• Le Pharmacien de garde - de Jean Veber - 2003-

    Ce n'est pas toujours le cas, mais voici un coup d'essai qui est un coup de maître. Premier film de Jean Veber, fils de son père, sauf que son père, Francis Veber est aussi réalisateur, Le Pharmacien de garde est un polar, mais pas seulement. Car on sort ici des limites du genre, et rien n'est habituel dans ce film. D'ordinaire, les méchants sont d'abominables truands, souvent internationaux, ou bien des voyous issus de la racaille banlieusarde, ou encore un taulard libéré et qui replonge en retrouvant des potes ... Bref, ils sont là pour cogner : faut qu'ça saigne, et tant pis si le scénario ne tient pas la route ! Le public veut du sang et des morts ? Il en aura ! Ici au contraire, tout se tient, dans un suspense mystérieux, très inquiétant, et derrière lequel on va découvrir des situations très humaines : il y a de l'épaisseur psychologique et de la vraisemblance dans chaque personnage. On ressent dans sa peau l'angoisse des personnages troubles... Comme le dit le réalisateur Jean Veber lui-même : "On est ici aux frontières du fantastique et de l'horreur"... Quelle est l'histoire ?... Bien sûr, il y a un criminel et il y a un policier, mais même là c'est original, vous allez voir... Le film débute par un plan-séquence magnifique dans son horreur dramatique : la mer, les vagues, le littoral,  mais une mer épaisse recouverte de mazout... des oiseaux se débattent, agonisant dans le pétrole d'une marée noire, tandis qu'en fond sonore, Charles Trenet, d'un ton léger et badin, chante " la mer, qu'on voit danser le long des golfes clairs..."Superbe et bouleversant contraste entre une nature sauvage et belle et  la coupable industrie des hommes qui polluent : rien que pour ce générique, il faut avoir vu ce film... On se doute dès lors que la pollution jouera un rôle... mais lequel ? ... Levons le voile : au début de l'histoire on trouve un cadavre calciné : la victime, armateur responsable d'une marée noire, a été brûlée dans une mare de de fuel enflammé... un peu plus tard, un fumeur invétéré est retrouvé mort, tué d'une overdose de nicotine : plus d'une centaine de cigarettes qu'il a dû inhaler de force... Le meurtrier n'est pas une crapule de banlieue, mais un jeune pharmacien distingué à la gueule angélique : Vincent Perez... Ne supportant pas la pollution, il est parti dans une guerre contre tous ceux qui polluent : il les tue par là-même où ils ont péché : le mazouteur sera brûlé dans le fuel...le fumeur tué par le tabac...etc... La série des crimes justiciers va s'allonger, toujours commis avec une intelligence perverse... Or notre pharmacien rencontre un homme dans un bar : Guillaume Depardieu, qui fait l'homme. Mais non, pas le bar, lisez mieux, merde ! Les deux hommes sympathisent et se revoient. Et Depardieu est en fait policier, un policier fragile et un peu paumé ; il enquête justement sur cette série de meurtres étranges. Mais  il ne sait pas qu'il parle au pharmacien criminel, lequel ignore qu'il a en face de lui le policier qui le traque... D'amitié en confidences, les deux hommes se rapprochent, se devinent peu à peu... j'allais dire se pénètrent, mais je ne voudrais pas que les gays prennent leurs désirs pour des réalités, car il ne s'agit pas de ça !... Les meurtres continuent... Le policier et le pharmacien vont finalement découvrir mutuellement leurs rôles respectifs... La situation est alors cornélienne pour les deux hommes, car le policier se trouve pris entre son étrange amitié et son devoir de policier... Le pharmacien ne peut se résoudre quant à lui à liquider celui qui l'a découvert... Dès lors on s'achemine vers une fin inéluctable et dramatique sur laquelle je ne dirai rien ( faut pas tout dire, ça gâcherait le suspense!), sauf qu'elle me fait penser au roman de Steinbeck " Des souris et des hommes."... Un très grand film qui n'a pas eu le succès mérité, car les medias et la critique  n'ont guère parlé de ce premier film, injustement oublié à sa sortie. Du grand cinéma, sans intellectualisme chiant, mais avec un vrai suspense, un très beau jeu d'acteurs, sur un fond dramatique vraisemblable : la pollution qui détruit la terre ! Trop tard pour voir le film en salle... courez acheter le DVD. Sinon, volez-le !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :