Une fois n’est pas coutume, je me suis plongé dans un bouquin- Le Cygne de Solveig- écrit en 1955 pour les petites filles de l’époque, et paru dans la Bibliothèque Rose illustrée. Ca rappellera bien des souvenirs aux mémés d’aujourd’hui !... N’en déduisez pas que je sois un transsexuel ou que j’ai viré amiral de la fiotte, vous commettriez une lourde bévue ! Mais il faut avouer qu’après la lecture de nombre de bouquins contemporains écrits sans talent mais avec l’appui de quelque crétin télévisuel à gueule de shooté, ça fait drôlement du bien de se plonger dans le bain de fraîcheur du Cygne de Solveig ! Le récit n’a rien de mièvre, et il tangente à maintes reprises le genre fantastique, lorsque par exemple un cygne sauvage accompagne la petite fille, et, par son vol, lui indique le chemin à prendre : après 200 mètres, virez à droite, puis continuez tout droit ! Un peu comme le GPS ! Balèze, le cygne sauvage !… L’histoire se déroule dans un pays nordique, la Norvège, la Suède peut-être, bref un pays froid ousque y a plusieurs hivers dans l’année, si vous voyez ce que je veux dire… Une petite fille prénommée Solveig et son copain d’enfance Axel se retrouvent tous deux orphelins à la suite d’une avalanche qui a tué leurs parents respectifs. Les deux enfants sont recueillis et élevés par une famille du village d’à côté. Bien entendu (c’est la loi du genre et aussi celle de la nature), la petite Solveig éprouve un doux penchant pour Axel, un sentiment purement amical, et seulement amical, du moins le croit-elle… Elle se dévoue de mille et une façons pour son ami, et affronte même un homme qu’on dit redoutable et maléfique, pour rapporter à son copain un superbe violon dont il rêvait… Ces deux-là, Solveig et Axel, c’est « à la vie et à la mort », comme on dit… Et Axel, comblé par ce présent, quitte le village, devient un grand virtuose, un violoniste célèbre, applaudi, encensé… Dans l’ombre, la modeste petite Solveig suit de loin cette ascension le cœur battant, admirative… Mais un jour la petite fille, devenue une presque jeune fille, se rend compte que la gloire a tourné la tête de son ami, devenu un vrai jeune con de la Starac ! Il l’ignore de plus en plus, et un jour, il va même jusqu’à lui lancer « Casse-toi, pauv’conne ! », ou plutôt quelque chose d’approchant, car on ne parlait pas comme ça en 1955, même à la Présidence de la République !... et encore moins dans la Bibliothèque Rose Illustrée, vous pensez !... Ce que ne savait pas Axel, c’est qu’en insultant Solveig, en la reniant et en la chassant, il allait perdre son talent de violoniste !... Je vous l’avais dit, il y a du fantastique dans cette histoire toute mignonne ! Comment tout cela va-t-il finir ?.... Je ne vous le dis pas mais la happy end est garantie ! Evidemment !... En 1955, on n’allait tout de même pas dire aux petites filles que le Prince Charmant ne serait plus tard qu’un gros beauf avachi dans son canapé défoncé Conforata devant le foot à la télé, braillant face aux nullards friqués de l’équipe de France, tout en rotant entre deux bières !... Lisez Le Cygne de Solveig, un pur moment de lecture et de fraîcheur, écrit en outre dans un français impeccable ; ça vous changera des romans imbéciles et de la littérature de caddie vendue dans les hypermarchés ! Du coup, tenez, je vais vous parler un peu de l’auteur, Marguerite Thiebold, bien oubliée de nos jours…
Bio : Marguerite Thiebold est née le 12 août 1908 à Saint-Jean d’Angély, d’un père originaire du Tarn et d’une mère native de Colmar. Alsacienne dans l’âme, Marguerite Thiebold s’installe en Alsace à Bouxwiller, avec son mari et ses trois enfants. C’est pour ses enfants qu’elle écrit des histoires. Son mari, enseignant pour enfants sourds-muets, la persuade de publier ses récits… C’est ainsi qu’en 1936, Marguerite Thiebold reçoit le Prix de l’Alsace littéraire pour un recueil de nouvelles pour la jeunesse. Mais c’est en 1947 que paraît son premier roman pour la jeunesse : L’Appel de la montagne… Le Cygne de Solveig est publié en 1955. Mais Marguerite Thiebold est surtout connue pour la série des aventures de Lili, à partir de 1956… Elle reçoit en 1964 le Grand Prix du Salon de l’Enfance. Elle meurt à Strasbourg le 25 mai 1997, à près de 90 ans, quasiment oubliée. Les belles histoires ne font plus recette ! On préfère de nos jours les « slams », ces dégueulis de poésie démagogique des banlieues incultes. Le pire, c’est que ces formes « modernes » d’expression jettent dans l’ombre les vrais talents. C’est bien connu : en poésie, en littérature, comme dans tous les domaines de la vie, la mauvaise monnaie chasse la bonne ! Heureusement, à Bouxwiller, en Alsace, une école primaire porte le nom de Marguerite Thiebold ! Tout de même ! C’était bien la moindre des choses !