Par Robertcri
En ouvrant Le Chercheur d’or, je me sentais tiraillé étrangement entre deux sentiments contradictoires : d’abord une sorte de fascination mêlée de respect face à Le Clézio, Prix Nobel de Littérature, ce n’est pas rien ! Et dans le même temps une terrible inquiétude, en découvrant que ce roman avait fait l’objet d’un "commentaire autorisé" de Patrick Poivre d’Arvor, cet histrion médiatique infatué de sa personne, ce bateleur de plateaux tv, pompeusement intronisé comme « Membre du comité d’auteurs de France-Loisirs » ! Quand on voit le niveau général des bouquins proposé par ce club de livres, on frémit !… Et pourtant, une fois le livre refermé, je me dois de dire que les 420 pages du Chercheur d’or sont autant de moments qui participent du bonheur de lire. Car il y a tout, dans cette histoire d’un homme, le narrateur, qui qui vit quelque part entre Madagascar et l’île Maurice… Il y a son enfance au milieu des paysages exotiques et des cannes à sucre à la fin du 19è siècle, entre une mère aimante et un père inventif mais utopiste… Le narrateur passe les plus belles heures de son enfance auprès de sa sœur, Laure … Et puis les années passent, un ouragan détruit la maison et ruine le père, qui bientôt meurt… L’oncle Ludovic, un salopard, se jette comme un vautour sur les restes de cette famille et sur les terres… Le narrateur, le cœur déchiré, quitte sa mère et sa sœur, et le voici bientôt qui part à la recherche d’un mystérieux trésor, en se basant sur des cartes laissées par son père, rêveur impénitent… Le narrateur, au cours de sa quête, rencontrera une jeune fille sauvage, Ouma… Ils s’apprivoiseront, s’aimeront, mais survient le terrible mois d’août 1914… Nous retrouvons le narrateur loin des îles et des lagons, du côté d’Ypres en Belgique, sous un déluge de feu. Il en réchappe cependant et revient chez lui… Mais plus rien n’est comme avant… Ce pourrait être désespérant, mais au bout il y a toujours ce fameux trésor, que l’auteur finit par découvrir une nuit, en regardant les étoiles… Au-delà d'un véritable roman d'aventures, Le Chercheur d'Or est une réflexion intelligente et sensible, sur la vie, le temps, la mort... Bien entendu, l’histoire est servie par une écriture extrêmement construite sans être rébarbative, et des phrases qui nous plongent en permanence au cœur de la beauté sauvage de la nature, des choses et des êtres, de leur violence aussi. Et ce n’est sans doute pas un hasard si la sœur du narrateur se prénomme Laure tandis que son frère cherche de l’or… Car la tendresse de ces deux êtres l’un pour l’autre est également un fil conducteur tout au long de cette belle saga, de ce beau moment de littérature au meilleur sens du terme. C’est bien simple, l’auteur, JMG Le Clézio mériterait le Prix Nobel de littérature !... Euh… ah oui, c’est vrai, il l’a déjà, me souffle ma muse vigilante !...
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