• Butte aux Cailles - 28 juillet 2001

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                Du Parc Montsouris à la Butte-aux-Cailles

                                             

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    Il pleuvait hier, mais le soleil brille ce samedi 28 juillet 2001, le temps est idéal pour cette balade parisienne. La promenade d’aujourd’hui a pour point de départ le boulevard  Jourdan, devant la sortie de la station RER « Cité universitaire ». Nous y arrivons vers 9h30, ce qui  laisse le temps d’une courte promenade pédestre dans les allées verdoyantes et vallonnées du parc Montsouris, avant le rendez-vous fixé à 10 heures ; il ne fait pas encore trop chaud, un restant de brise matinale nous rafraîchit… Allez !… Comme d’habitude, suivons le guide et ses pas ! Un mot d’abord sur le parc Montsouris ; ce parc occupe l’emplacement d’anciennes carrières de calcaire, d’abord exploitées à ciel ouvert puis dans des galeries souterraines au 19è siècle. Le sous-sol, particulièrement instable, rendait impossible tout projet immobilier. En outre, avec Napoléon III, Paris se dote, pour la première fois, d’un projet global et cohérent de politique urbaine, au terme de laquelle il est prévu d’entourer Paris de 4 grands parcs ; à l’est et à l’ouest, il y a déjà le Bois de Vincennes et le Bois de Boulogne… Dans ces conditions, l’ingénieur Alphand va créer deux nouveaux parcs : au nord, les Buttes Chaumont, au sud le Parc Montsouris, inauguré en 1869 ; le jour de l’inauguration, le lac artificiel, alimenté alors par le viaduc d’Arcueil, se vida ! Et l’ingénieur chargé de sa mise en oeivre se suicida ! élaboré selon la mode des jardins anglais, il est vallonné et s’articule en vastes clairières irrégulières destinées à mettre en valeur des arbres isolés ou des groupes d’arbres ou d’arbustes… Sa superficie est de 19 hectares. En face, nous parcourons la Cité Universitaire ; Celle-ci, destinée au logement des étudiants du monde entier, comprend un grand nombre de pavillons, dont chacun représente un pays, mais aussi un style d’architecture. La Cité Universitaire fut construite à partir de 1922, à l’initiative notamment de l’industriel Deutsch-de-la-Meurthe et de Paul Appell, recteur de l’Académie de Paris. Tous deux d’origine alsacienne, ils avaient été particulièrement marqués par les ravages de la première guerre mondiale ; il estimaient que pour éviter le retour d’un tel conflit, il convenait de promouvoir la formation de haut niveau de tous les peuples, et de faire en sorte que les étudiants du monde entier puissent se côtoyer, et étudier au calme, à l’écart du centre ville ; la Cité Universitaire est la réponse concrète apportée à cette préoccupation humaine et philosophique. C’est la raison pour laquelle, dans les divers pavillons, les nationalités sont mélangées délibérément : ainsi il n’y a pas que des américains au pavillon des Etats-Unis, et des quotas sont institués afin que les pavillons hébergent des étudiants provenant de pays très divers…La Cité Universitaire ne ressortit pas du Domaine Public mais relève d’une fondation. Nous parcourons quelques-une de ses allées ; le pavillon principal, construit par l’architecte Bechmann, reprend le style du 17è siècle. Plus loin se dressent les nombreux pavillons de la Fondation Deutsch de la Meurthe, autour d’un beffroi non religieux ; l’ensemble est de style anglo-saxon avec des bow-windows, et le rappel des régions du nord est suggéré par le beffroi… Nous rejoignons le boulevard Jourdan, et pénétrons dans le Parc Montsouris, suivant le trajet du sentier de Grande Randonnée GR 10. Dans une allée, nous passons devant la mire du méridien de Paris, qui répond à la mire située sur la Butte Montmartre. Plus loin, un ensemble statuaire rappelle le passé du lieu : le monument, élevé à la mémoire de ceux qui ont péri dans les carrières, représente un mineur portant le corps d’un de ses camarades, tué dans une galerie… Nous sortons du parc par la rue de la Cité Universitaire, juste en face d’un immeuble 1930 dû à l’architecte Rouchpitz ; l’immeuble est composé d’appartements et d’ateliers d’artistes ; tout en haut, l’appartement avec terrasse sur le ciel était celui qu’occupait l’aviateur Jean Mermoz en 1936, au moment de sa disparition… Rue d’Arcueil, nous pénétrons dans la minuscule rue Liard, qui abrite des petits pavillons et des ateliers d’artistes… Nous empruntons ensuite la rue Auguste Lanson, bordée d’immeubles très laids des années 60, en pensant toutefois que cette rue suit, à peu près, le trajet qui était celui de la Bièvre, et qu’on repère en particulier grâce à la présence des peupliers qui longeaient la rivière et dont certains subsistent encore… Nous arrivons ainsi à la Cité Florale, une suite de rues champêtres aux noms de fleurs : rue des glycines, rue des iris… Partout ce ne sont que de charmants pavillons, avec leurs jardinets fleuris… On se croirait dans une banlieue semi-rurale… A vrai dire ce n’est pas très étonnant : en effet, ce quartier, aujourd’hui parisien, faisait partie jusqu’en 1860, de la commune de Gentilly, et a conservé son caractère banlieusard… Un peu plus loin, à l’angle de la rue de l’Espérance et de la rue de Tolbiac, nous faisons une halte dans un café, pour écouter l’histoire de la Butte-aux-Cailles, quartier que nous allons ensuite découvrir… Notre guide lit un article écrit au siècle dernier par Pétrov, un journaliste russe : après avoir ironisé sur les Parisiens, vissés à leur asphalte, incapables de quitter leur ville, et qui considèrent que Paris est le seul centre du monde, Pétrov en vient à décrire le quartier de la Butte-aux-Cailles ; selon lui, c’est une zone épouvantable de masures délabrées, de galetas sordides, un bourbier putride, un tas d’immondices, une puanteur innommable de crasse corrompue !… Cette description tranche avec le quartier actuel, « branché » et artiste !… Contrairement aux apparences, il n’y a jamais eu de cailles sur cette butte ; en effet, l’historien Michel Roblin mentionne qu’en 1543, un certain sieur dénommé Pierre Caille acheta un grand domaine de vignes situé ici ; c’est de cette origine que provient le nom de « Butte aux Caille », c’est à dire la butte appartenant aux « Caille » Cette butte faisait partie, jusqu’en 1860, de la commune de Gentilly. Elle fut, après 1848, le quartier des chiffonniers et des ouvriers du cuir ; elle prit une part très active aux côtés des Communards en 1871. En 1783, près d’un siècle plus tôt, c’est là qu’atterrit la montgolfière partie du parc du château de la Muette, 9 km plus loin avec à son bord  Joseph Montgolfier, l’inventeur, ainsi que Pilâtre de Rozier… Les Montgolfier étaient une famille de papetiers d’Annonay… Il existe deux versions de l’origine de l’idée même de montgolfière… Selon la première, la plus romantique, le petit Joseph Montgolfier avait été amoureux d’une petite fille qui avait perdu sa maman ; et comme il vit qu’elle en était très triste, il lui fit une promesse : « Quand je serai grand, je te construirai un bateau pour que tu puisses la retrouver dans le ciel ! »… Une autre version, plus vraisemblable, rapporte que Joseph, rentré trempé après une grosse averse, avait enlevé sa chemise mouillée pour la mettre à sécher ; il attendait, lorsqu’il s’aperçut que sa chemise se soulevait devant la cheminée, gonflée par l’air chaud… Il en conçut l’idée de la montgolfière et fabriqua divers modèles avec le papier des usines familiales… Plusieurs essais sont réalisés en province, mais finalement les frères, Joseph et Etienne le cadet, décident de venir à Paris. Le cadet, Etienne, est davantage « manager » que son frère ; il a davantage le sens de la communication, et sollicite l’autorisation de Louis XVI pour un vol avec passagers ; mais Louis XVI est réticent ; cependant, Etienne insiste, car c’est une compétition entre les Montgolfier et leur ballon à air chaud et Charles, qui crée dans le même temps le ballon à hydrogène…Finalement, le roi donne son accord… Parti du Château de la Muette, la montgolfière emporte deux passagers ; mais, péché de jeunesse, la montgolfière prend feu, et oblige à un atterrissage plus rapide que prévu, et qui a lieu à la Butte aux Cailles, très probablement à l’emplacement actuel de l’école Saint-Vincent-de-Paul, au numéro 49 de la rue Bobillot…<o:p></o:p>

    Notre balade nous conduit ensuite à travers les rues conduisant à la Butte aux Cailles… Rue Daviel, on peut voir une cité HBM construite par un prêtre au début du 20è siècle : elle comprend une série de maisonnettes accolées entourant un jardin central équipé de bancs ; le prêtre voulait que les gens soient bien logés et puissent communiquer et se rencontrer, sur des bancs, dans un jardin fleuri… Un peu plus loin, rue Vergniaud, nous entrons pour une courte visite dans le temple du Culte Antoiniste : c’est un culte théosophique, qui veut faire la synthèse de toutes les religions ; le Culte antoiniste est né en Belgique en 1910, et a été reconnu d’utilité publique par un arrêté royal du 3 octobre 1922. Ce n’est pas une secte, et il affirme n’avoir pas pour but de convertir, mais seulement de consoler, de guérir par la foi ; c’est une œuvre de charité morale, entièrement gratuite. La règle d’or est le silence ; on ne parle pas dans le temple, on se recueille et on prie… On lit, chaque dimanche matin, les textes écrits par Antoine, le fondateur… Ragaillardis par  notre intense et bref recueillement, silencieux comme il se doit, nous poursuivons la visite du quartier ; on est maintenant sur la Butte-aux-cailles : une petite place (Place de la Commune de Paris), des rues calmes et étroites qui font penser à des rues de village, avec des boutiques à l’ancienne, l’ensemble a beaucoup de cachet. Le quartier ne rassemble plus aujourd’hui chiffonniers et ouvriers, mais des gens appartenant aux milieux « branchés » : peintres, artistes, cinéastes, acteurs… Place Paul Verlaine, nous faisons une petite halte à la piscine de la Butte aux Cailles, à l’architecture typique des années trente… Le bassin est alimenté par de l’eau provenant d’un puits artésien… Encore quelques dizaines de mètres, dans un environnement curieux, sur cette butte où se côtoient des pavillons de banlieue et de gigantesques immeubles modernes, et on arrive Boulevard Auguste-Blanqui, fin de notre balade… Mais, après le départ du guide, Cricri et moi prolongeons notre promenade par un repas dans un petit restaurant du quartier… Enfin nous revenons à pied jusqu’au Parc Montsouris, où nous faisons une halte sur un banc, avant de nous plonger dans les entrailles étouffantes du RER qui nous ramène à la maison… C’est bien connu, les meilleures choses ont une fin… <o:p></o:p>

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