résultant du désir sexuel et de l'émoi amoureux. Mais là, on sent que la passion charnelle est un péché mortel ! Alors les personnages se fouaillent l'ego, se torturent moralement et physiquement, nient qu'ils soient amoureux, souffrent, culpabilisent pendant des pages et des pages interminables... On pleure, on a des vapeurs, on s'évanouit !... Le tout écrit dans un style lourdingue et complètement dépassé, truffé d'imparfaits du subjonctif : il ne rigole pas avec la concordance des temps, Raymond Radiguet !... Voici un petit extrait  grapillé pour vous au fil de ma lecture : "Comme d'autre part il craignait que ses amis ne voulussent point venir si ce n'était pour Mme de Séryeuse, il inventa que sa mère serait contente de les voir et de fixer le jour. La veille de ce rendez-vous postiche, il dormit chez les Forbach afin que les Orgel vinssent le prendre en auto."... Et  je ne résiste pas au plaisir pervers de vous offrir le morceau de bravoure que constitue la fin, qui mériterait de figurer dans une anthologie du style pompier début de vingtième siècle : "Debout dans le chambranle de la porte, Anne était beau. N'accomplissait-il pas un devoir d'une frivolité grandiose, lorsque, sortant à reculons, il employa, sans se rendre compte, avec un signe de tête royal, la phrase des hypnotiseurs : - Et maintenant, Mahaut, dormez ! Je le veux." Allez, trouvez autre chose... On est en août, en pleine période de vacances ! Ne les gâchez pas avec le Bal du Comte d'Orgel. Il y a mieux à lire...

     


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