• Des femmes qui dansent sous les bombes, par Céline Lapertot, 2016

    Le sujet du livre est poignant : le viol des femmes en Afrique par les rebelles, miliciens ou autres guerriers brutaux, en Afrique, au Mali, au Soudan, qu'importe... ... Séraphine, violée sous les yeux de ses parents qui seront finalement tués, va se reconstruire  au milieu des "lionnes impavides" ces femmes violées qui deviennent des combattantes... La cause méritait  de faire l'objet d'un roman. Hélas, c'est raté sur toute la ligne... Du début à la fin, l'histoire n'est qu'un long monologue, un étalage des états d'âme forcément douloureux des protagonistes de l'histoire, mais tout cela patauge dans une écriture où se mêlent les considérations générales, des propos plus ou moins philosophiques sans envergure,  des substantifs abstraits et froids, statiques, comme si l'auteur, submergée elle-même par son sujet, avait été incapable de maîtriser son émotion, se contentant de répéter inlassablement les mêmes mots, les mêmes phrases... C'est long, touffu, lancinant, inutilement redondant, ça ressemble à une ébauche, à un brouillon inachevé... En  lisant ce roman raté, j'ai pensé au roman" Le Feu" de Henri Barbusse (1916). Lui aussi avait choisi de traiter un sujet atroce : la mort dans les tranchées pendant la guerre de 1014-1918 : mais lui, il y avait réussi : quel souffle dans l'écriture et quelle puissance dans l'évocation ! Rien de semblable ici dans ce roman, seulement un interminable bavardage, une incoercible logorrhée dont voici un des multiples exemples : " Je ne pensais pas être capable de faire un choix comme celui-là.Voyez, elle n'était pas encore tout à fait entrée dans ma vie qu'elle me transformait déjà.  Je ne connaissais pas son nom, je voyais juste ses mains qui accomplissaient une action extraordinaire : planter la lame d'un couteau dans le corps d'un homme. Vous n'imaginez pas l'intensité de mon éblouissement. De l'éblouissement de toutes les femmes qui s'occupent de charrier la terre en évitant de croiser le regard des hommes. Elle était divine et violente,  je n'imaginais pas que la violence pût être salutaire. Courber la tête, je pense que vous me comprenez. Je me suis laissé happer par l'ivresse de vivre, je n'imaginais pas un instant survivre  aux mains du milicien.."(page102)...etc... etc... Il y en a  213 pages comme ça... Je regrette vivement qu'une telle inspiration ait accouché d'une aussi piètre histoire, car il faut en convenir, Céline Lapertot sait décrire les souffrances, sans doute aussi les ressentir profondément, mais ne parvient pas à nous les faire partager... Il y a trop d'application dans son écriture, on dirait qu'elle s'écoute écrire, si je puis dire !... Est-ce une constante chez elle ? Je n'en sais rien, je n'ai encore rien lu d'autre, d'elle. Je serai donc indulgent, et puis je suis plein d'espoir : Céline Lapertot est jeune ;  née en 1986, elle a encore le temps d'affûter son écriture... Je le lui souhaite, pour elle et pour nous les lecteurs.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :