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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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LE LILAS

Quand mars montre le bout de son nez, on se réveille un matin le coeur plus léger et l'on sait bien pourquoi : l'heure est venue d'oublier les frimas. C'est bientôt le printemps et son premier souflle balbutiant nous caresse la peau, malgré quelques giboulées et un peu de grêle qui rappellent encore l'hiver. Puis vient avril et c'est l'explosion des beaux jours, c'est la vie qui renaît ; c'est alors que revient le lilas. Ce n'est pas au ras du sol qu'il fleurit, lui ! Ce n'est pas un buisson et c'est plus qu'un arbuste : c'est un arbre ! Voyez comme ses fleurs éclatent en grappes opulentes sous le ciel d'avril ; si abondantes que les feuilles ont tôt fait de disparaître sous l'avalanche de mauve ou de blanc des fleurs exubérantes. Le lilas, c'est comme un message d'espoir lancé aux hommes ; le lilas, c'est du printemps qui se voit de loin, tel un drapeau qui invite à se rallier aux beaux jours enfin revenus et qu'on a tant espérés, tant attendus dans les mois de froidure. Lorsque, un matin d'avril, on longe une rue de banlieue bordée de petits pavillons et d'humbles jardinets, on peut fort bien ne pas voir les modestes crocus ou les premiers iris, mais on ne peut ignorer le lilas ! Avant même de le voir, on le hume de loin, il vopus arrives en bouffées odorantes et suaves qui vous enlacent au gré des caprices du vent. A pleines brassées il surgit soudain, dépasse les grilles, franchit les murs et déborde partout en bouquets généreux qui mettent au coeur un vertige enivrant de couleur et de parfum. L'écrivain Guy de Maupassant nous raconte, aun détour d'une de ses chroniques parisiennes, qu'en se promenant au lever du jour dans les rues de Paris un matin d'avril, il s'émerveille de découvrir, dans le lointain brumeux des collines mauves d'Argenteuil, les étendues toutes fleuries de lilas... Moi, je n'avais pas besoin de flâner au long des rues pour voir le lilas ; je l'apercevais dès le matin, pendant le petit-déjeuner. Grand-Père mangeait son pâté de foie sur du pain de campagne, tandis que, délaissant ma tartine de confiture, je regardais au-dehors : dans le jardin, juste devant la fenêtre, les lourdes grappes mauves se balançaient doucement au moindre souffle d'air. Et quand on ouvrait les vitres au soleil de midi, un parfum délicieux envahissait la salle à manger, capiteux et fort. Et puis, derrière la maison, je le savais, il y avait deux autres lilas. Ceux-là étaient un peu particuliers : ils étaient blancs, les fleurs souvent piquées d'un peu de rouille à la moindre pluie ; mais aux belles journées ensoleillées, mon père tendait entre eux un hamac ; les branches des deux lilas blancs ployaient alors légèrement, comme s'ils se penchaient  un peu pour voir... Leurs fleurs immaculées se rapprochaient au dessus du hamac : c'était le berceau où dormait ma petite soeur, dans l'air calme du jardin embaumé de lilas.

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