Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

Catacombes - 29 décembre 2001

DANS LES CATACOMBES

Samedi 29 décembre 2001

1, place Denfert-Rochereau

<o:p> </o:p>

<o:p> </o:p>

Il pleut, c’est un temps idéal pour plonger dans les entrailles de la terre !  Les entrailles ? Pas vraiment… Mais on descend tout de même 180 marches pour atteindre le « Royaume des morts » où reposent entre autres les restes éparpillés de Robespierre, Danton, Villon, Rabelais, Madame Elisabeth, et la mère de Mozart…  ! Les catacombes sont un ossuaire qui occupe une toute petite partie des galeries des anciennes carrières de Paris… Car, depuis la nuit des temps, on a exploité le sous-sol parisien pour en extraire tantôt du gypse (la pierre à plâtre), tantôt du calcaire pour en faire de la pierre de taille ; le Paris du dessus s’est construit avec les matériaux du dessous… A l’époque gallo-romaine, dans les premiers siècles après Jésus-Christ, l’exploitation se faisait dans des carrières à ciel ouvert ; puis, dès le Moyen-Age, dans des tunnels souterrains. Cette exploitation dura pendant des siècles, essentiellement articulée autour des « trois monts » : Montmartre (plâtre), Montparnasse et Montrouge (calcaire). En sorte que, au bout de plusieurs siècles, personne ne savait plus exactement où se trouvaient les tunnels, les excavations, les galeries… Or, le 17 décembre 1774, plusieurs maisons s’effondrèrent rue d’Enfer, à la hauteur du boulevard Saint-Michel, et les autorités, prenant conscience du danger, décidèrent alors d’entreprendre un recensement de l’ensemble des galeries souterraines. En 1777, le Conseil du roi créa l’Inspection Générale des Carrières, et diligenta des architectes pour étudier les travaux de consolidation ; un relevé des lieux dut établi, une carte dressée, et on recensa plus de 250 kilomètres de galeries pour une superficie totale de 860 hectares ; des travaux de consolidation furent entrepris, tant sous les ouvrages publics que sous les immeubles privés. Il n’est pas question alors d’entreposer des ossements dans les anciennes carrières… La décision de créer les catacombes viendra un peu plus tard… Les cimetières étaient très nombreux dans Paris ; il y en avait en effet auprès de chaque église, de chaque couvent, de chaque hôpital. Un des plus grands, le cimetière des Innocents, était saturé ; on y avait édifié des charniers pour entreposer les ossements excédentaires, mais des plaintes s’élevaient de la part de riverains : dans certaines caves, les bougies s’éteignaient ; des éboulements mettaient à jour des corps…En 1784, le sous-sol d’un commerçant se trouva envahi par des corps en décomposition et des ossements suite à un nouvel éboulis ; cette fois, on décida de transporter les corps dans des carrières aménagées ; le transfert commença en 1786, par charrois nocturnes, à la lumière des torches… Les convois étaient escortés de moines priant et chantant, puis on jetait les restes sans ménagement dans les anciennes carrières. Ce transport dura quinze mois ; puis on vida d’autres cimetières, comme celui du Landy, de Saint-Eustache, etc… Les transferts se poursuivirent encore longtemps, d’autant que les travaux d’Haussmann, vers 1860, obligèrent à vider d’autres cimetières qui se trouvaient sur le tracé des voies projetées par Haussmann (exemple : le cimetière Saint-Laurent sur l’emplacement du boulevard Magenta… Au total, c’est plus de six millions de corps qui furent ainsi regroupés. Le rangement des ossements fut organisé, sous Napoléon 1er, par l’Inspecteur Général des Carrières Héricart de Thury. Les ossements furent rangés sous forme d’empilement des gros os, notamment les fémurs, agrémentés de crânes disposés pour former des guirlandes ou des croix. Les autres parties des squelettes sont jetées en vrac derrière ces alignements. Des sentences édifiantes sont apposées le long des galeries, et traitant de la vie, de la mort, et de la fragilité de l’existence… Dans les catacombes, les ossements des individus ont été dispersés ; les crânes ensemble, les tibias ensemble, en sort qu’il n’existe pas de squelette entier que l’on puisse identifier, à l’exception de celui de l’infortuné Philibert Aspair, portier au Val-de-Grâce, qui descendit dans les carrières le 3 novembre 1793 et s’y perdit, mourut de faim, et ne fut retrouvé que onze ans plus tard, par hasard, en 1804. On trouve aussi dans les catacombes des ossements qui regroupent les victimes de certains drames ; ainsi, un tas d’ossements rassemble les victimes des massacres ayant eu lieu lors de la prise des Tuileries en août 1792. Plus loin, un autre tas est constitué des victimes de la répression du 28 avril 1789… Ce drame s’était produit dans les circonstances suivantes : Le pouvoir avait envisagé la suppression des octrois, lesquels percevaient des droits sur les marchandises entrant dans Paris ; à cette occasion, le patron de la manufacture de papiers peints Réveillon prononça un discours dans lequel il affirma que cette réduction des droits permettrait de réduire les salaires !… Les ouvriers se mirent en grève et déclenchèrent une manifestation ; des nobles qui passaient, entravés dans leur déplacement, firent appeler la garde nationale, qui ouvrit le feu, tuant plusieurs centaines de manifestants, rue de Montreuil… Il y eut davantage de morts ce jour-là dans Paris que le jour de la prise de la bastille, le 14 juillet 1789 !…  <o:p></o:p>

Dans les catacombes, on parcourt près de 800 mètres sous terre, au milieu des ossements. A environ 20 à 25 mètres sous terre, on longe les rues de Hallé, l’avenue René-Coty, la rue Dareau et la rue d’Alembert… On voit aussi les vestiges des carrières de calcaire, dont les voûtes sont soutenues par des piliers tournés (piliers en calcaire qu’on laissait au milieu de l’exploitation en les contournant, pour soutenir la voûte et en empêcher l’effondrement) ou piliers à bras, c’est à dire piliers dont les éléments ont été montés à bras d’homme. La balade se termine au bout d’une longue galerie maçonnée, et on sort, après avoir gravi une bonne soixantaine de marches, rue Hallé ; on a parcouru environ 1800 mètres de galeries souterraines.   <o:p></o:p>

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article