• 6773, Témoignage de guerre, par Pierre-Louis Mutz, 1949

    Il y a près de soixante-dix ans (vous avez bien lu !) que ce bouquin traîne dans ma bibliothèque. Pierre-Louis Mutz, un de nos voisins, qui habitait au 11 de la rue Ferdinand Roussel à Ivry, l'avait donné à mes parents. Auteur du livre, Tout jeune alors, je n'avais pas ouvert ce bouquin : c'est chient, les histoires de guerre et d'anciens combattants, quand on est jeune !!!...  il y racontait ses deux ans de captivité dans le camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, puis dans celui de de Barth, un petit camp beaucoup moins connu, sur la Baltique, tout au nord de 'Allemagne.... Je viens de lire cette odyssée de notre voisin. C'est bouleversant et c'est atroce ; on  ne raconte pas un tel livre : on le lit, et l'on y découvre, au détour de chaque page, toute l'horreur de la nature humaine : les tortures, les coups, la violence permanente, les humiliations, les travaux forcés, la maladie, la terreur au quotidien !... Je sais, on va me dire : ça, c'est les Nazis ! Oui, c'est vrai ! Mais on aurait grand tort de penser que seuls les nazis sont capables de telles abominations. Là est le piège. Car avec ce raisonnement, on se croit débarrassé de toutes violences à partir du moment où on a supprimé tous les nazis ! Tragique erreur ! Toute notre Histoire, bien avant les nazis, est jalonnée d'atrocités, de massacres gratuis dictés par le racisme et la haine. N'oublions pas, et ce n'est qu'un exemple parmi mille, que le maréchal Français de Saint-Arnaud, envoyée en 1835 en Algérie, enfermait des populations civiles dans des grottes puis enfumait les prisonniers jusqu'à ce que mot s'ensuive. Les enfermés étaient bien sûr des vieillards, des femmes et des enfants ! C'est tellement plus rigolo de torturer ceux qui ne peuvent se défendre !....  Par ailleurs, de nos jours encore, d'innombrables massacres, d'in croyables tortures sont perpétrées presque sous nos yeux ! On voit à à la télé, et on s'en fout ! On ne se mobilise que pour enterrer Johnny Hallyday, ce qui ajoute à la saloperie humaine un côté imbécile et pitoyable, désespérant...  Voilà ce que me suggère la lecture de ce récit "6773". Précision : ce chiffre, 6773, était le numéro matricule du prisonnier Pierre-Louis Mutz, un numéro en noir imprimé sur un tissu blanc cousu sur sa tenue rayée de déporté.  Vous ne trouverez pas ce livre, Il a été imprimé à compte d'auteur par Pierre-Louis Mutz. Car en 1949, aucun éditeur ne s'intéressait à un type qui pleurnichait sur ses souvenirs de guerre ! On préférait faire l'autruche, la tête sous le sable pour surtout ne rien voir, ne rien savoir ! ... Mais évidemment, quand on ne s'occupe que de foot ou qu'on a la tête dans le guidon du Tour de France, on oublie facilement que la Saloperie humaine est immense, permanente, et qu'elle n'a aucune frontière, ni dans le temps ni dans l'espace !.... 


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