• Le sous-titre de L'Euphorie perpétuelle" est : "Essai sur le devoir de bonheur"....(publié en 2000 chez Grasset) ...Tout est dit ! Autrefois, dans les temps reculés, c'est-à-dire voici quelques petites poignées d'années, le bonheur était un espoir, une éventualité...Parfois aussi il éclatait, devenait une réalité délicieuse qui durait le temps d'une parenthèse plus ou moins longue, plus ou moins brève... Ainsi allait la vie, dans une alternance de moments de bonheur que l'on savourait dans la joie et la plénitude,  et d'instants plus sombres, où la souffrance s'accompagnait de l'espoir d'un bonheur futur.... avec en perspective lointaine le Paradis dans l'au-delà, suprême félicité qui permettait justement d'endurer nos souffrances terrestres !...Et puis, on en arrive à notre époque, où, plus particulièrement en Occident, il est devenu furieusement tendance de "jouir sans entraves ni temps morts" !... Le bonheur n'est plus envisagé comme une éventualité, mais comme un droit , et pas dans l'a-delà, non : ici et tout de suite, et tout le temps ! Pire, le bonheur devient ue norme, une règle impérative, une obligation, une tyrannie : Il FAUT être heureux ! Malheur à ceux qui ne le sont pas, on les montre du doigt ! Les magazines féminins et le Dalaï Lama nous donnent mille recettes quasiment impératives pour être heureux ! Bannie la souffrance ! Tellement bannie que l'on se demande comment on peut savoir que l'on est heureux si on l'est perpétuellement !!!...  L'Euphorie perpétuelle, tel semble être le nouveau  précepte moderne... et du coup, nombre de gens sont malheureux.. de constater qu'ils ne sont pas heureux comme on leur ordonne de l'être !... Pascal Brückner a écrit là un bel essai ; il ne s'agit pas de savoir s'il a raison ou tort, il livre son point de vue avec intelligence, et cet essai est une belle leçon de philosophie... Et puis ça se lit facilement ! Point besoin d'être diplômé par la Sorbonne pour lire et comprendre ! C'est écrit en (bon) français, dans un langage clair, avec des mots simples et des adjectifs qu'on a déjà rencontrés ! Ainsi, même les nuls et  les blondes pourront le lire avec profit !!!...


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  •  JULES MATRAT : Encore un livre sur la Première Guerre Mondiale, au même titre que Le Feu, de Henri Barbusse. Mais avec une différence importante : dans Le Feu, Henri Barbusse nous dépeignait la vie et les souffrances des soldats pendant la guerre. Le propos de Charles Exbrayat est autre, mas il est complémentaire de la démarche de Barbusse. Car le héros d'Exbrayat, on ne le suit pas pendant la guere...mais après, à son retour... Charles Exbrayat nous peint la vie de Jules Matrat, un jeune paysan que la guerre a brutalement arraché à sa ferme, à son village, à ses parents, et à fiancée, Rose,... sa promise comme on disait alors... Pendant la guerre, pour conjurer sa peur, pour conjurer la mort, il se réfugie comme tant d'autres dans de solides amitiés entre bidasses, des amitiés qu'on se jure éternelles... Et puis la guerre est finie, les cloches sonnent la victoire, chacun oublie, les amitiés se défont.... on oublie... Mais Jules Matrat n'oublie pas, lui, il n'oublie rien... Il n'oublie pas les horreurs des tranchées, et s'aperçoit vite qu'il ne peut en parler. On le rabroue, on ne comprend pas... Et puis, de quoi se plaint-il? il est revenu vivant, lui ! Il devrait s'estimer heureux ! De rejets en rebuffades, en reproches parfois, Matrat va se voir de plus en plus isolé, il ne parvient plus à s'intégrer, il trouve un autre monde, un monde qui ne le comprend pas... Il essaie de s'en consoler auprès de Rose, sa fiancée, mais Rose ne reconnaît plus Jules Matrat, il n'est plus le fiancé qu'elle a connu avant la guerre... c'est un homme trop différent qui est revenu, Rose va s'éloigner et Matrat va se trouver rejeté, une fois encore...une fois de trop.... Jules Matrat n'est pas mort à la guerre, lui...il va mourir après, à son retour, tué par les hommes, par les souvenirs de souffrance, par l'incompréhension.... A lire absolument, pour comprendre que les ravages de la guerre ne s'arrêtent pas avec la paix retrouvée, mais se prolongent bien au-delà...


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  • Lazare Ponticelli n'est plus. Né le 7 décembre 1897, décédé le 12 mars 2008 et enterré au cimetière d'Ivry-sur-Seine, il était, à l'âge de 110 ans, le dernier des "Poilus", ces combattants de la Grande Guerre 1914-1918. Désormais, plus personne ne peut nous parler directement de cette guerre... Il n'y a plus de souvenirs...

    ... Il reste les livres pour témoigner de ce que fut cette guerre, et parmi eux LE FEU, par Henri Barbusse, écrit par l'auteur au plus fort des combats, en 1915. LE FEU est un roman, mais il est un véritable témoignage de ce que fut l'horreur des tranchées, la vie dans la boue, une vie constamment menacée par les bombardements, par les balles ennemies, et même par les baïonnettes, dans de terribles corps-à corps... Ils s'appellent Volpatte, Becuwe, Marthereau, Barque, Fouillade, Paradis ( étrange nom dans cet enfer )... ce sont les héros du roman, chacun issu d'un milieu social différent, mais tous partageant la même boue, le même froid, et la mort, qui rôde à chaque seconde....

    Extrait :"Ils déposent le mort qui est habillé de neuf. - Ya pas longtemps, va, qu'il était d'bout, dit un des porteurs. V'là deux heures qu'il a reçu sa balle dans la tête pour avoir voulu  chercher un fusil boche dans la plaine ; il partait mercredi en permission et voulait l'apporter chez lui. C'était un sergent du 405è, classe 14, un gentil p'tit gars avec ça...Il nous le montre : il soulève le mouchoir qui est dessus la figure ; il est tout jeune et a l'air de dormir ; seulement les prunelles sont révulsées, et une eau rose baigne les narines, la bouche, les yeux..."

    Pas de complaisance dans le style, une écriture nette et précise, d'où naît l'émotion, la compassion, le frémissement que nous ressentons devant tant d'horreur ! Une horreur qui n'est pas qu'un roman, une horreur qui fut l'histoire vraie  de millions de "troufions"...., nos grands-parents, nos arrière grands-parents... LE FEU, de Henri Barbusse, obtint le Prix Goncourt, en 1916, en pleine guerre... C'est un livre qui n'a pas vieilli, et qu'on peut lire à un double titre : pour la littérature, et pour le souvenir...


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  • Voici assurément un livre choc. Mieux : un livre qui dérange et qui secoue le monde de l'écriture, du livre, de la littérature. Pierre Jourde, l'auteur, nous fait partager ici ses réflexions ironiques et cinglantes de vérité sur les dérives de la littérature en ce début de 21ème siècle... Peut-on encore parler de littérature lorsque les livres sont fabriqués comme de vulgaires produits de consommation courante et obéissent aux mêmes contraintes de la publicité ? Que reste-t-il de la littérature à l'ère des "people" ? Pas grand-chose en vérité !... Mais attention, Pierre Jourde ne nous présente pas ici une thèse savante et ennuyeuse, il ne se livre pas à une critique anonyme, non !... Il cite courageusement les faux auteurs, tous les Sollers, les Harlan Coben, les Marc Lévy, les Christine Angot, tant d'autres encore que les éditeurs publient à tour de bras...Parce qu'ils ont du talent ? Parce qu'ils sont des écrivains ? Non ! Parce que ces bouquins ne sont même pas faits pour être lus... seulement pour être vendus ! Le bouquin est imposé à coup de pub, un plateau-télé animé par un imbécile rigolard, et le tour est joué : le bouquin se retrouve en tête de gondole dans les hypermarchés, quelque part entre les frigos et les clefs USB ! ! Les gogos se ruent dessus, l'achètent,... non pour le lire, mais pour l'offrir à un malheureux ami, lequel range le bouquin dans un coin sans l'ouvrir..ou le revend sur ebay : il n'y a pas de petit profit !.... Et deux mois plus tard, on n'entend plus parler du "best-seller", disparu à jamais dans la trappe de la nullité, pendant que l'auteur, ravi du fric apporté par des lecteurs, qui croient lire, se goberge à l'île Maurice, sur une plage de sable fin, près d'une petite blonde appétissante : c'est toujours ça de pris, même la mauvaise littérature a du bon, de ce point de vue !...Amis lecteurs, si vous écrivez vous-même, si vous croyez à la beauté de l'écriture, si la littérature vous semble digne  de grandeur, de souffle et de talent,  laissez ici vos illusions ! Le livre n'est plus qu'un produit de consommation ! Il est bon de le savoir...Pierre Jourde nous l'explique avec talent et humour, lisez-le !...


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  • Anna Sam est une jeune fille, du genre qui pétille ! Esprit vif, étudiante en lettres, elle a eu l'idée, simple et saugrenue, de se faire embaucher dans une grande surface, un hypermarché, comme caissière... mieux : comme "hôtesse de caisse" ! Hôtesse de caisse, ça sonne tellement mieux dans notre monde qui a peur des mots simples !  Et de cette expérience professionnelle originale et humaine, elle a tiré un livre désopilant : "Les tribulations d'une caissière" . Dans un style simple et accessible au plus grand nombre, elle dépeint le monde étonnant des grandes surfaces, avec un humour qui décape, une intelligence vive, un regard ironique mais jamais méchant ! Elle y dénonce le crétinisme de certains clients, leur arrogance, leur mauvaise foi... mais aussi bien d'autres aspects de la vie d'un hyper ! Elle note, amusée, la façon dont les clients l'interpellent :

     

    - Vous êtes ouverte ?....!!

    - Vous êtes une caisse ?...!!

    - Je peux venir sur vous ? !!!

    Au fil des chapitres, Anna Sam nous convie à cette visite guidée d'un hypermarché, telle qu'on ne nous la propose jamais, même pendant les Journées du Patrimoine ! N'hésitez pas !  Si la rentrée vous a semblé morose, si l'automne vous met au coeur un brin d'amertume,  prenez votre caddie et courez  acheter, au rayon bouquins de votre supermarché, les "Tribulations d'une caissière" : voilà 15 euros (environ) que vous ne regretterez pas. Un livre désopilant donc... encore que, derrière le rire, se cache, pudiquement, la condition souvent difficile de ce métier si utile et si peu reconnu de caissière... A lire absolument... "

     


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