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De même que la République plonge ses racines dans la monarchie, de même le Palais-Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale, fut à l’origine un bâtiment éminemment aristocratique…En effet, il fut construit à partir de 1722, peu après la mort de Louis XIV, pour la duchesse de Bourbon, fille de Louis XIV et de Madame de Montespan, et qui avait épousé Louis, duc de Bourbon, petit-fils du Grand Condé. La construction fut édifiée dans une région alors campagnarde, sur des terrains que le marquis de Lassay avait conseillés à la duchesse de Bourbon… qui était par ailleurs sa maîtresse, depuis que la duchesse de Bourbon était devenue veuve du duc de Bourbon !…Fut construit également l’hôtel de Lassay… Cela correspond au fait que, après la mort de Louis XIV, le Régent quitte Versailles, qu’il trouve trop ennuyeux, pour s’installer à Paris…D’où la construction de ces hôtels ; d’ailleurs, cette époque voit la naissance puis l’essor du faubourg Saint-Germain, autour du Palais-Bourbon. La duchesse de Bourbon mourra criblée de dettes, et c’est Louis XV qui rachète le Palais-Bourbon, pour le donner au prince de Condé, petit-fils de la duchesse, et qui deviendra le chef de l’armée des Emigrés.<o:p></o:p>
Le Palais Bourbon, de même que l’hôtel de Lassay, furent confisqués à la Révolution, comme « biens d’émigrés », son propriétaire le prince de Condé ayant quitté le territoire.<o:p></o:p>
Elle servit d’abord à l’administration militaire, puis abrita l’Ecole centrale des Travaux Publics, future Ecole Polytechnique, avant de devenir une assemblée en 1795, pour abriter le Conseil des Cinq-Cents ; c’est à cette occasion que fut construit l’hémicycle, inauguré en 1798 ; le bureau du Président(Le perchoir) et la tribune de l’orateur datent de cette époque… En 1806, fut élaboré et présenté à l’Empereur Napoléon 1er le projet de la façade actuelle côté pont de la Concorde.<o:p></o:p>
Au moment de la Restauration après 1815, le prince de Condé voulut récupérer ses biens…Il récupéra sans peine l’Hôtel de Lassay, qui avait conservé un usage d’habitation ; par contre, ce fut impossible pour le Palais-Bourbon qui restait « provisoirement » affecté à la Chambre des députés. Dans ces conditions, le prince loua son bien à la Chambre ! La République était locataire de l’aristocratie !… Finalement, le Palais fut acheté par l’Etat pour 5 millions de francs, en 1827. Puis des travaux importants furent entrepris, car la salle des séances menaçait ruine. Le nouvel hémicycle fut achevé en 1832, et une grande bibliothèque fut aménagée. L’hôtel de Lassay fut à son tour acheté par l’Etat le 14 avril 1843. Une galerie fut aménagée (la Galerie des Tapisseries), permettant de joindre l’Hôtel de Lassay, résidence du Président de l’Assemblée Nationale, et le Palais-Bourbon. Ces lieux sont aujourd’hui toujours dans leur état d’origine. Et l’on peut profiter des vacances parlementaires pour les visiter… Allons-y :<o:p></o:p>
- Le Salon du Public : C’est la salle d’accueil ; le public est filtré, les cartes d’identité exigées, les bagages soumis à un examen aux rayons X, les visiteurs devant passer sous un portique de détection : la République prend des précautions avec les citoyens !…<o:p></o:p>
- La Rotonde d’Alechinsky : c’est le point de jonction entre la Galerie des Fêtes et le Palais-Bourbon. Les fresques ont été peintes en 1992 par Alechinsky, autour de cette inscription du poète Jean Tardieu : « Les hommes cherchent la lumière dans un jardin fragile où frissonnent les couleurs »<o:p></o:p>
- La Galerie des Tapisseries : Elle relie le Palais-Bourbon et l’hôtel de Lassay : superbes tapisseries : six de la manufacture de Beauvais, et trois de la manufacture des Gobelins. Eclairage par des lustres comportant des centaines d’ampoules<o:p></o:p>
- Salle des Pas-Perdus : Appelé aussi salon de la Paix, c’est l’endroit que le Président de l’Assemblée traverse avant chaque séance, au son du tambour, entre une double haie de gardes républicains. Au plafond, peintures d’Horace Vernet symbolisant la Paix, et rendant hommage à l’industrie, en exaltant la vapeur, les machines, les bateaux, les ingénieurs et les ouvriers…<o:p></o:p>
- Salle des Quatre-Colonnes : outre ses colonnes, elle comporte quatre statues qui proviennent de l’ancienne salle du Conseil des Cinq-Cents de 1795 ; elles représentent des législateurs de l’Antiquité :<o:p></o:p>
Caton : vers 180 av JC, sévères mesures contre le luxe, et prescrit la destruction de Carthage ( delenda est Carthago)<o:p></o:p>
Brutus : Conspiration contre César qu’il assassine en 44 av JC <o:p></o:p>
Lycurgue : fondateur au 9è siècle av JC du régime sévère de Sparte.<o:p></o:p>
Solon : vers 590 av JC, transforma la Constitution athénienne, et abolit la contrainte par corps.<o:p></o:p>
- Salon Delacroix : Il abritait le trône où venait siéger le roi Louis-Philippe pour ouvrir les sessions parlementaires…On peut y admirer de très belles peintures de Delacroix…<o:p></o:p>
Rappel : en 1830, c’est la victoire des « libéraux » ; mais le roi, Charles X, veut modifier alors la loi électorale, il interdit certains journaux… La réplique est la révolution de juillet 1830 (les Trois Glorieuses) ; le peuple veut la république et le suffrage universel… Cependant les libéraux, souvent plus riches que les monarchistes, se méfient des changements, et font venir le duc d’Orléans, Louis-Philippe : il pouvait passer pour libéral, ayant été officier de la République pendant la révolution…La Fayette, le présente habilement au peuple, en proclamant : « Voici la meilleure des Républiques » !<o:p></o:p>
Ainsi naît la Monarchie de Juillet, qui veut se montrer libérale (Philippe-Egalité, roi des Français !), mais qui va se révéler terriblement conservatrice, d’où la révolution de 1848.<o:p></o:p>
C’est dans cet esprit que le Palais-Bourbon est réaménagé ; la peinture est confiée à Delacroix, qui passe pour libéral, on magnifie des thèmes « libéraux » : l’agriculture, l’industrie, mais aussi la justice, la guerre. Sur les pilastres, sont personnifiés les mers et les fleuves de France.<o:p></o:p>
Le salon du Roi est le lieu de passage et de rencontre des députés de gauche.<o:p></o:p>
- Le Salon Pujol : Symétrique au salon Delacroix, il est le lieu de passage et de rencontre des députés de droite. Les plafonds sont peints en trompe l-œil par Pujol, dans des teintes gris clair, et représentesn la loi salique, les capitulaires de Charlemagne, et Louis-Philippe prêtant serment à la charte de 1830.<o:p></o:p>
- Salle des conférences : c’est la salle de lecture et de correspondance des députés, elle occupe l’emplacement de la salle à manger du prince de Condé. On y trouve le « piano », meuble constitué des casiers où les députés trouvent leurs messages.<o:p></o:p>
- La bibliothèque : Construite en 1830 par l’architecte Jules de Joly, elle abrite 7000 volumes (et 70000 dans les réserves) ; ses plafonds sont décorés par Delacroix ; d’un côté Orphée, porteur d’avenir, et Attila, porteur de mort…<o:p></o:p>
La bibliothèque contient notamment l’original du procès de Jeanne d’Arc (celui de l’évêque Cauchon), le manuscrit de la Nouvelle Héloïse, ainsi qu’un exemplaire de la Constitution de 1791 annotée par Robespierre.<o:p></o:p>
- La Salle des Séances : C’est le célèbre hémicycle, reconstruit entre 1828 et 1832 par Jules de Joly pour remplacer celui du Conseil des Cinq-Cents. Il comprend les 577 places numérotées des députés. Cependant, le bureau de l’orateur et le « perchoir » datent de 1795…<o:p></o:p>
Précisions sur l’Hôtel de Lassay : C’est la résidence officielle des Présidents de l’Assemblée Nationale. <o:p></o:p>
Il fut construit en même temps que le Palais-Bourbon. En effet, tandis que le Palais Bourbon était construit pour la duchesse de Bourbon, son amant, le marquis de Lassay, précisa : « Je demanderai aux architectes quelques moments perdus pour élever furtivement auprès du Palais-Bourbon, un hôtel petit, simple, modeste, dont le mérite sera pourtant de rappeler, comme le strass donne l’idée du véritable diamant, le séjour de ma princesse » !<o:p></o:p>
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