•  Mineure, de Yann Quéffellec appartient à cette catégorie de livres qu’il devient extrêmement difficile d’écrire, dans une époque contemporaine où il est de bon ton de brandir des slogans et des mots d’ordre en guise de pensée. Ainsi, je n’ai qu’à évoquer d'éventuelles différences entre des peuples pour entendre ce cri réducteur : raciste ! Et quiconque ose évoquer la possibilité de tomber amoureux d’une jeune fille mineure s’attire (satyre !!!) l’accusation suprême : pédophile ! Ca jaillit comme un mot d’ordre, un cri, un slogan brandi sans la moindre réflexion, tant les médias nous habituent à ne réagir que de manière simpliste et binaire : oui/non… mal/bien… Je sais bien que l’enfance est innocence et qu’elle doit être préservée… Mais il n’y a rien du pédophile chez le héros de cette histoire ! Il est âgé de 55 ans, mais il n’a pas passé sa vie à chasser les minettes prépubères ! Pas la moindre violence dans cette histoire,... Il est marié et a deux filles, deux jumelles de 10 ans, il mène une vie familiale sans histoire… Et puis voici que cet homme normal, quelconque, s’éprend de la toute jeune Sibylle, 13 ans, ou plutôt, cède peu à peu aux avances effrénées de cette toute jeune fille, qui est tout de même à un âge où les couches sont remplacées déjà par les premiers tampax, ne jouons pas les autruches pudibondes…  Et puis, n’oublions pas un proverbe souvent cité encore de nos jours : «l’amour n’a pas d’âge…» On ne peut simultanément citer ce proverbe et s'insurger pour une différence d'âge. C’est tellement mystérieux, la façon dont un jour, à un moment donné, on peut être emporté par quelque chose qui nous entraîne irrésistiblement vers la sensualité, pas forcément vers le drame ni le crime ! C'est même souvent totalement imprévisible... Mais pour ceux qui auraient encore envie de brandir l’accusation de pédophilie à propos de ce livre, je vais vous raconter ce qu’est un pédophile, un vrai ! … Lisez ceci, ce n’est pas une fiction, hélas !... Nous sommes le 31 janvier 1907, à Paris. Au 78 rue Saint-Maur, un immeuble du 11ème arrondissement, vivent les époux Erbelding. Ils ont une fille, la petite Marthe, 11 ans. Leur voisin de palier, un nommé Albert Jules Soleilland, 26 ans, vient les voir. Ils se connaissent bien. Il propose aux parents d’emmener la petite fille à un spectacle. Les parents ont confiance, et la petite fille est toute contente de cette sortie improvisée. Soleilland l’emmène donc avec lui en ce soir du 31 janvier 1907... Quand Soleilland revient il est seul. Il raconte aux parents que la petite Marthe a subitement disparu dans la foule et qu'il croyait qu'elle était rentrée toute seule... Mais le petite fille ne reparaît pas... Une semaine plus tard, le 8 février 1907, on découvre, dans une consigne de la gare de l'Est, le corps découpé en morceaux de la petite Marthe, et l’autopsie montre qu’elle a été violée ! Horrible drame, crime affreux à n’en pas douter, même si le mot pédophilie n’existait pas à l’époque !... Soleilland est arrêté et avoue, il est condamné à mort le 24 juillet 1907, mais gracié par le Président de la République Armand Fallières, adversaire acharné de la peine de mort. Soleilland fut déporté au bagne de Cayenne où il mourut de tuberculose en 1920, âgé de 33 ans…. Pardon d’avoir été un peu long... Mais je crois que ça en valait la peine, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac sans réfléchir… Le héros du livre de Quéffellec n’est pas Soleilland ! Le mot de pédophilie est trop grave pour être prononcé à tout bout de champ et à la légère… Le procès d’Outreau en a été une tragique et terrible illustration. Lire un livre, ça doit permettre aussi de réfléchir un peu à des problèmes humains, à des problèmes de société... Mineure de Yann Quéffelec en offre l'occasion, ne la laissez pas passer ! (6 euros en Livre de Poche).


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  •  En ouvrant Le Chercheur d’or, je me sentais tiraillé étrangement entre deux sentiments contradictoires : d’abord une sorte de fascination mêlée de respect face à Le Clézio, Prix Nobel de Littérature, ce n’est pas rien ! Et dans le même temps une terrible inquiétude, en découvrant que ce roman avait fait l’objet d’un "commentaire  autorisé"  de Patrick Poivre d’Arvor, cet histrion médiatique infatué de sa personne, ce bateleur de plateaux tv, pompeusement intronisé comme « Membre du comité d’auteurs de France-Loisirs » ! Quand on voit le niveau général des bouquins proposé par ce club de livres, on frémit !… Et pourtant, une fois le livre refermé, je me dois de dire que les 420 pages du Chercheur d’or sont autant de moments qui participent du bonheur de lire. Car il y a tout, dans cette histoire d’un homme, le narrateur, qui qui vit quelque part entre Madagascar et l’île Maurice… Il y a son enfance au milieu des paysages exotiques et des cannes à sucre à la fin du 19è siècle, entre une mère aimante et un père inventif mais utopiste… Le narrateur passe les plus belles heures de son enfance auprès de sa sœur, Laure … Et puis les années passent, un ouragan détruit la maison et ruine le père, qui bientôt meurt… L’oncle Ludovic, un salopard, se jette comme un vautour sur les restes de cette famille et sur les terres… Le narrateur, le cœur déchiré, quitte sa mère et sa sœur, et le voici bientôt qui part à la recherche d’un mystérieux trésor, en se basant sur des cartes laissées par son père, rêveur impénitent… Le narrateur, au cours de sa quête, rencontrera une jeune fille sauvage, Ouma… Ils s’apprivoiseront, s’aimeront, mais survient le terrible mois d’août 1914… Nous retrouvons le narrateur loin des îles et des lagons, du côté d’Ypres en Belgique, sous un déluge de feu. Il en réchappe cependant et revient chez lui… Mais plus rien n’est comme avant… Ce pourrait être désespérant, mais au bout il y a toujours ce fameux trésor, que l’auteur finit par découvrir une nuit, en regardant les étoiles… Au-delà d'un véritable roman d'aventures, Le Chercheur d'Or est une réflexion intelligente et sensible, sur la vie, le temps, la mort... Bien entendu, l’histoire est servie par une écriture extrêmement construite sans être rébarbative, et des phrases qui nous plongent en permanence au cœur de la beauté sauvage de la nature, des choses et des êtres, de leur violence aussi. Et ce n’est sans doute pas un hasard si la sœur du narrateur se prénomme Laure tandis que son frère cherche de l’or… Car la tendresse de ces deux êtres l’un pour l’autre est également un fil conducteur tout au long de cette belle saga, de ce beau moment de littérature au meilleur sens du terme. C’est bien simple, l’auteur, JMG Le Clézio mériterait le Prix Nobel de littérature !... Euh… ah oui, c’est vrai, il l’a déjà, me souffle ma muse vigilante !... 


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  •  Je termine à l’instant Une ombre, sans doute, livre de Michel Quint, publié chez Gallimard dans la collection Folio, en 2008. C’est l’exemple-type de la ratatouille égotique et nombriliste en littérature. D’ailleurs, l’éditeur, sur la quatrième de couverture, utilise cette expression redoutablement hypocrite : « d’une densité et d’une richesse étonnantes » ! Il n’a pas tort : le roman est d’une grande densité, je le confirme, c’est-à-dire très lourd, limite indigeste. Et s’il est d’une richesse étonnante, ça veut tout simplement dire que l’histoire est bourrée, truffée de centaines et de centaines de détails minuscules sur des choses dont on se contrefout complètement, le tout dans des va-et-vient incessants et particulièrement pénibles entre le présent et le passé sur fond de guerre de 40. Le thème de l’histoire : Le narrateur vient d’apprendre que ses parents sont morts. Pire encore : suicidés. Quittant se vie de patache, il retourne sur les lieux de son enfance, et retrouve des parents, des amis, d’anciennes connaissances, à travers lesquels il essaie de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi… Bien entendu, cette démarche nombriliste passionne le narrateur : c’est sa vie, sa famille, son enfance, ses souvenirs, ses amours, ses émotions, ses douleurs… Oui mais voilà ! Tout ça, le lecteur s’en fout éperdument ! Les émotions de l’auteur ou du narrateur ne passent pas. On reste parfaitement extérieur, et on se noie dans le fatras des détails innombrables, tous aussi inintéressants les uns que les autres ! Tu parles si je me fous  de l’espion anglais caché dans la grange pendant la guerre ! Et des couturières qui pouffent devant une braguette tendue qui les émoustille ! Et toutes ces petites histoires de famille, ces coucheries, ces colères, ces divorces et ces rabibochages, tout ça nous emmerde pendant près de 250 pages. Moi, j’aime quand un livre m’emporte sur les sentiers de l’aventure ou de l’extraordinaire, ou dans la connaissance des mystères de l’âme humaine, mais là c’est raté, le grand souffle est absent : on se chatouille l’ego, on se contemple le nombril tout en restant au ras des pâquerettes, dans le pot-au-feu et les petites saloperies en famille ou entre amis. Voilà un livre qui n’apporte rien de grand ni de beau : juste les pleurnicheries interminables et chiantes d’un mec sur son passé, dans le style allô maman, bobo !  Une ombre, sans doute : Un livre à laisser… dans l’ombre, sans aucun doute !!!


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  •  Ras le bol de cette publicité incessante, hypocrite et dégueulasse pour la clope !...Voici une critique un peu particulière, puisqu’elle porte sur un film que je n’ai pas vu : Avant l’aube, avec Jean-Pierre Bacri,  Sylvie Testud, entre autres ! J’en ai déjà assez vu avec la bande annonce. Je m’explique : la bande annonce dure à peine deux minutes. Deux minutes pendant lesquelles, tant pour les scènes intérieures que pour les scènes en extérieur dans de beaux paysages de montagne, on nous inflige des images de personnages fumant clope sur clope, sans la moindre nécessité liée au scénario !... Pas loin d’une dizaine de cigarettes grillés à l’écran en moins de deux minutes, un record !...  Respirez l’air pur de la montagne !!!... C’est devenu une véritable manie du cinéma français ! Encore un exemple, sans doute, de la si brillante « exception culturelle française » dont on nous rebat les oreilles à longueur de débats intellos. Je comprends que les cinéastes soient souvent des types mal dans leur peau ayant besoin de drogues diverses. Quand on entend le bégaiement toujours énervé d’un Jean-Pierre Bacri, toujours le même depuis des années, on peut comprendre qu’il veuille s’intoxiquer au tabac, même s’il a tort… ça le regarde ! Mais de grâce, réalisateurs et acteurs, cessez de nous prendre pour des cons ! Cessez d’abuser de votre droit de tourner pour imposer aux autres ces innombrables images tabagiques qui sont une véritable publicité déguisée !... Il est où, le droit de réponse du spectateur devant ces images ?... Mesdames et messieurs les cinéastes et les acteurs : démolissez-vous à coup de clopes si ça vous chante, mais n’y incitez pas le public ! Il y a en France 60 000 morts par an à cause du tabac ! C’est rigolo de voir combien les cinéastes sont prompts à monter au créneau pour nous balancer à longueur de tournages des leçons de morale en brandissant toutes sortes de « problèmes de société »… Dans le même temps, inciter des gens à s’empoisonner, ça ne les gêne pas ! Ça ne les gêne ni au nom de la santé, ni au nom du civisme, ni au nom de la morale !... Rien que pour ça, je n’irai pas voir Avant l’aube, et je souhaite que tous ceux qui ont le souci de la santé de leurs concitoyens et de leurs enfants fassent de même : boycottez tous les  films faisant hypocritement l’apologie de la clope ! Ça donnerait aux cinéastes et à certains acteurs une bonne leçon, et les inciterait à cesser de nous emmerder avec la clope à longueur de films ! Un chiffre, je le rappelle encore  : 60 000 morts par an en France du fait du tabac !  Pour que ce nombre diminue, commençons par boycotter Avant l’aube ! Un petit pas dans la lutte anti-tabac, un grand pas dans la démarche civique !


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  •  Il y a des gens qui se ruent sur le dernier film sorti, comme s’il était forcément meilleur puisque nouveau ! En suivant ce raisonnement un peu stupide, il faudrait ne jamais aller au cinéma, et attendre le film suivant forcément mieux.  Et quand il sera sorti, n’allons pas le voir, puisque le suivant sera sans doute encore meilleur ! Moi, j’aime à me plonger de temps à autre dans le cinéma du passé, ne serait-ce que pour découvrir des films anciens que je n’ai jamais vus, ou que j’ai oubliés, ou que je veux revoir avec un autre regard, alors que le temps a passé. Cet après-midi j’ai donc vu Le Cas du Dr Laurent, film de 1957 réalisé par Jean-Paul Le Chanois (décédé en juillet 1985), avec Jean Gabin dans le rôle du Dr Laurent. L’histoire ressemble davantage à un documentaire social qu’à un film traditionnel. De quoi est-il question ?... Lisez : Le Dr Laurent arrive de Paris dans un petit village de Provence, pour remplacer son confrère, un vieux médecin local qui prend sa retraite. Or le Dr Laurent arrive avec de « drôles d’idées » : Il veut mettre fin aux intolérables douleurs des femmes au moment de l’accouchement. Non pas à coup de morphine ou autres drogues, mais en les informant sur leur grossesse, sur leur corps, en leur apprenant à vivre leur grossesse, à respirer autrement et à participer à l’accouchement au lieu de le subir… Il est pas un peu fada, ce Parisien ?... Bien entendu, ce n’est pas pour médire de la Provence, mais dans le village rocailleux qui sent l’ail et le pastis, le discours du Dr Laurent passe très mal : c’est qu’on a affaire ici à la bêtise crasse de la France profonde, avec ses préjugés, son machisme ordinaire, ses ragots, ses basses délations calomnieuses qui conduiront le Dr Laurent à passer devant le Conseil de l’Ordre des Médecins, où il finira cependant par faire la preuve de l’efficacité de sa méthode, lorsque tout un groupe de femmes arrive, entourant l’une d’entre elles, qui accouche sans douleur selon la méthode du Dr Laurent, devant un Conseil de l’Ordre abasourdi !... Certes le film (belles images en noir et blanc)  ne ressemble pas au cinéma d’aujourd’hui, mais il rappelle à celles et à ceux qui n’ont jamais connu cette époque des années 50, le terrible combat qu’il a fallu mener contre la bêtise bornée, et ce terrible fatalisme qui fait dire, trop souvent,  cette phrase horrible:  De toute façon ça a toujours été comme ça !… Et c’est là que ce film n’a rien perdu de son actualité, car si l’accouchement sans douleur ne pose plus problèmes de nos jours, il y a encore aujourd’hui, sous nos yeux, tous les jours, des problèmes, féministes ou non, devant lesquels on voit encore des crispations rétrogrades, beaucoup d’ignorance, des dénonciations et des bras fatalistes qui se lèvent : Bah ! Ca a toujours été comme ça, ça ne changera pas !...  De ce point de vue, le film n'a pas pris une ride et il est encore d'actualité. Cherchez ce dvd, il faut le voir.


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