Par Robertcri
Les Oubliés de la Somme, récit historique et documentaire de Pierre Miquel – 2002 –
Le grand Bossuet, prénommé Jacques-Bénigne (prénom pas plus stupide que le Kevin des classes populaires de rattrapage et autres caprices de parents incultes), fut évêque de Meaux au 17è siècle ; il a écrit plein de choses que vous n’avez jamais lues, et c’est dommage, car vous y auriez trouvé cette belle phrase : « La guerre est une chose si horrible que je m’étonne comment le nom seul n’en donne pas l’horreur. »… Hélas, cette citation, que chacun devrait graver en son cœur, a été bien oubliée pendant la guerre de 1914-1918… De juillet à novembre 1916, un million de soldats britanniques, allemands et français, tombent, morts ou blessés, dans la boue du front de Somme. La bataille de la Somme est le Verdun des Anglais, mais pas que. Car nombreux aussi furent nos soldats massacrés du côté d’Amiens. Mais les Français l'ont oubliée, cette bataille de la Somme, comme si l'on avait honte des deux cent mille poilus tombés dans la plaine picarde. Pierre Miquel, grand spécialiste de la Grande Guerre, érudit (et pas chiant, ça c’est rare !) a retrouvé la trace de ces oubliés de la Somme dans les archives militaires. Ils ont fait la pire des guerres, se battant contre des forteresses imprenables, sans autre résultat que d'alimenter la stratégie d'usure, monstrueuse conception des états-majors de l'époque, qui ne cherchaient plus la victoire que dans l'anéantissement de l'adversaire. Les pertes de la bataille ont eu pour conséquence le limogeage de deux illustres généraux français, Joffre et Foch, comme de l'Allemand Falkenhayn. Seul l'Anglais Douglas Haig a tiré son épingle du jeu, parce qu'il avait réussi à faire combattre et mourir ensemble les soldats volontaires de l'armée nationale et les professionnels des régiments du roi. Pas de pitié pour les poilus de la Somme, soumis aux plus rudes épreuves, sous la pluie glacée d'un été pourri et d'un automne mortel. Ni gloire ni victoire, la boue de l'oubli, l'ensevelissement dans les creux de la mémoire, après la craie de Picardie. Il était temps qu'on les réveille, ces soldats d'une morne et dure bataille, celle dont préfère ne pas parler. Je suis allé à Péronne, un des hauts lieux de cette terrible bataille de la Somme. On peut (et l’on doit) y visiter l’Historial de la Grande Guerre… 96 ans après, dans la région, on voit encore les vestiges de cette boucherie, sous la forme des tranchées encore visibles, et des innombrables cratères laissés par les obus dans une terre qui en reste, encore aujourd’hui, ravagée… Et partout, on voit çà et là, les couronnes de coquelicots que les Anglais apportent encore de nos jours pour honorer la mémoire de leurs morts… Allez voir enfin la petite commune de Thiepval (dans la Somme). Elle ne compte que 116 habitants, mais sur le gigantesque mémorial, sont gravés les noms des 72 000 soldats britanniques tombés ici en 1916 et dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Une horreur dont il faut se souvenir, pour en éviter à jamais le renouvellement… Les Oubliés de la Somme, de Pierre Miquel, un livre à lire absolument. Pendant que vous y êtes, jetez aussi un coup d’œil aux Œuvres de Bossuet, ça vous fera pas de mal ! Cherchez un peu sur Google, et vous trouverez !
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