Par Robertcri
Et si on mêlait tout à la fois l'Histoire, le fait divers, le drame et l'aventure ?... Chiche ?... Alors ouvrons ce livre "Les Fiancées du Cap Ténès". Oui, vous allez me dire que ça ne fait pas très littéraire, ce n'est pas un très bon titre pour le Prix Nobel de littérature ! Certes, j'en conviens, mais la lecture n'exige pas forcément que chaque livre soit primé ! Franchement, je pense qu'on s'ennuierait souvent en lisant uniquement les bouquins distingués par des jurys composés de vieilles badernes racornies, pédantes et séniles !... "Les Fiancées du Cap Ténès" raconte une bien étrange histoire, qui commence ainsi : Le 23 ventôse an 5 (Je vous laisse chercher dans votre culture personnelle à quelle date exacte ça correspond, le premier qui me répond gagne mon estime, c'est un beau cadeau, ça, non ?), le 23 ventôse an 5 donc, je le répète, le ministre français des Affaires Extérieures, Talleyrand, reçoit une lettre du citoyen Dubois-Thainville, chargé d'affaires à Alger. Ce courrier dit ceci : "Le vaisseau Le Banel portant 200 marins, 329 militaires et 9 femmes, ayant à son bord des munitions de guerre, s'est perdu le 19 nivôse sur les côtes de Barbarie, à l'ouest du cap Ténès. Les rapports qui me sont parvenus sur cet événement me font frémir.Les habitants des contrées où le naufrage a eu lieu ont employé les moyens les plus barbares pour s'opposer au salut des Français. Ceux qui ont échappé à la fureur de la mer ont été dépouillés, assassinés ou traînés impitoyablement dans les montagnes. Leurs cadavres sont encore étendus sur le rivage et sur la route d'Oran. Cinq femmes, selon les rumeurs, sont aux mains des Cabaïles."...
Ainsi débute l'extraordinaire aventure de cinq femmes rescapées du naufrage. Recueillies par leurs ravisseurs, elles sont vendues aux plus offrants des montagnards. Elles comprennent vite qu'elles sont à peu près oubliées de la France et que nul ne viendra jamais les secourir. Elles vont alors choisir d'accepter leur destin et d'y faire face dans un pays si différent du leur. Une des femmes, naguère blanchisseuse à Toulon, séduira le dey d'Alger. Deux autres se marieront, l'une à un cultivateur, l'autre au fils d'un émir. L'aristocrate du groupe, Hélène de Courtavray, deviendra la première enseignante française en Algérie. Parmi ces femmes, il y avait aussi une religieuse, Jeanne, elle deviendra guérisseuse et fera partie des sages du village ; son nom est encore vénéré de nos jours en Algérie... C'est cette incroyable épopée que nous raconte l'auteur, l'histoire de ces femmes, naufragées, rescapées puis captives, qui ont fait le choix de la vie et de l'amour coûte que coûte. Mais au-delà, ce livre en apparence modeste, montre comment des civilisations différentes peuvent finalement s'accorder et s'enrichir de leurs différences. Un bon bouquin, un bon moment de lecture pour les soirées qui commencent à être bien fraîches... Et puis, une de mes fidèles lectrices, que j'avais un peu déçue voici quelques jours, sera ravie d'apprendre que je ne dénigre pas systématiquement tous les romans historiques ! Voilà, il fallait que ce fût dit, elle se reconnaîtra !
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