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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

Hôtel Bourbon de Rouvre - 29 novembre 2001

HOTEL BOURBON DE ROUVRE<o:p></o:p>

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5, rue du Docteur Lancereaux, 75008 PARIS<o:p></o:p>

Le 29 novembre 2001<o:p></o:p>

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Le sieur Luzarche d’Azay possédait au 3 rue du Dr Lancereaux un hôtel particulier prolongé par un jardin. En 1865, à la place du jardin, il fit édifier une maison, actuellement au n° 5, dont Garnier aurait été l’architecte (mais pas d’écrit l’attestant), destinée à son fils à l’occasion de son mariage. Mais son fils épousa une demoiselle fort riche et très bien dotée, il n’avait nul besoin de cette maison et il s’installa dans une des propriétés de son épouse… L’immeuble fut vendu alors à un préfet, Monsieur de Bourbon de Rouvre, qui y fit ajouter ses armes. En 1906, elle fut achetée par le sieur Dupeyrou, industriel qui dirigeait un laboratoire de produits pharmaceutiques. Cet hôtel particulier est une maison qui possède encore un décor Second Empire authentique, absolument extraordinaire. Entrons, et visitons…<o:p></o:p>

L’ENTREE : On remarque d’emblée le goût du Second Empire pour le style chargé et par les teintes sombres ; une grande armoire présente des sculptures nombreuses, l’escalier est bordé d’une rampe épaisse en bois  sombre tourné ; aux murs, de lourdes tentures d’un rouge foncé créent une lumière sombre.<o:p></o:p>

PALIER DU 1ER ETAGE : Des jeux de miroirs éclairent le palier, sombre également, et décoré de statues de nègres portant des flambeaux. Les pièces d’habitation sont distribuées autour de ce palier.<o:p></o:p>

LA BIBLIOTHEQUE : Cette pièce est aussi un bureau ; le plafond, brun, or et noir, rappelle le style Renaissance ; les boiseries de la bibliothèque sont sombres, il s’en dégage une atmosphère lourde et quelque peu étrange, qui évoque Edgar Poe…<o:p></o:p>

LE GRAND SALON : Caractéristique du style Second Empire ( Napoléon III)…Le plafond est extrêmement chargé, et prolongé par de lourdes corniches dorées et travaillées avec des motifs rappelant diverses époques : des coquilles à la Louis XV, des motifs Louis XVI….On a beaucoup reproché au style Second Empire son caractère mélangé ; on a dit qu’il était éclectique, empruntant à différentes époques, sans être véritablement original…En fait, il faut bien voir que ces décors ne sont pas le fait des nobles, mais des nouveaux riches, constitués par les banquiers et financiers, les spéculateurs et promoteurs immobiliers, et les industriels…Ces gens qui ont réussi, n’avaient pas de patrimoine particulier, ils font construire maisons et hôtels particuliers, et les décorent avec le souci d’afficher leur richesse…Ils utilisent les artistes et artisans de l’époque, qui sont les héritiers des traditions du 18è siècle et les maintiennent…Par ailleurs, chez ces nouveaux riches qui ont souvent travaillé dur pour amasser leur fortune, dans un pays secoué, voire ensanglanté, par de nombreuses émeutes ou révolutions, il y a une sorte de nostalgie pour le 18è siècle, qui leur apparaît comme une sorte de « paradis perdu » : c’était l’époque où on pouvait être riche et oisif, dans un pays où les gens du peuple étaient encore sages et obéissants !…Les riches du Second Empire se réfugient dans le 18è siècle comme dans un rêve ; en fait, dans leurs maisons très bourgeoises des beaux quartiers, ils vivent avec en permanence la « crainte des gueux »…Il y a un contraste très fort entre la  grande pauvreté, et souvent la misère, des ouvriers surexploités et l’insolente richesse des possédants, dans un climat permanent de scandales financiers et immobiliers…Cependant, Haussmann, beaucoup décrié pour ses actions de démolition et de reconstruction de Paris, n’a pas fait disparaître de patrimoine précieux : Paris possédait, au milieu du 19è siècle, des quartiers entiers et immenses de taudis sordides !…La zone de l’actuel Parc Monceau s’appelait alors la « Petite Pologne » et n’était qu’une zone infecte de maisons en ruine, dont les occupants, depuis longtemps, ne payaient plus les loyers, et que les propriétaires, de ce fait avaient totalement abandonnées… En sorte qu’Haussmann pouvait dire à juste titre qu’il n’avait que précipité les démolitions, qui se faisaient déjà, et qu’au moins, lui, il avait bâti !…Revenons au salon de l’hôtel Bourbon de Rouvre : les murs sont décorés de vastes panneaux peints représentant des lourdes fleurs, dans les tons rouges et vieux rose ; une cheminée de marbre rose est assortie aux murs. Sur la cheminée : une très belle pendule dorée, comme il y en avait beaucoup sous le Second Empire : l’argent coulait à flots, les artisans avaient beaucoup de commandes, et avaient acquis une grande maîtrise dans l’horlogerie. Le mobilier est un mobilier Louis XV et aussi Louis XVI, car on a alors la nostalgie du 18è siècle…Je m’assois pour ma part sur un canapé rose à fleurs, d’époque…Il y a aussi un piano, indispensable dans tout intérieur de bourgeois : c’est un symbole de richesse, mais surtout un symbole de culture : on aime les arts et la musique ; c’est aussi un symbole moral : le piano, c’est la distraction saine et distingiuée des femmes ( les épouses et les filles)…On note pourtant une évolution par rapport au 18è siècle : il y a beaucoup plus de meubles dans les pièces…Au 18è siècle, les salons étaient  plus vastes et plus vides ; les chaises étaient souvent disposées le long des murs. Ici, les fauteuils et les chaises sont plus vers le centre de la pièce , et sont disposées en arrondi, pour la conversation. <o:p></o:p>

LE PETIT SALON :<o:p></o:p>

Il jouxte le grand salon ; plus clair, il est traité dans les tons gris et bleus, à la façon Louis XVI ; superbe tapis bleu et beige de 3m x 4m. Le plafond est décoré d’un grand ovale clair, ivoire…<o:p></o:p>

LE JARDIN D’HIVER :<o:p></o:p>

Il prolonge le petit salon ; c’est une verrière, pas très grande, environ 15 mètres carrés donnant sur une cour intérieure. Le jardin d’hiver est très en vogue sous le second Empire ; les Parisiens, devant leur ville devenue tentaculaire, ont la nostalgie de la nature et de la campagne ; chaque fois qu’on pourra, on mettra donc de la verdure… A Paris, c’est l’apparition des quatre grands jardins : Au nord les Buttes Chaumont, au sud le Parc Montsouris, à l’ouest le Bois de Boulogne, à l’est le Bois de Vincennes… Par ailleurs, Haussmann plante beaucoup d’arbres le long des nouvelles avenues ; enfin, les jardins d’hiver prennent place dans les maisons des particuliers, grâce à l’apparition des premières installations de chauffage central qui permettent d’obtenir des températures suffisantes pour garder des plantes exotiques.<o:p></o:p>

LA SALLE  A MANGER :<o:p></o:p>

La salle à manger comporte une immense cheminée lourdement décorée d’ors, et surmontée d’une sculpture inquiétante : une tête de félin, ressemblant à la fois au lion et au lynx…les murs sont tendus d’un papier peint marron imitant le cuir de Cordoue. Les gros radiateurs sont en fonte noire ; la pièce dégage une impression d’intimité lourde et sombre, presque mystérieuse…On retrouve l’ambiance des « Histoires extraordinaires » d’Edgar Poe<o:p></o:p>

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Cette demeure est exceptionnelle, et a servi de décor pour le cinéma ; elle doit être prochainement vendue… La conférence se termine par une courte balade dans le quartier, en remontant l’avenue de Messine jusqu’au parc Monceau. Arrêt devant l’immeuble du 23 avenue de Messine (où j’ai travaillé !) : c’est un immeuble « Art Nouveau », construit en 1895 par l’architecte Lavirotte. Il se distingue des immeubles second Empire par plusieurs détails significatifs : les ferronneries des balcons sont courbes et tourmentées, proches du « style nouille» de Guimard ; les façades présentent des courbes, inconcevables sous le second Empire ; enfin, les règlements nouveaux d’urbanisme permettent d’édifier des « bow-windows » qui avancent au-dessus du trottoir, alors que les façades second Empire devaient être dans le strict alignement des voies.<o:p></o:p>

L’immeuble du 23 bis avenue de Messine (ayant abrité la Direction du Personnel d’EDF) a été construit par l’architecte Léon Chesnay, toujours vers 1900.<o:p></o:p>

Le Parc Monceau, au 19è siècle, a été coupé en deux : la moitié nord a été aménagée pour former l’actuel parc, selon la technique des jardins anglais, tout en courbes et en reliefs ; la partie sud, de même dimension, achetée par Pereire, a été lotie et cédée à des promoteurs, qui y ont édifié des hôtels particuliers prestigieux qui existent encore : c’est toute la zone des rues Murillo, de Lisbonne, de Monceau, de Messine…<o:p></o:p>

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La balade se termine ici, sous une pluie battante et les rafales du vent…. <o:p></o:p>

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