• Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu - Woody Allen - 2010 -

      Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, tel est le titre un peu long donné à ce film de Woody Allen. On ne présente plus ce réalisateur, dont le nom est attaché  à un cinéma particulier, mais de qualité. Disons-le, voici une œuvre pétulante, vive et truffée de gags pleins d’allant… Mais attention : derrière l’apparence d’une certaine légèreté se cache le regard féroce de Woody Allen, qui peint ici, avec l’ironie du désespoir, cette terrible peur de vieillir, et l’irrésistible besoin de plaire qui taraude en particulier les seniors lorsque l’inexorable sénilité les frappe à coups de rides, d’empâtements divers et de pathologies de toutes natures… Aldie est un homme vieilli dont le corps s’alentit ; poussé par l’illusion, il quitte les rides de son épouse pour se ruer sur une jeunette qu’il épouse… Sa femme, désespérée, mais poussée aussi par l’illusion, tombe sous la coupe d’une voyante, Cristal, qui lui prédit mille merveilles à coup d'ondes bénéfiques et d'énergie positive, et qui lui dit un jour : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, tout de noir vêtu… On trouve aussi dans ce film un écrivain raté. A sa façon, il poursuit également une chimère : devenir un écrivain célèbre… Cherchant l’inspiration à sa fenêtre, il est attiré par une jeune fille en rouge qui joue de la guitare à la fenêtre d’en face : elle sera sa muse, elle l’inspirera… Or cette jeune fille est fiancée, et vit d’ans l’illusion de son mariage prochain… Mais elle doute soudain, lorsqu’elle se sent attirée par l’écrivain… Présent également dans cette histoire, un libraire, veuf inconsolable de Claire dont il évoque l’esprit en faisant tourner des tables : illusion de la présence de la morte… Et d’illusions en désillusions, on sent poindre l’ombre de Maupassant dans ce film, lorsque l’un des personnages s’écrie : « J’ai terriblement peur de me retrouver seul… » Cette terrible peur de la solitude qui, selon Maupassant, jette n’importe qui dans les bras de n’importe qui, dans l’illusoire tentative de la conjurer… C’est dire que le thème n’est pas nouveau, ce qui ne l’empêche pas d’être récurrent, à l’instar des problèmes humains… Bref, derrière la légèreté pétillante de ce film, il y a, à peine voilée, une noire désespérance, un regard profondément pessimiste…  Et puis, dans le même temps, un optimisme consolateur se fait jour : Les illusions sont peut-être meilleures que des remèdes, pour nos maux et nos tourments… Du 100% Woody Allen !... Un film à voir.


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