Par Robertcri
Il est plus tard que tu ne penses, roman de Gilbert Cesbron – 1958
Gilbert Cesbron est un écrivain bien oublié des medias, alors que nombre de ses œuvres ont été tirées à plus d’un million d’exemplaires, entre 1948 et 1977. (L’auteur est mort en 1979). C’est pourquoi j’ai voulu lire un de ses livres, trouvé abandonné sur un rayonnage poussiéreux, dans une cave de l’association « Livres-échange » de Vitry. Titre du roman : Il est plus tard que tu ne penses. Comme toujours chez Gilbert Cesbron, l’auteur enfourche un thème de société. Ici il s’agit, déjà en 1958, de l’euthanasie. Le héros du livre, c’est Jean Cormier. Sa femme Jeanne est atteinte d’un cancer du sein, qu’elle a caché d’abord à son mari pendant près d’un an. Quand elle est finalement opérée, c’est trop tard. Après une apparente et courte rémission, elle rechute, avec des douleurs de plus en plus insoutenables... Bien entendu, l’histoire est assez besogneuse à lire, car Cesbron est complètement bouffi et imprégné de religion catholique, bourrelé de principes culpabilisants, et confit dans les bondieuseries... On voit donc des personnages qui pleurnichent, qui battent leur coulpe, qui sont terrorisés en permanence devant un Dieu qui devrait être pourtant un dieu d’amour... Bref, malgré les tourments calotins de Jean Cormier, il finit par donner à sa femme une dose mortelle de morphine. Neuf mois plus tard, bourrelé de remords, de scrupules religieux, et après des échanges laborieux avec son frère qui est, comme par hasard, curé, il se dénonce, et on assiste donc à son procès aux assises. « Est-il coupable d'avoir, dans la nuit du 17 au 18 décembre, volontairement commis un meurtre sur la personne de Jeanne Cormier, son épouse ? » C'est la première question à laquelle les jurés auront à répondre... Le thème de l’euthanasie est moderne pour l’époque, mais il est empesté ici par l’omniprésence sectaire d’une religion surannée et culpabilisante, avec des overdoses d’auto flagellation à longueur de pages... Roman sur l’euthanasie ou roman sur le cancer ? A vrai dire, les deux thèmes sont traités simultanément. Un médecin, dans le roman a cette parole : «La cause du cancer, je la connais, moi, c'est le temps perdu. II est toujours plus tard que l'on ne pense». Finalement, ce roman a pris un sacré coup de vieux, malgré l’actualité des thèmes abordés, en raison de cette épouvantable doctrine catholique qui préfère laisser hurler un cancéreux pendant dix jours d’une agonie effroyable, plutôt que de l’euthanasier, même à sa demande ! Tout ça pour ne pas désobéir à un prétendu dieu dont personne n’a encore prouvé même le début d’une présomption d’existence... un dieu « d’amour » qui laisse souffrir les hommes qu’il aime ! A lire pourtant, car cette littérature est le reflet d’une époque et aborde des thèmes qui sont toujours d’actualité
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