• Crime et Châtiment - Musée d'Orsay-

     CRIME ET CHÂTIMENT - Exposition Musée  d’Orsay

    Visite organisée par le Centre Culturel de Vitry

    Le 15 avril 2010


    Conçue par Robert Badinter, l’exposition Crime et Châtiment retrace, à travers la peinture, la représentation des crimes et des châtiments réservés aux criminels, sur une période qui va de 1791 à nos jours. En arrière-plan, une question sans réponse : pourquoi le mal ? Pourquoi la mort donnée volontairement à des hommes par des hommes ?... La visite est guidée par une conférencière. On parcourt ainsi l’histoire des crimes et de leur punition à travers des œuvres artistiques…

    A l’origine : nous sommes tous des assassins. Pas étonnant, puisque le premier criminel de l’histoire de l’humanité est Caïn, qui tue son frère Abel : premier meurtre et premier fratricide, coup double ! Et c’est donc de Caïn, le survivant, que nous descendons ! Etonnez-vous après ça de la présence du Mal ! Le tableau de Pierre-Paul Proudhon montre le Justice et la vengeance poursuivant le crime : on voit que le bras de la Justice est plus en avant que celui de la vengeance, pour signifier que c’est à la justice de punir, non à la vengeance…

    1791,  la mort égalitaire : Les nombreux supplices, les tortures en tous genres sont abolis par la Révolution. Désormais, la guillotine et son couteau de 40 kg assurent à tous les criminels une mort égalitaire ! Le musée d’Orsay expose la dernière guillotine employée en France ( Rappelons que l’abolition en 1981 de la peine de mort a été assortie de l’interdiction de montrer au public la guillotine pendant une période de 25 ans, ce délai est maintenant expiré).

    1793 : Premier projet d’abolition de la peine de mort, déposé par Le Peletier de Saint-Fargeau, lequel vote cependant la mort de Louis XVI et est assassiné le jour même, le 20 janvier 1793. Un tableau représente Le Peletier sur son lit de mort. Bien sûr, plusieurs toiles représentent l’assassinat de Marat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. Tantôt Charlotte Corday est représentée comme la fourbe criminelle, tantôt comme une belle égérie à l’image de Jeanne d’Arc, dans une ambiguïté qui persiste de nos jours.

    En 1817, Géricault peint l’assassinat de Fualdès, ancien député de l’Aveyron, égorgé à Rodez le 19 mars 1817 : c’est l’apparition du fait divers en peinture ; mais c’est un échec, car les journaux font mieux en ce domaine, avec une large diffusion.

    La période romantique : On s’attache alors à montrer la femme fatale, c'est-à-dire la femme criminelle. Et la femme est doublement criminelle, puisque elle doit en principe donner la vie… Dans le même temps, Goya peint à la fois l’horreur et le sublime des brigands.

    La tête de l’emploi : Le peintre Hugues Foureau peint la tête décapitée de Fieschi, qui avait tenté de tuer Louis-Philippe en 1836. C’est le début des études scientifiques sur les caractéristiques des visages. Le Dr Georget tente de discriminer les fous (non responsables) des criminels (responsables).

    1880-1920 : Canards et Apaches : L’apparition d’une presse illustrée à grand tirage donne un retentissement spectaculaire aux crimes, en flattant les passions les plus basses du public. C’est l’époque des terribles apaches qu’il ne fait pas bon rencontrer dans les rues. C’est « Le Petit Journal » qui est en pointe dans ce domaine : récits et illustrations spectaculaires, « des romans autrement mieux faits que ceux de Walter Scott », écrit Balzac … En 1928, Joseph Kessel crée le magazine « Détective », dans lequel la rédaction allie précision sordide, cruauté, érotisme, drame, suspens…. Kessel justifie ces récits : « Le crime existe, c’est une réalité, et pour s’en défendre, l’information vaut mieux que le silence. » On peut penser également que le récit des meurtres permet aux lecteurs de « se laver » de leurs mauvaises pulsions, par le phénomène de la catharsis.

    Fin des galères, début du bagne : Vers 1750, sous Louis XV, les galères sont supprimées. Les navires restent alors à quai dans des ports : Toulon, Brest, Rochefort…. Et on y entasse les condamnés : c’est la naissance des bagnes, où l’on conduit les prisonniers après une longue marche enchaînée le long des routes, où leur passage doit servir d’exemple. Les bagnes seront ensuite « expatriés » vers la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, avant d’être supprimés en 1938.

     Fin du 19è siècle, début du 20è siècle : Le crime et la science : On tente de caractériser le criminel et de le prévoir. Dans la foulée des lois de Mendel et des théories sur l’hérédité, se met en place une théorie de la dégénérescence : les criminels-nés (théorie de Lombroso dans les années 1875). Se pose alors la question de la responsabilité du mal : punir ou soigner ? Chez Zola, il y a une véritable fatalité de la déchéance humaine… Tout se passe comme si les caractères physiques l’emportent sur les caractères de l’âme….

    Plus tard, Alphonse Bertillon lance les bases de la police scientifique : photographie anthropométrique, empreintes digitales, photographie systématique des lieux du crime et des victimes.

    Le surréalisme et le crime : De même que le romantisme un siècle plus tôt, le surréalisme, dans les années 1920 et plus tard, est fasciné par le crime. Violette Nozières et les sœurs Papin, sont, aux yeux des surréalistes, des héroïnes. Tout ce qui relève de l’ordre est rejeté. André Breton déclare : «L’acte surréaliste le plus simple consiste à descendre dans la rue, revolver au poing, et à tirer tant qu’on peut au hasard dans la foule »…

    Après ça, on s’étonnera de la violence actuelle !

    Il y a encore  bien d’autres choses dans l’exposition « Crime et Châtiment »… Alors, allez-y. Mais la question demeure : pourquoi la violence humaine, le crime, la mort donnée aux autres ? Pourquoi le premier commandement religieux «  Tu ne tueras point ! » est-il quotidiennement bafoué partout dans le monde ?.... Mystère ! Eh oui, il y a encore des mystères dans l’humanité, et heureusement : ça permet aux philosophes de philosopher… pendant qu’ailleurs, un peu partout, on continue de s’étriper !





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