• Crépuscule taille unique, par Christine de Rivoyre, 1989

    On ne peut pas dire grand-chose de péremptoire à propos de ce roman, car il n'offre pas prise aux débats ou aux polémiques ; chacun le ressentira en fonction de sa sensibilité et de ses attentes. Pour moi, ce n'est pas vraiment un roman, car il ne m'emporte nulle part. Ce livre est la chronique de deux existences : une femme, Nora, qui vit dans les Landes, proche de la nature, avec ses deux chevaux qu'elle adore, au point que c'est à peine s'il y a de la place pour Daniel, un dentiste rencontré dans e choc des vagues, et dont on se demande bien ce qu'il vient faire dans cette histoire, qui d'ailleurs n'en est pas une... Tout commence ici par la mort de Buveur d'Air, le vieux cheval... On a donc droit à l'évocation de la vie de l'auteur auprès de ce cheval, et à d'interminables lamentations sur sa mort.. Et puis le livre embraye sur la vie quotidienne, au jour le jour : il y a la jument, qui elle n'est pas morte, il y a les trois chiens, et puis il y a un voisin au destin tristement banal et sans éclat : Gabriel, surnommé Gaby, un coiffeur.. donc homosexuel (évidemment !)... donc aussi terriblement attaché à sa mère (évidemment !) Les poncifs ont la vie dure !...... Le livre traverse ces vies diverses, ces existences croisées, dans un fatras pointilliste d'innombrables anecdotes minuscules dont l'accumulation au fil des pages n'apporte au roman aucune unité, aucune progression, et pas le moindre suspense. C'est seulement le temps qui passe, les gens qui vieillissent, tous... On sent que tout ce qui est raconté touche profondément le coeur de l'auteur, sans parvenir à émouvoir celui du lecteur, du moins pour ce qui me concerne. Je suis constamment resté extérieur, comme un témoin de ce livre, sans jamais l'investir de ma pensée, sans jamais en ressentir la moindre émotion. Il n'y a que la titre qui soit réussi : Crépuscule taille unique, c'est au départ  une paire de bas dans une grande surface, modèle Crépuscule, taille unique. Au sens figuré, cette expression caractérise bien sûr la vieillesse, crépuscule de la vie, et taille unique, pour rappeler que ce crépuscule touche tout le monde, indistinctement et de la même manière... C'est tout, rien d'autre à ajouter. Livre pénible, triste, confus et fade pour moi... Et pour vous ?.... 


  • Commentaires

    1
    Coco
    Jeudi 15 Août 2019 à 19:49

    Pas du tout mais alors pas du tout d'accord avec cette critique.

    Je suis en cours de lecture, presque à la fin, de ce livre, et j'ai l'impression d'être avec les personnages, de ressentir leur mélancolie, leurs émotions, le chagrin de Nora (et quel chagrin de perdre un compagnon après 27 ans de vie commune), l'éternelle question sur le temps qui passe, leur joie pour des moments tout simple.

    Je n'ai pas vu de lamentations interminables sur la mort du cheval mais l'expression du chagrin, de la douleur. Mais peut être ne connaissez-vous pas ce sentiment si vous n'avez jamais perdu un être proche et même si c'est un animal ?

    Quant à Gaby, son homosexualité est suggérée en toute simplicité. Il raconte ses rencontres passées et les descriptions ne seraient pas différentes si c'était un hétéro qui racontait les siennes. Mais peut-être n'avez-vous pas d'amis homosexuels car sinon vous constateriez que les couples homosexuels vivent comme les couples hétérosexuels ?

    Je ne vois aucun lien avec son ancien métier ; tous les coiffeurs ne sont pas homo enfin !

    C'est un livre simple effectivement, et écrit simplement, mais je pense qu'il faut regarder derrière les mots, car alors surgit tout un questionnement, une introspection.

    C'est un livre qui est loin d'être confus et fade, les sentiments, les paysages, les situations y sont bien décrits.

    Triste, il peut l'être ponctuellement je suis d'accord, mais ce n'est pas cela qui fait le livre.

    Quant à dire pénible, je ne peux évidemment pas vous l'accorder, car personnellement je le trouve tendre, attentionné, reposant, apaisant.

     

    Madame de Rivoyre était une grande écrivaine, membre du jury du prix Médicis, Commandeur de l'ordre des arts et des lettres. Son écriture nous manquera .

    Je pourrai encore en ajouter, mais non...

    2
    Jeudi 15 Août 2019 à 23:30

    Merci pour  votre commentaire. Il a le mérite d'être argumenté et nuancé, et pour ma part, je ne vois pas d'opposition entre vos propos et les miens ; ils sont seulement complémentaires en ce que la lecture n'est pas un acte mécanique, ce n'est pas le simple décryptage de phrases par le cerveau pour suivre une histoire, mais la rencontre d'un récit avec la sensibilité  du lecteur. En sorte que l'auteur, l'histoire et le lecteur se croisent à travers la lecture, et qu'il en résulte  des ressentis très différents. Il y a presque autant de perceptions du roman qu'il y a de lecteurs... Les mêmes paysages seront vus différemment selon que le lecteur porte des lunettes bleues, des lunettes roses, ou aucune paire de lunettes... Que nos différences d'appréciation ne nous empêchent pas de lire, au contraire ! Amis inconnus qui venez de lire ma critique et celle de Coco... départagez-nous ! Lisez Christine de Rivoyre, parce qu'elle le vaut bien !... Enfin, qu'il soit bien clair que mes propos n'ont pas de valeur universelle, car, comme le disait Montaigne : " Je donne ici mon opinion, non parce qu'elle est vraie mais parce qu'elle est mienne"... 

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