Par Robertcri
Le Grand Meaulnes – film de Jean-Daniel Verhaeghe – 2006 –
Acteurs : Jean-Baptiste Maunier, Nicolas Duvauchelle, Clémence Poésy.
On ne présente plus le Grand Meaulnes, seul roman écrit par Alain-Fournier, et qui est une transposition littéraire de la rencontre de l'auteur, le 1er juin 1905, avec une jeune fille aperçue dans Paris : Yvonne de Quiévrecourt… Flash, comme on dit de nos jours ! Mais rencontre sans lendemain : ils ne sont pas du même monde, et la belle histoire sentimentale s’achève sans avoir commencé, ou plus exactement, s’achève après avoir seulement effleuré les cœurs des partenaires sans se concrétiser dans les corps… De cet amour-flash, inachevé et sublimé, Alain-Fournier va faire un roman qu’il mettra huit ans à écrire… Ce sera Le Grand Meaulnes, mélange de souvenirs, romance mêlée d’autobiographie, et où se glisse une part de fantastique et de rêve, à l’image de l’amour entrevu, auquel correspond dans le livre l’étrange errance de Meaulnes dans une forêt brumeuse inconnue, dans un domaine mystérieux où doit être célébré un mariage qui finalement n’aura pas lieu… Il ne faut pas chercher de clefs ni se perdre en vaines analyses avec Le Grand Meaulnes, il faut se laisser porter par une ambiance, un rêve, la pureté d’un amour qui périt et s’exalte en même temps dans son éclosion… C’est très bien rendu dans le livre, mais au cinéma, ça dépend des versions. Pour ma part, je trouve cette mouture du Grand Meaulnes assez ratée. Le climat de mystère est assez mal rendu et le réalisateur s’est cru obligé d’ajouter des éléments qui ne sont pas dans le livre, ce qui est une insulte à l’œuvre d’Alain-Fournier et une trahison bêtasse, sans aucune nécessité que d’assouvir un caprice personnel de réalisateur qui impose ses choix douteux aux autres… Ainsi, on voit, à la fin du film, Le Grand Meaulnes abattu pendant la guerre de 1914, alors que le roman a été publié en 1913 ! Tout ça parce qu’Alain-Fournier a été tué, effectivement, dans les premiers jours de la guerre, le 22 septembre 1914, âgé de 27 ans seulement. Mais venons-en au commencement, au début de l’histoire : un soir d’automne, en 1910, Monsieur et Madame Seurel, qui dirigent la petite école d’un village en Sologne, accueillent un nouveau pensionnaire accompagné par sa mère, Augustin Meaulnes. L’ascendant naturel de ce grand adolescent lui vaut d'être bientôt d’être surnommé par tous "le Grand Meaulnes". Ce nouveau pensionnaire est logé dans l’école et partage la même chambre que François, le fils de monsieur Seurel. François est subjugué par le Grands Meaulnes, et une amitié complice les unit. Un jour, le Grand Meaulnes part en carriole jusqu’au village voisin chercher des parents à la gare. Mais la carriole revient à vide. Le Grand Meaulnes a disparu… Deux jours plus tard il est de retour… Il raconte à François l’étrange aventure qui lui est arrivée… De ce beau roman, le réalisateur Jean-Daniel Verghaeghe a fait un film propret et convenu, bien fade. Dommage de faire d’une œuvre si grande un film si petit. Rien d’autre à en dire… Ah si, un dernier mot : lisez le Grand Meaulnes ! Ou relisez-le, c’est le moment, c’est un roman au goût d’automne…
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