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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

Avec ceux de la Légion, par Pierre Ferri-Pisani, 1932

Ce bouquin n'est pas un roman. C'est un reportage de journaliste, lequel s'est rendu en Algérie et au Maroc, pour enquêter directement auprès des Légionnaires, ces mercenaires qui viennent de tous les pays. Avec le temps, ce reportage, près de 90 ans plus tard, prend valeur de document historique. Il nous renseigne sur le quotidien des soldats de la Légion, dans toute leur diversité, puisque l'auteur  a interrogés des légionnaires de tous grades, du deuxième classe au colonel, en passant par toute la hiérarchie intermédiaire des caporaux et sergents.  Et dès lors derrière la vitrine du Légionnaire baroudeur héroïque, on voit se dessiner en filigrane les vies brisées, les familles décomposes, les drames épouvantables vécus dans la vie civile et qui font paraître presque douce la discipline de la Légion, et les terribles conditions climatiques qu'il faut endurer, soleil brûlant et sécheresse dans les déserts du Maroc et de l'Algérie, pluies diluviennes et boue au Tonkin.... Au-delà du récit, on trouve pourtant chez l'auteur des mots qui en disent long sur l'esprit de l'époque, je veux dire le mépris des populations indigènes.. Ainsi, on peut lire une phrase comme celle-ci : "C'est alors que notre bataillon fut attaqué par 20 000 salopards" !!!.. . J'en suis tombé sur le cul (rassurez-vous j'étais assis !).. Car les "salopards" en question, ce sont évidemment les Arabes, qui sont chez eux... et qui ont le culot et l'insolence de se défendre contre leurs envahisseurs colonialistes ! Tout de même, ils sont sur LEURS terres, les "salopards" !!!!...  Etrange logique !... Mais bon, mis à part ce colonialisme tranquille et inconscient, on trouve de bonnes choses dans ce reportage : en particulier l'auteur note la terrible rigueur des punitions qui frappent les légionnaires "Et quel était leur crime, à ces disciplinaires ? Avoir dit merde à un caporal... ou s'être enivré... Pendant ce temps, tel financier et ses complices, parlementaires, ambassadeurs, peuvent ruiner 500 000 braves gens, dépouiller la veuve et l'orphelin, et s'en tirer avec une condamnation dérisoire ou même un acquittement !... Messieurs les législateurs, continuez à légiférer et à frapper impitoyablement pour défendre la société, mais alors soyez logiques : légiférez pour tous, sans distinction de classe, et frappez partout, les gros aussi bien que les petits"... Eh oui, près de 90 ans, la phrase  n'a rien perdu de son actualité... Enfin, notons ce propos plein d'une philosophie que je livre à votre méditation " Si l'on réfléchissait à tous les dangers, on ne ferait jamais ni la guerre ni l'amour"... 

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