•  Ouf, je viens de terminer « Les Mandarins », ce roman bourratif de Simone de Beauvoir : 579 pages bien tassées, qui ont valu à l’auteur le Prix Goncourt en 1954 et qui m’ont valu à moi des jours interminables d’une lecture laborieuse. Je dis ouf, car les gros bouquins m’ennuient : on pourrait aisément en supprimer la moitié. Et dans le cas des Mandarins on pourrait même en supprimer davantage !  Mais je dis ouf aussi parce que ce livre m’a agacé au plus haut point. Je m’explique : en lisant ce bouquin, on éprouve au fil des pages et de la lecture un malaise profond… Le roman se situe dans les années 44, juste à la fin de la deuxième guerre mondiale. Nous sommes à Paris, où Simone de Beauvoir nous raconte la vie d’un cercle d’intellectuels (de gauche bien sûr !) dans le Paris de l’immédiat après-guerre… Ces gens, dont beaucoup sont communistes,  fument des cigarettes de luxe, mènent grand train, ont des automobiles, se retrouvent dans des boîtes de nuit branchées de Saint-Germain des Prés ou d’ailleurs, et s’empoignent à n’en plus finir sur des questions idéologiques fondamentales qui les taraudent : quid exactement de la shoah, connaissait-on cette horreur depuis longtemps ? Peut-on développer un socialisme s'opposant au communisme ? Nos intellectuels ne vont pas tarder à se déchirer du bec et de la plume (car ce beau monde écrit dans les journaux : gens de gauche mais pas prolos !)… Dans leurs débats, deux entités s’opposent avec un parfait manichéisme : d’un côté  l’épouvantable Amérique, source de tous les maux, et en face la douce URSS, pays du socialisme levant, au chevet de l’humanité souffrante et exploitée. Mais voici qu’après celle d’Hiroshima, une autre bombe explose, médiatique celle-là : il y a des camps de travaux forcés en URSS, des populations sont déportées ! Il faut dénoncer ça, clament quelques uns ! - Surtout pas ! braillent les autres, car ce serait faire le jeu du grand capital ! Et il va de soi pour ces humanistes de gauche, qu’il vaut mieux laisser mourir des millions de russes dans des camps que de porter atteinte au socialisme soviétique !.... Bien entendu, nos chers intellos, pour en discuter, se réunissent dans les endroits les plus huppés de la capitale et claquent un fric fou en clopes et alcools, en réceptions et en mondanités.  Les femmes de ces brillants causeurs, elles, vont de déprimes en histoires de cul et réciproquement ! Elles se requinquent avec du scotch, des neuroleptiques et accessoirement par des psychanalyses ! L’une d’elles… « s’ennuie » dans son studio parisien ! Pensez-donc, il donne sur l’Ile de la Cité et Notre-Dame ! Il y a des coups de pied au cul qui se perdent  ! Que dirait-elle, cette conne, si elle habitait un immeuble tagué de la ZUP d’Argenteuil , bâtiment R, escalier Q, logement 2146 ?... Tout le livre est comme ça ! Ces gens de gauche vivent comme des rupins, c’est la pire des gauches, une gauche caviar avant la lettre, qui s’empiffre de petits-fours et s’enivre de mots et d’idées, à cent lieues des gens du peuple  !  Un pauvre ? un artisan ? un exploité ? ces gens-là qui parlent en leur nom n’en ont jamais vu, ou alors de loin. Et quand un ouvrier vient chez eux, ce n’est pas qu’il est invité : c’est juste pour déboucher les chiottes ! Ce roman pue un intellectualisme snobinard que je conchie. Simone de Beauvoir en est-elle consciente ? Veut-elle dénoncer ce milieu ? ou bien, plus probablement est-elle prisonnière de  son milieu bourgeois et intellectuel, un milieu où elle, agrégée de philo, ne rencontre qu’un Sartre, agrégé  de philo lui aussi, et quelques affidés du sérail ? Je n’en sais rien, mais dans ce roman, Simone de Beauvoir a surtout voulu mettre en scène son petit monde : le personnage de Dubreuilh est directement inspiré de Sartre… Henri, lui, c’est… Albert Camus, dont, au passage, Simone de Beauvoir fait un traître !!! Par ailleurs « Les Mandarins » a été dédié par Simone de Beauvoir à l’écrivain communiste américain Nelson Algren… qu’on trouve aussi dans le roman sous le nom de Lewis, écrivain avec lequel le personnage d’Anne entretient une histoire de cul à épisodes !... Et l’on sait que Simone de Beauvoir eut une relation fort étroite avec Nelson Algren à partir de 1949 ! Bref, Les Mandarins, sous un aspect littéraire primé par un Goncourt complaisant de lendemain de guerre, c’est juste du nombrilisme autobiographique intellectualisé ! Un détail pour  finir : j’ai trouvé ce livre dans une poubelle, ce qui prouve qu’il y a du bon-sens chez certains lecteurs !


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    De la Bastille à Charonne

    Balade organisée par l’Amicale des anciens élèves des écoles d’Ivry

    Le 6 mars 2003

      Départ Place de la Bastille, au début de la rue de la Roquette.


    La Bastille : quartier à l’origine populaire, comme tout l’est parisien.  Profondément modifié ces dernières années, le quartier de la Bastille n’a plus grand chose de prolétarien, à l’exception des enseignes qui cultivent le « mythe prolo » à l’intention des porteurs de cartes bancaires bien approvisionnées ! De nombreux passages sont aujourd’hui fermés et protégés par des codes… Dehors, les pauvres !... Il est devenu très difficile et fort rare d’apercevoir la perspective d’une allée rustique comme il en existait tant il y a quelques décennies…

    • Au 2 rue de la Roquette, on passe sous le porche de l’immeuble et on s’engage dans le passage du Cheval Blanc : c’est une succession de six cours qui portent les noms des six premiers mois de l’année. La cour Janvier : bâtiments du milieu du 19è siècle. Cours février et mars : maisons à pans de bois. Avril : pas de cour, elle a disparu !  Mai : cour reconstruite par l’architecte Sauger en 1910. Juin : immeubles à pans de bois. Le passage conduit, par la cité Parchappe (du nom de la famille qui vécut ici), à la rue du Faubourg St Antoine. Il a largement perdu son caractère artisanal, mais pas sa structure générale. C’est aujourd’hui une cité résidentielle et branchée. Au 18è siècle, il y avait là un important dépôt de bois ; au 19è siècle, de nombreux ateliers y ont été créés. On revient rue de la Roquette et on la suit en tournant le dos à la Bastille.

    Au n° 18, Ets Loubinoux, spécialistes du mobilier de cafés. Leur présence rappelle que le quartier fut longtemps appelé « La petite Auvergne ». Les émigrés du Massif Central s’y fixaient et tenaient tous les bistrots du coin.

    Rue de Lappe : elle a abrité jusqu’à 15 bals auvergnats, avant que la bourrée ne cède la place à la java, puis au tango. Le plus connu des bals, le Balajo, inauguré pendant le Front Populaire, existe encore et a conservé son décor intérieur. D’autres, comme « La Boule rouge » ou « le Bal Bouscat » ont disparu. Il reste toutefois le restaurant « La Galoche d’Aurillac » au n° 41 et l’épicerie « Aux produits d’Auvergne » au n° 6.

    Au 17 rue de la Roquette, une plaque est posée sur la maison habitée par Verlaine entre décembre 1882 et septembre 1883.

    Au numéro 56, très jolie cour ; les arcades sur les façades correspondent peut-être à d’anciennes écuries.

    Au niveau du n° 58, voir au fond de la cité de la Roquette une curieuse petite maison néo-gothique.

    Le n° 41 ouvre sur un passage fermé par une grille : alignements d’ateliers

    43-45 : Maisons basses anciennes jusqu’à la rue du Commandant Lamy.

    Juste après cette rue, c’est la toute nouvelle église Notre Dame d’Espérance au style forteresse déconcertant.

    Presque en face, au n° 70, fontaine édifiées sous Louis-Philippe (entre 1830 et 1848 donc, sous la Monarchie de Juillet).

    Au 76, le théâtre de la Bastille a remplacé un ancien cinéma de quartier, disparu comme tant d’autres.

    84/86 : synagogue pour les Juifs de rite espagnol.

    Au 71, un beau portail à tympan sculpté est le seul vestige, avec les deux colonnes supportant un balcon, d’une riche maison de plaisance du 18è siècle, détruite en 1977.

    Au 93, on pousse la porte cochère : vestiges des Bains Voltaire : mosaïques et deux candélabres encadrant l’escalier qui menait à l’établissement.

    Traversons maintenant l’avenue Ledru-Rollin et la rue Godefroy-Cavaignac.

    130-134 rue de la Roquette : immeubles inspirés de la place des Vosges, mais l’architecte s’est débarrassé des rigueurs du style Henri IV pour surcharger les façades de guirlandes, angelots…

    Traverser le bd Voltaire et continuer la rue de la Roquette.

    Au 166-168 s’élevait la prison de la Grande Roquette. Entre 1851 et 1899, plus de 200 exécutions ont eu lieu ici, le plus souvent la nuit, en présence d’un public nombreux et friand !

    Au 174, le square est à l’emplacement de la prison de la Petite Roquette, prisons pour femmes, démolie en 1974. Il en reste le porche d’accès au square.

    En face du square, rue de la Croix Faubin ; au sol, à proximité du passage piéton, on voit les cinq dalles qui servaient de points d’assise à la guillotine qu’on dressait devant la prison de la Grande Roquette. C’est là que, au 19è siècle, on enfermait les condamnés à mort en attente de leur exécution, ainsi que les bagnards avant leur embarquement.

    Au 153, belle boulangerie  ornée de peintures sous verre en devanture.

    Poursuivons, rue de la Roquette, traversons le bd de Ménilmontant et entrons par la porte principale dans le cimetière du Père Lachaise.

    Dans le cimetière :

    Avançons dans l’allée principale et gagnons la terrasse par les escaliers latéraux.

    En chemin, tombe de Colette, au début de l’avenue du Puits ; celles de Rossini, Musset, Haussmann (à gauche allée principale), et d’Arago, Ledru-Rollin, Félix Faure (côté droit)

    Parvenus au sommet des escaliers, souffler ! C’est de ce balcon que le jeune Rastignac, héros de Balzac, s’écrie « A nous deux, maintenant » !

    Prenons à droite l’avenue de la Chapelle, où se trouve un bronze de Géricault, puis tout de suite à gauche le chemin du Bassin, puis le chemin Molière où on voit les tombeaux de Gay-Lussac, Molière et La Fontaine, dont on peut douter qu’on ait vraiment retrouvé leurs restes dans les cimetières Saint-Joseph et des Innocents).

    Empruntons maintenant le premier petit chemin sur la gauche. Traverser la Transversale 1 et le chemin des Anglais pour nous engager dans l’avenue Greffüle. Tournons à gauche dans la Transversale 2. A 50 m à droite, tombe de Victor Noir, abattu en 1870 par le Prince Pierre Bonaparte. Cette tombe est une des plus visitées : le sexe du gisant est caressé par de nombreuses mains anonymes !!!…

    Après Victor Noir, tournons à droite avenue Carette ; on y voit la tombe d’Oscar Wilde, couverte des traces de rouge à lèvres d’admiratrices…

    Prenons à gauche l’Avenue circulaire et rejoignons la porte Gambetta pour sortir.

    Tournons à droite dans le rue des Rondeaux. Il y subsiste sur la gauche des maisons modestes. Au n° 52, le mur porte sur le chaînage d’angle un repère de nivellement : altitude 89,562m. Prenons à gauche dans le rue Charles Renouvier, qui se transforme en pont pour enjamber la rue des Pyrénées.

    Juste après le pont, on tourne à droite le passage Stendhal pour rejoindre la rue Stendhal ; au débouché du passage, on aperçoit la villa Stendhal : cet ensemble immobilier est le premier conçu pour une clientèle bourgeoise au début du 20è siècle.

    Après la rue Lisfranc, à gauche, l’espace engazonné coiffe les réservoirs de Charonne.

    Tournons à gauche dans le chemin du Parc de Charonne et pénétrons dans le cimetière Saint-Germain de Charonne. L’église Saint-Germain de Charonne est l’une des deux seules à Paris à être encore entourées d’un cimetière (L’autre étant l’église St Pierre de Montmartre). En effet à partir de 1785, les cimetières entourant les églises et les couvents de Paris ont été vidés, et les ossements transférés dans d’anciennes carrières du 14è arrondissement, devenues les Catacombes… Mais Charonne était à l’époque en dehors de Paris, et n’y fut rattaché qu’en 1860, après la destruction de l’enceinte des « Fermiers Généraux » (Ce mur murant Paris rend Paris murmurant …)

    Dans ce cimetière, quelques sépultures célèbres :

    • La tombe de Robert Brasillach, écrivain Français fusillé en 1945 pour son engagement dans la collaboration et la promotion du nazisme.
    • La tombe aussi des deux enfants d’André Malraux, tués en 1961 dans un accident de voiture.
    • La tombe de Magloire, un farfelu, se prétendant secrétaire de Robespierre ! En fait, c’était un joyeux drille, grand buveur devant l’Eternel, dont on dit qu’il fut enterré ici avec auprès de lui une dernière bouteille !
    • La tombe également de l’acteur Pierre Blanchar.

    Eglise Saint-Germain de Charonne : selon la légende, Saint-Germain, évêque d’Auxerre, a rencontré dans ce lieu champêtre la future Sainte-Geneviève, en 1429. C’est ce que représente une grande toile du 18è siècle sur le mur pignon intérieur, à gauche de l’entrée. Une petite chapelle fut élevée à cet emplacement au début du Moyen-Âge, remplacée par une église au 12è siècle : il en reste la base du clocher actuel, avec les forts piliers cylindriques qui le soutiennent à la deuxième travée. L’église fut endommagée lors des guerres de religion et de la fronde. Il y eut des travaux de reconstruction aux 15 è et 17è siècles.  En 1737, suite à un incendie, le portail ouest est supprimé, ainsi que l’abside, désormais plate, qui a raccourci l’église. Ce sont les villageois de Charonne qui participèrent eux-mêmes financièrement aux travaux au XVè siècle notamment. Le clocher renferme une cloche appelée Germaine. L’église surplombait le village. Il faut savoir que sur la superficie de l’actuel 20è arrondissement, il n’y avait en 1800 que 599 habitants ! Au milieu de l’actuelle rue Saint-Blaise était la place de Grès où l’on mettait au pilori les voleurs et autres malfaiteurs condamnés par la justice seigneuriale. Charonne était un village de paysans et de vignerons. Sur la butte, la rue des Vignoles est en fait l’ancienne rue des Vignobles.

    L’église St-Germain renferme trois autels : à gauche l’autel de Saint-Blaise, avec une statue de Saint Blaise et un tableau de Paul Rambié (artiste contemporain qui vit dans le quartier) : Sainte Thérèse d’Avila adorant le Christ crucifié. A droite l’autel de la Vierge, avec une Pièta de Paul Rambié également.

    Pourquoi Saint Blaise ? La légende veut qu’ici même un roi, un certain Charles, avait eu un grand enrouement après avoir crié contre une cloche qui avait fait fuir son gibier ; guéri par l’intercession de St Blaise, il fit élever une chapelle en son honneur ; et jusqu’au 19è siècle, on continua d’invoquer Saint-Blaise  contre les maux de gorge. Dans les cas graves, on apposait un cierge triangulaire allumé sur la gorge des malades…

    Les vitraux modernes (1950) illustrent les Miséricordes : Veillez sur ceux que personne n’aime, sur ceux qui ont faim, sur ceux qui pleurent…

    Au pied d’un pilier, lire absolument le texte reconstitué de la dédicace de l’église : « L’an 1460, le dimanche devant la Saint-Germain, le 17è jour de juillet fut l’église de Charonne dédiée par Révérend Père en Dieu Monseigneur Guille, évêque de Paris. » … Si vous avez bien lu, cette lecture vous donne droit à « 40 jours de vrai pardon » !

    Au fond de l’église, un tableau de Joseph Benoist Suret (mort en 1807) représente la rencontre historique de Saint-Germain et de Sainte Geneviève.

    L’orgue, de 1850, signé Suret père et fils, possède encore sa mécanique d’époque.

    Quittons l’église, descendons les marches et traversons la rue de Bagnolet pour prendre la rue Saint-Blaise : c’était l’ancienne rue principale du village de Charonne, un bourg plus campagnard encore que les villages voisins de Belleville et Ménilmontant. Les riches parisiens y édifièrent aux 17è et 18è siècles des résidences secondaires parfois somptueuses.

    Tournons à gauche dans la rue de Riblette, une des plus vieilles rues du village de Charonne, puis encore à gauche dans la cité Leclaire, à droite place Pierre Vaudrey, et à gauche rue des Balkans.

    Derrière les grilles du jardin public de l’hospice Debrousse, se dresse l’élégant pavillon de pierre blanche de l’Ermitage, construit en 1734 ; c’est l’ultime vestige du château de Bagnolet, dont le domaine couvrait 80 hectares sur Charonne et Bagnolet, soit deux fois la superficie de l’actuel cimetière du Père Lachaise ! Morcelée, déboisée et lotie à la fin du 18è siècle, la propriété fut progressivement avalée par la ville dans le courant du 19è siècle. Le pavillon de l’Ermitage fut le siège de la contre-Révolution ; les conjurés tentèrent en vain de faire évader Louis XVI et Marie-Antoinette. Tous les « conjurés de Charonne (54) furent arrêtés et guillotinés, à l’exception de leur chef, le prince de Batz, introuvable, qui survécut, et qui fut décoré en 1823 de l’Ordre de Saint-Louis.

    En face du débouché de la rue des Balkans, au 135-137 rue de Bagnolet : deux maisons villageoises, dont l’une est pourvue d’une niche en façade. Juste à gauche, à l’angle de la rue de Bagnolet, un joli café, construit en 1914, présente un décor de boiseries et de faïences.

    Non loin du carrefour Balkans/Bagnolet, on peut voir au 134/136 rue de Bagnolet, deux escaliers en fer à cheval : les maisons haut perchées étaient autrefois beaucoup plus basses, et se sont trouvées surélevées du fait du creusement vers 1850 de la rue de Bagnolet pour en abaisser la pente.

    Tournons à droite dans la rue de Bagnolet puis à gauche dans la rue Pelleport. Traversons la rue Belgrand et suivons la rue du Capitaine Ferber jusqu’à la place Octave Chanute. Vers la droite, on s’engage dans la petite rue Paul Strauss.

    Ici commence le lotissement « La campagne à Paris », bâti sur une ancienne carrière de gypse appelée la « Carrière du père Roussel », carrière de gypse (pierre à plâtre) remblayée à la hâte vers 1880 avec les décombres et gravats provenant du percement haussmannien des avenues Gambetta et de la République. La butte, ainsi stabilisée, et devenue un petit bois, fut achetée en 1908 par une société coopérative dénommée «  La campagne à Paris », en vue de faciliter l’accession à la propriété des gens aux revenus modestes mais réguliers (employés). Une centaine de pavillons en meulières ou en briques furent construits en vingt ans. Le site fut inauguré en 1926 ; il n’a pratiquement pas bougé depuis. Parcourons les rues Jules Sigfried et Irénée Blanc, avant de descendre un escalier qui ramène vers le bruyant Boulevard Mortier, fin de la balade. Si on veut se reposer, une halte est possible juste en face, dans le square Séverine… Bon, il ne vous reste plus qu’une chose à faire : copier ce texte, chausser vos baskets, et faire à votre tour cette belle balade parisienne !... 


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  •  MISSIONS ETRANGERES DE PARIS

    Balade organisée par l’Amicale des anciens élèves des écoles d’Ivry

    Le 13 avril 2010, un vent printanier nous a poussés d’abord  vers une première mission qui ne nous est nullement étrangère : contribuer à la formation des jeunes apprentis de l’école hôtelière Ferrandi, 28 rue de l’Abbé Grégoire, près du Bon Marché. Des élèves attentifs et stylés nous ont servi un menu fin où ont défilé, dans les assiettes d’abord, dans les gosiers ensuite, d’adorables sardines tartares en leurs atours croustillants,  de délicates asperges vertes vêtues d’une fine lamelle de lard  et entourées d’oignons confits et d’une tendre salade de roquette dentelée, parsemée de copeaux de parmesan et pignons de pin. Vint ensuite un contrefilet fondant qui me fait encore saliver rien qu’en l’écrivant,  puis quelques fromages du terroir et pour conclure, un Bavarois aussi goûteux que moelleux… Quant à nos  verres, ils furent emplis ad libitum d’un Madiran à la robe d’un velouté profond que je vous laisse imaginer.  Pour les convives sobres, heureusement minoritaires, le sommelier avait disposé  sur la table quelques bouteilles d’une eau minérale d’Auvergne connue déjà en 1690 et que Louis XIV faisait venir jusqu’à Versailles, c’est du moins ce qui était écrit sur l’étiquette : c’est vous dire que même l’eau avait de la classe, dans ce menu royal, même si elle avait surtout un goût prononcé de marketing ! Après ce repas, véritable péché de gourmandise, il fallait faire amende honorable : c’est ce que nous avons fait,  par un  pèlerinage à  la Société des Missions Etrangères de Paris toute proche. Douce pénitence en vérité, qui nous a permis de découvrir cette institution religieuse vieille de 352 ans, et dont la mission est essentiellement d’aller dans les pays d’Extrême-Orient pour y former des prêtres du cru : chinois, cambodgiens, vietnamiens, japonais, thaïlandais, indiens… Nombreux sont les missionnaires qui furent torturés et massacrés par les autochtones entre 1690 et 1866, et dont l’institution conserve ici le souvenir et honore la mémoire dans une crypte qui retrace leur histoire et leur martyre. Mais les Missions étrangères de Paris, c’est aussi un ensemble de splendides bâtiments en pierre blonde parisienne du 18è siècle, bordant un superbe jardin d’un hectare, planté d’arbres élégants, et fleuri de parterres engazonnés. Imaginez : on est en plein Paris, à deux pas du Bon Marché, et l’on n’entend que le chant des oiseaux et le murmure du vent ! C’est stupéfiant… Nous avons fait le tour du jardin  sous la conduite instructive  d’un guide aussi compétent qu’enthousiaste. C’est lui qui nous a montré,  juste à côté, par delà un mur de pierres, la maison où est mort Chateaubriand le 4 juillet 1848…  C’est lui également qui nous a donné de nombreuses explications sur les cultures et les langues si diverses des pays d’Extrême-Orient, si mal connus… Mais déjà il se faisait tard malgré l’heure d’été, et nous nous sommes séparés à l’heure des vêpres, en nous promettant encore bien d’autres balades… et d’autres agapes, bien entendu !  


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  •  JOURNEE A CHINON

    10 avril 2010

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry


    Dur dur de se lever à cinq heures ! Mais bon, on dit que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, même si la notion d’avenir se confond de moins en moins avec la notion d’éternité depuis que j’approche des rives de mon 67è anniversaire !

    Le car démarre à l’heure –une fois n’est pas coutume- à 6h45. Courte pause dans un Flunch sur l’autoroute A10 du côté d’Orléans. Curieux spectacle dans les toilettes hommes : une gamine d’une dizaine d’années est plantée là et contemple une rangée de mecs alignés le long des pissotières ! Très attentive, la petite !... Occasion aussi de constater l’affluence record, malgré tout ce qu’on brame sur la crise : ça y va, les croissants et les pains au chocolat ! Le Coca coule à flots dès le matin, la recette de Flunch sera bonne ce soir ; c’est pourtant un samedi ordinaire, sans ruée de vacanciers… Et puis on repart… la route, autoroute A10, rien à en dire…

    • Chez un vigneron exigeant : Jean-Christophe Pelletier :

    Visite  de l’exploitation, sous la conduite du viticulteur, Jean-Christophe Pelletier. Il nous conduit d’abord dans ses vignes, étagées sur un superbe coteau calcaire de Saint Louans orienté plein sud et surplombant la Vienne. Ici, on ne transige pas avec la qualité ; on ne fait pas « pisser la vigne ». Sur ce beau domaine de 12 hectares en cours de conversion biologique, on n’oublie pas qu’on est ici au pays de Rabelais, et l’on conjugue donc tradition et exigence. Suit une très belle et très généreuse dégustation des vins produits ici : un Chinon rouge « Eveil des sens » 2009, mis en bouteille ces derniers jours, puis un rouge encore « réserve de Satis » provenant de vignes de dix ans, la « cuvée Elise », issue de vieilles vignes de 35 à 85 ans. A mentionner aussi un excellent Chinon blanc sec et fruité. Le tout à des prix très raisonnables, qui vont de 6 à 9 euros la bouteille ! C’est autre chose que les jus merdiques des foires aux vins en grandes surfaces ! Allez, je vous donne les coordonnées, ça en vaut la peine :

    Jean-Christophe Pelletier, Domaine des Béguineries, 52 rue de l’Ancien Port « Saint-Louans », 37500 CHINON  -  tel 02 47 93 37 16 –

    C’est aussi chez ce viticulteur que nous déjeunons : une grande table rustique en plein air, un très beau buffet campagnard, simple mais copieux : charcuteries, viandes, salade piémontaise, fromages, tarte aux fruits… le tout arrosé encore de crus du domaine servis avec générosité par Jean-Christophe Pelletier en personne…

    L’après-midi : Visite du château de Chinon, sous la conduite d’une jeune guide enthousiaste et cultivée.  Occasion de réviser un peu notre Histoire de France, allons-y gaiement :

    Les premiers bâtisseurs du château, les comtes de Blois, cèdent le château aux comtes d’Anjou en 1044. Le plus célèbre des comtes d’Anjou, Henri II Plantagenêt, devient roi d’Angleterre en 1154. C’est sous son rège que le château de Chinon acquiert sa silhouette actuelle. Jean sans Terre, héritier d’Henri II Plantagenêt, abandonne le château à Philippe-Auguste en 1205. Ce dernier développe les fortifications et renforce le donjon (tour du Coudray). Plus tard, en 1307, Jacques de Molay, Grand Maître des Templiers est emprisonné deux mois, dans la tour du Coudray sur ordre de Philippe Le Bel. Pendant la Guerre de Cent ans (1337-1453), Charles VII se réfugie à Chinon, où il rencontre Jeanne d’Arc en 1429. Le château commence son déclin au 17è siècle. En effet, son propriétaire, le Cardinal de Richelieu,  décide de ne plus l’entretenir, n’ayant pu obtenir de le démolir pour récupérer les matériaux pour son domaine de Richelieu !... Finalement, une restauration est enfin mise en œuvre au début du 21è siècle (Mieux vaut tard que jamais). Les appartements royaux, que nous avons visités, ont été reconstitués et couverts : plafond et toiture posés. On peut désormais voir le château dans sa configuration d’autrefois : trois entités : le fort du Coudray, le Château du milieu, et le fort Saint-Georges, séparés par des fossés et entourés par une muraille extérieure. Des travaux sont encore en cours en avril 2010.

    A nouveau chez le vigneron :

    A 18 heures, retour en car chez le vigneron, pour deux raisons : café et goûter offerts par le viticulteur, et retrait des commandes de bouteilles passées par les uns et les autres au moment de la dégustation. Et enfin  c’est le voyage du retour vers Vitry, où nous arrivons à 22h30 : Levés tôt couchés tard : une journée bien remplie, avec des bouteilles bien vidées !



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  •  LA CLAIRIERE DE L’ARMISTICE  RETHONDES

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

     le 25 octobre 2008

     

        Beau temps en ce 25 octobre 2008, malgré une brume assez tenace qui masque le soleil et qui ne se dissipe pas. A 13 heures, en prélude à la balade sur ce lieu du souvenir des deux armistices, nous déjeunons à Rethondes, à l’auberge du Grand Maréchal. A table, on nous sert le « Menu du Poilu » :

    • Kir au cassis et au citron
    • Bol de soupe aux fèves et carottes
    • Rata : pois cassés, saucisse, lard
    • Fromage (Brie)
    • Tarte aux pommes

    Par contre, le Chef a évité les « carottes Vichy », ça faisait désordre !!!...

    Le car nous conduit ensuite dans la fameuse clairière de Rethondes, laquelle n’est justement pas à Rethondes, mais sur la commune de Compiègne, en pleine forêt. D’ailleurs,  à cette saison, les arbres sont magnifiques et on a du mal à imaginer que, de cet endroit bucolique et si beau, on envoyait des munitions lourdes pour des bombardements à longue distance… Le lieu est si calme aujourd’hui, si tendrement bucolique…

    En fait, on avait aménagé là, à l’abri d’une futaie, et donc dissimulée aux regards, une voie ferrée destinée à l’artillerie  lourde… En novembre 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, on cherchait un endroit tranquille et discret pour les négociations. Rethondes fut choisi. Un premier train venant de Rethondes fut dirigé vers la clairière en forêt, c’était le 7 novembre 1918 : il transportait les plénipotentiaires français, avec à leur tête, le Maréchal Foch, généralissime des armées alliées. Arriva ensuite un second train, le 8 novembre à 9 heures, amenant les négociateurs allemands… Le temps était épouvantable, la forêt boueuse, et il fallut installer des caillebotis pour permettre de se déplacer d’un train à l’autre…

    Le début des négociations fut mené avec une grande sécheresse par Foch. Le 8 novembre donc, Foch fait venir dans son wagon les négociateurs allemands.

    Foch : « Quel est l’objet de votre visite » ?

    Erzberger : « Nous venons de recevoir les propositions relatives à la conclusion d’un armistice, sur terre, sur mer, dans les airs, sur tous les fronts, et aux colonies. »

    Foch : « Je n’ai pas de propositions à vous faire !

    Oberndorff : « Nous désirons prendre connaissance  des conditions de l’armistice »…

    Foch : « Je n’ai pas de conditions à faire !... »

    Erzberger : « Cependant, le président Wilson… »

    Foch : « Je suis ici pour vous répondre si vous demandez l’armistice… Demandez-vous l’armistice ? Si vous le demandez, je puis vous faire connaître les conditions auxquelles il sera obtenu. »

    Erzberger et Oberndorff (ensemble) : « Ya » !

    Le général Weygand donne alors lecture du texte proposé par les gouvernements alliés...

    Le 11 novembre 1918, à 2h15 du matin, s’ouvre la dernière séance. A 5h30, les Allemands signent le texte définitif de l’armistice. Foch signe le premier.

    A 6h15, le chef de gare de Rethondes est directement informé par téléphone par le capitaine d’Etat-major. Il se précipite sur le quai, informe ses camarades. Puis il vide les chargeurs des deux fusils qui se trouvaient sur son bureau, en tirant en l’air vers la forêt. Puis il envoie des soldats, qui feront sonner les cloches de l’église de Rethondes ! A 11 heures, ce même jour du 11 novembre, on cessa de tirer partout : la Grande Guerre était finie…

    Le site de Rethondes : Le wagon n° 2419D utilisé par le Maréchal Foch devint emblématique. D’abord resté dans la clairière, il fut transporté à Paris, aux Invalides. Puis il fut remis à Rethondes, où on l’installa dans un musée du souvenir construit en 1927. On édifia dans la clairière une grande statue de Foch. Mais le 22 juin 1940, après avoir exigé la signature d’un armistice après la victoire allemande de juin 1940, Hitler fit détruire tous les bâtiments. Le wagon de Foch fut emmené en Allemagne, et détruit par les SS en 1945. En 1950, on reconstruisit le bâtiment du musée à l’identique, et on y installa un autre wagon, en tous points identiques à celui utilisé par Foch en 1918.

    Le musée présente le wagon, des photographies du conflit de 1914-1918, des objets militaires divers : uniformes, armes, objets fabriqués de façon artisanale par les Poilus, et aussi par les soldats allemands.

    Des documents vidéo présentent aussi le conflit de 1939-1945

    Ouverture du musée  de Rethondes : tous les jours sauf le mardi :

    • Du 15 octobre au 31 mars : de 9h à 12 h et de 14h à 17h30
    • Du 1er avril  au 14 octobre : de 9h à 12h30 et de 14h à 18 h
    • Adultes : 4 euros
    • 7 à 13 ans et groupes de plus de 30 personnes : 2 euros





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