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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

Le Miasme et la jonquille, par Alain Corbin, 1982

Attention, Le Miasme et la jonquille est un livre documentaire et intelligent ! Ne convient pas à tous les cerveaux : footeux et amateurs de séries Netflix s'abstenir ! ... L'auteur, Alain Corbin, est un historien spécialiste des sensiblités au 19è siècle.  Dans cet ouvrage, il nous raconte comment on est passé lentement d'un monde de puanteur à un monde désodorisé. La révolte (timide) contre la puanteur, débute vers 1750. Jusqu'alors on s'accomode de la puanteur (le miasme), de la crasse, des immondices, des ordures, des excréments : on répand sa merde dans les rues, on pisse partout dans la ville, on met les malades à  trois ou quatre par lit, on dort à la campagne en compagnie des vaches et des poules, et bien entendu, on ne se lave pas, ou si peu !... Il y a même un amour de l'immondice, notamment en France : le lobby des vidangeurs s'oppose longtemps au tout-à-l'égout, car ce serait priver d'emploi les vidangeurs, et puis quel dommage d'envoyer la merde dans des égouts : c'est un gaspillage honteux d'un engrais qui se vend bien : l'argent n'a pas d'odeur !!!... Le vidangeur se cramponne à la merde !... Les savants alors analysent les diverses puanteurs, le grand médecin Bichat analyse même ses pets !!!.. et puis, lentement, l'hygiène apparaît, très lentement ! Du miasme putride, on va passer à la délicate jonquille... Et ce n'est pas de la tarte : Quand on invente la cuvette des WC, il faut apprendre aux gens à s'y asseoir car ils ne le font pas... et grimpent sur la lunette au-dessus de laquelle ils s'accroupissent !...  Puis, peu à peu, on commence à s'insurger, notamment contre les mauvaises odeurs du corps et de la merde... Par contre, on ne s'insurge pas encore contre les fumées industrielles, ni contre le bruit... Le mythe de la jeune fille, chaste et pure, conduit aux parfums floraux : la jeune fille doit sentir le lys ou la rose... et être vierge évidemment ! Plus tard encore, on prend en horreur l'odeur des pauvres : ils puent, et on va s'en distinguer en se lavant, en se parfumant... Curieusement, les premiers progrès en matière d'hygiène et de propreté ne se feront pas dans les familles, mais dans les institutions telles que les prisons, les casernes, les hôpitaux, là où il est possible d'imposer par la force un minimum d'hygiène ! Autrement dit, prisons, casernes et hôpitaux deviennent, paradoxalement, des écoles de la propreté !.. On connaît la suite : nous sommes devenus de plus en plus intolérants aux odeurs, à toutes les odeurs, et nous vivons dans un monde farouchement individualiste et désodorisé... L'auteur décrit cette évolution avec un soin extrême et de très nombreux exemples, mais cela rend la lecture de ce bouquin fastidieuse et lourde, avec de nombreuses redites, qui alourdissent le propos au détriment de la pédagogie et de la chronologie : les années se mélangent : 1750... 1815... 1860... 1789.. 1832... impossible de suivre l'évolution avec ce va-et-vient confus dans tous les sens... C'est davantage un ouvrage pour spécialistes ou étudiants qu'un livre grand public, et c'est très dommage, car le sujet des odeurs et des parfums concerne de nombreux domaines : hygiène, propreté, santé, médecine, relations sociales, vivre-ensemble, etc... Bon livre, mais il faut s'accrocher ! 

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