Par Robertcri
Le tourniquet des innocents, roman de Roger Ikor, 1972
Ce roman de Roger Ikor nous raconte une histoire qui relève à la fois du roman, du documentaire historique et de l’autobiographie. Oui, tout ça à la fois. Le livre est un roman, qui raconte l’histoire d’une famille honorablement bourgeoise : père prof agrégé de lettres au lycée, mère de formation universitaire, mais qui, évidemment, reste à la maison pour élever les cinq enfants dont le couple est très fier. Enfants qui sont en plein dans la tourmente soixante-huitarde, et qui n’ont à la bouche que des mots et des expressions stéréotypées : Révolution, abattre la bourgeoisie, lutte contre les trusts et le grand capital... et tout ça bien sûr au bistrot, avec le pognon de papa-maman, pendant que les quelques fils d’ouvriers inscrits au lycée, eux, travaillent !... Ce roman est aussi un documentaire, en ce sens où il nous plonge dans cette période originale autour de mai 68, et où, à l’occasion de cette révolte estudiantine et lycéenne, on découvre en arrière-plan et en écho le combat et la révolte du père professeur, du temps de sa jeunesse, lorsqu’il prend part au combat antifasciste et aux sanglantes manifestations parisiennes de février 1934... Enfin, ce livre est également largement autobiographique : Roger Ikor était en effet prof de français au lycée Condorcet, et, comme monsieur Jourdedieu, le prof héros du livre, il a eu un fils qui a mal fini, très mal... Notons également à propos de ce roman, qu’on y perçoit très nettement les évolutions de notre société, en particulier dans les relations entre parents et enfants, dans les relations entre les profs et les élèves, entre les relations garçons/filles. Et de nombreux comportements, décrits comme modernes par l’auteur, en 1972, nous semblent aujourd’hui complètement dépassés, vieillots, surannés... Il reste pourtant un aspect qui reste toujours d’actualité : le difficile dialogue entre parents et enfants, avec des problèmes tels que cela peut aboutir au drame...
Bio : Roger Ikor est un écrivain français né en 1923 et mort en 1986. Professeur de français au lycée Condorcet et au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, il obtient le Prix Goncourt en 1955 avec son roman Les Eaux mêlées. Durement frappé par le suicide de son fils, victime de la secte Zen Macrobiotique, à l’âge de 20ans, Roger Ikor s’engagera dans un combat impitoyable contre les sectes. Auteur quelque peu oublié de nos jours et c’est bien dommage... Même si je ne suis pas un inconditionnel de toute son œuvre. Lisez-le.
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