• Encore un roman à l'écriture nothombienne étincelante, faite notamment de dialogues percutants, à la logique à la fois cruelle et implacable.... L'histoire est pourtant, au départ, d'une rare banalité : un mariage !... Dominique, une jeune secrétaire, belle, simple et sage, rencontre Claude, un homme sûr de lui, qui l'intimide un peu, mais qui est si brillant : il a le projet de créer une grande entreprise à Paris, et puis il est si prévenant avec Dominique, si délicat, et il parle si bien... La suite est tout aussi banale : conquise par les attentions et les cadeaux, Dominique épouse le beau Claude.... Banalité encore : tout change après le mariage : Claude devient distant, froid, méprisant, et même la naissance de leur fille, la petite Epicène, n'arrange rien, bien au contraire... Jusque là, vous voyez, ça ressemble à beaucoup de mariages comme on en connaît tous.... On serait tenté de dire : "Pas de quoi en faire un roman" !.. Eh bien si ! C'est là que le talent d'Amélie Nothomb fait toute la différence... De page en page, elle nous dévoile peu à peu les ressorts de cette histoire... Et derrière le Grand Amour se révèle peu à peu la terrible et permanente crapulerie humaine, faite de calculs sordides, d'égoïsme, de volonté de puissance, d'orgueil imbécile, de frustrations diverses.... C'est si bien écrit que l'on se prend à souffrir avec cette femme, avec ce couple à la dérive, et avec cette pauvre petite Epicène, qui subit les déchirures de ses géniteurs... Un excellent et court roman, mais qui met mal à l'aise... Comment peut-on ainsi se pourrir la vie mutuellement, alors qu'on n'en a qu'une, et qu'elle est si brève ?...

    NB : on appelle prénoms épicènes ceux qui sont les mêmes au masculin et au féminin : Dominique... Claude... noms des héros de ce livre, qui ont appelé leur fille Epicène, qui est évidemment le plus épicène des prénoms épicènes !!!


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  • Indiana est le premier des 42 romans de George Sand (1804-1876). George Sand l'a écrit alors qu'elle avait 29 ans. Il faut en convenir, ce texte a horriblement vieilli, non par sa forme, mais par le fond, par l'histoire ! On navigue en plein mélodrame pleurnichard, dans une histoire d'amour d'une invraisemblance rare :  un vieux colonel, M. Delmare  a épousé un jeune merlette de l'année, Indiana, issue de l'île Bourbon,  19 ans à peine, véritable oie blanche, complètement corsetée par la religion et muselée par la société ! Le sexe est ici  un horrible péché (sauf pour pondre des mouflets !), le plaisir des femmes, lui, est une horreur, un tabou absolu, et le clito est aux abonnés absents !!!...... Dans ce contexte, on trouve deux autres personnages : Ralph, un amoureux transi qui a partagé l'enfance d'Indiana, mais se refuse même de l'effleurer  alors qu'il en crève d'envie... Il est son mentor, son chaste protecteur au quotidien, son esclave dévoué... E! puis, bien sûr, il y a le salopard de service, le beau Raymon de Ramière, dragueur insolent et beau parleur qui n'a qu'un rêve  poinçonner Indiana et se casser ver d'autres aventures et d'autres périnées ! Et elle, Indiana, adore, comme toute oie blanche, le verbiage conquérant du bellâtre : amoureuse folle, elle se refuse à lui avec fureur et dignité ! Autrement dit, tous ces personnages se torturent mutuellement, pleurent, gémissent, dépérissent, se déchirent, se fuient et se poursuivent,  sans jamais céder d'un pouce ! Il y en a comme ça des pages et des pages... c'est long... c'est chiant .. Mais l'honneur est sauf : pas trace d'orgasme dans ces lignes !  Par contre, à travers  ces aventures abracadabrantesques,George Sand décrit en filigrane  la tyrannie du mariage de l'époque, où l'épouse n'est que la servante de son maître... Remarque : si les oeuvres de George Sand vous tentent, pas besoin de vous ruiner : Chez Amazon, vous pouvez télécharger instantanément sur votre liseuse Kindle les 42 romans de George Sand pour.... DEUX euros (vous avez bien lu !!)... 


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  • Un livre sublime, je le dis sans détour ! Oui, je sais, les gros machos couillus et cons qui vont lire mon article  (il y en a forcément beaucoup, hélas !) vont être révulsés par mon propos ! Benoîte Groult ? Cette cinglée, cette militante extréministe ! Et ils lâcheront le mot méprisant  : féministe !!!  comme si féministe était une insulte, comme tous les mots en 'iste" : communiste... terroriste... écologiste... féministe ! Eh bien, je vous le dis : Ainsi-soit-elle est tout sauf un ouvrage caricatural ou haineux !  C'est un véritable documentaire historique sur la condition des femmes, traitées en sous-hommes depuis des millénaires . On ne trouve pas ici un catalogue de slogans politico-braillards, mais un catalogue des faits, des textes, des lois, des propos, des discours qui montrent comment est organisée depuis des millénaires la mise au pas des femmes, leur mise en condition, au service des mecs ! ... L'auteur n'exige ni guerre ni revanche féminine : pas question que les femmes deviennent aussi connes que les hommes, elle exige tout simplement de mettre fin à la tyrannie de la violence et de la bite sur la moitié de l'humanité... Au fait, écoutons le grand naturaliste Linné, qui écrit "Je ne décrirai pas ici les organes féminins, car ils sont innommables" !!!...  Et je passe sur nos medias, journaux et télés, qui pleurnichent à grands cris sur les enfants qui meurent de faim, mais ne disent pas un mot, jamais, sur les petites filles qu'on mutile dès 7 ans, qu'on excise, qu'on infibule, par millions !.... Pas la moindre info, pas la moindre protestation, rien qu'un immense silence coupable, une ormerta complice ! Même les femmes journalistes se taisent, c'est dire à quel point les femmes sont culturellement  muselées !... Bref, je crois que ce livre, Ainsi-soit-elle, devrait être au programme de tous les établissements scolaires dès le CE2, afin d'éduquer les deux sexes dans le respect mutuel qu'il convient d'avoir entre êtres humains, en évitant de transformer nos mouflets mâles en petits frappes machistes ! Enfin, je suggère que chaque homme ayant commis des violences sexistes soit condamné à lire à voix haute ce livre, chaque jour, en prison... Une excellente thérapie, peut-être... 


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  • Le silence des abîmes est le deuxième roman de Philippe Lauga, qui nous avait donné à lire précédemment Nuit tragique à la feria, son premier roman, en 2019.... Ce deuxième livre, dans la ligne du premier, est un polar dont la plupart des épisodes ont pour cadre le pays basque. Un polar régional donc, mais pas que, puisque les tribulations de l'histoire vont nous mener jusqu'aux rivages du Bosphore, à Istambul. L'histoire débute par un dramatique mais banal accident de la circulation ; un vieil homme est renversé, un soir de pluie, par une voiture, devant sa villa de Biarritz... Pourtant, le commandant Sanlucar, de la PJ de Bayonne,  chargé de l'enquête, découvre bientôt des éléments étranges qui donnent à penser que cet accident apparent cache en réalité un acte criminel...  Mais à partir de là l'histoire, selon moi, dérape trop dans le sensationnel, l'extraordinaire, l'invraisemblable, avec des rebondissements et des coups de théâtre en veux-tu en voilà !  On a envie de dire "Trop c'est trop ! "...On passe du polar au mélo... Mais peut-être est-ce là un choix délibéré de l'auteur, et non une insuffisance de sa part... En effet, je trouve que ce roman s'insère dans une lignée de romans qui eut ses heures de gloire... au 19è siècle ! On appelait ces livres "La Bibliothèque bleue". Les titres étaient vendus dans les bourgades, les villages et les campagnes, par des colporteurs... Les lecteurs savaient lire bien sûr, mais ne disposaient pas d'une riche culture littéraire... Occupés aux rudes et harassants travaux des champs, ils avaient besoin de rêver, de s'évader à travers des aventures époustouflantes, où la vraisemblance n'avait pas une grande importance... Au fond, Le Silence des abîmes, même si sa lecture ne m'a pas totalement convaincu, ferait par contre un excellent film d'aventures, avec des péripéties multiples dans des paysages aussi variés que le pays basque, l'Algérie, le Bosphore, Istambul... Chers lecteurs inconnus qui lisez ces lignes, ne vous arrêtez pas à mon avis, Philippe Lauga mérite votre lecture ! Et que personne ne me tienne rigueur de mon avis, car je l'ai exprimé en pensant à ces mots de Montaigne : "Je donne ici mon opinion, non parce qu'elle est vraie, mais parce qu'elle est mienne"..

     


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  • Il s'agit du dernier volume des aventures de Célestin Louise, ce policier embarqué dans les affres de la guerre de 1914-1918. Chaque volume raconte une enquête policière, mais est aussi l'occasion d'évoquer de nombreux aspects de la première guerre mondiale. Dans ce dernier roman, la guerre est finie, Célestin Louise écoeuré par l'horreur des tranchées, démissionne de la police, et décide de se construire une autre vie, avec sa compagne, Jeanne. Ensemble ils embarquent sur un paquebot, le Rochambeau, à destination de New-York ! L'Eldorado ! L'Amérique, riche de promesses !... Mais à peine la traversée a-t-elle débuté, qu'on découvre à bord un cadavre, celui d'un homme abattu d'une balle de revolver... Et voici que, à la demande du commandant du navire, Célestin Louise se trouve mêlé à une nouvelle enquête, officieuse cette fois puisqu'il n'est plus policier...  Il n'a que sept jours pour démasquer le criminel, le temps de la traversée... Bien sûr, contre vents et marées (c'est le cas de le dire !) il  parviendra à élucider le mystère de cet assassinat tragique.... La fin de ce récit est un épilogue original, qui indique clairement qu'il n'y aura plus jamais de nouvelles aventures de Célestin Louise... C'était pour lui l'enquête ultime... Non, le policier ne meurt pas, mais cet épilogue est à la fois un peu  triste et très humain, à l'image  de notre vie à tous...  Un roman à lire sans arrière-pensée, pour un bon moment de lecture, comme toujours avec Thierry Bourcy, auquel je souhaite encore une longue vie d'écriture...


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