• Quelle idée tout de même, que de se plonger dans le journal de voyage de Bougainville ! C'est pourtant ce que j'ai fait et je ne le regrette pas. Bougainville, ou plus précisément Louis Antoine de Bougainville, partit de Nantes le 15 novembre 1766, à bord de son navire "La Boudeuse". Descendant jusqu'aux Canaries, il cingle ensuite vers l'Amérique du Sud, la longe, la contourne avant de s'élancer vers l'Australie (appelée alors la Nouvelle Hollande) après être passé par Tahiti. Entre temps, il est rejoint par un autre navire "L'Etoile"... Les deux bateaux traversent le Pacifique, reviennent par Madagascar, contournent l'Afrique du Sud au Cap de Bonne-Espérance avant de remonter vers la France, où Bougainville arrive enfin à Saint-Malo le 16 mars 1769 après une épopée qui a duré deux ans et un peu plus de quatre mois... Le récit de ce tour du monde n'est pas très facile  à lire, car Bougainville ne l'a pas écrit pour des touristes mais d'abord pour les marins susceptibles de refaire le voyage : le récit fourmille donc de précisions techniques sur les longitudes, les latitudes, le fond de la mer et sa profondeur ici ou là... Mais tout de même, le mythe de Rousseau du "Bon sauvage" prend avec Bougainville une bonne baffe, car notre navigateur rencontre des peuplades cruelles, agressives parfois, et même anthropophages !... On éprouve toutefois beaucoup de respect et d'admiration pour ces marins, que l'on voit  malades du scorbut car mal nourris... contraints de manger des viandes en putréfaction... Au fait, une petite recette en passant : si vous ne trouvez pas de vitamine C dans votre hyper préféré... pressez donc un rat dans votre mixer ! Sa chair a la particularité de concentrer la vitamine C, et le rat a constitué de ce fait un bon remède contre le scorbut pendant ce long voyage, il faut le savoir !... Allez, on se change les idées, passons aux bons côtés : Bougainville a aussi rencontré des peuplades qui offraient leurs femmes aux navigateurs ! Encore mieux qu'au Club Méd !... Terminons par une note plus poétique : c'est pendant ce tour du monde, que Philibert Commerson, un botaniste qui faisait partie du voyage, découvrit au Brésil une belle fleur d'un mauve intense, qu'il appela... bougainvillée ! Vous y penserez, la prochaine fois que vous irez chez Truffaut en acheter une ! Dernière précision : le tour du monde de Bougainville fut le dernier à être fait dans un esprit philosophique. Après lui, avec Cook et d'autres, les tours du monde prendront un caractère beaucoup plus scientifique... 

    Bio : Louis Antoine de Bougainville est né le 11 novembre 1729, jour de l'armistice de la guerre 14/18, mais personne ne le savait à l'époque, puisque cette guerre n'avait pas encore été inventée. Après de brillantes études, ce fils de notaire, doué à la fois pour les maths et le droit, devient avocat au Parlement de Paris. Puis il entame une carrière militaire. D'abord secrétaire d'ambassade à Londres, il est envoyé au Canada en 1756, comme aide-de-camp de Montcalm. En 1761, il est nommé capitaine de frégate. Quelques années plus tard, il entreprend le tour du monde dont il tirera le récit que j'ai évoqué plus haut. Arrêté pendant la Révolution en 1793, il sauve sa tête grâce à la chute e Robespierre en 1794. Comblé d'honneurs sous Napoléon, il est nommé sénateur en 1809. Il meurt le 31 août 1811, âgé de 81 ans.


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  • Pluie, vent, giboulées, ce 30 mars 2010 a été une journée bien grise. Bien arrosée aussi, ce qui est excellent pour le jardin, comme quoi les inconvénients de la météo présentent aussi souvent des avantages !... Pour conjurer la noirceur du ciel, je suis allé au cinéma, pour voir L'Arnacoeur, film qui a un énorme avantage : on y voit une des mes petites chéries cinématographiques, j'ai nommé Vanessa Paradis bien sûr ! Certes, il faut en convenir, mon étincelante égérie a pris un sacré coup de vieux. Je veux dire qu'elle m'est apparue comme marquée, fatiguée, et amaigrie... Mais bon, on n'est pas ici à la chronique people de Voici ou de Gala, alors parlons de cinéma. Le réalisateur, Pascal Chaumeil a réussi une très belle comédie romantique. Il y avait pourtant un écueil vachard : sombrer dans la bluette à l'eau de rose pour lectrices énamourées de romans-photos. Il existait aussi un autre risque : celui de se laisser aller à un humour pour crétins, genre "On a retrouvé la 7è Compagnie", avec des rires gras et de la franche déconnade à deux balles pour beaufs replets !.... Ces périls ont été heureusement évités. L'histoire en quelques mots : Romain Durris -c'est lui l'arnacoeur- joue le rôle d'un séducteur professionnel. Son métier consiste à séduire les femmes malheureuses afin de les détourner d'un mec qui ne leur convient pas. Mais attention, c'est un métier sérieux : il s'agit d'ouvrir les yeux des femmes sans leur ouvrir les jambes ! Notre arnacoeur se voit chargé d'une nouvelle mission : séduire Vanessa Paradis, une fille à papa qui doit se marier dans une semaine, mais dont le père est hostile au mariage... Bien sûr, on s'en doute immédiatement, notre dragueur professionnel va succomber au charme de sa proie ! Mais cela nous est dit avec une progression crédible et superbement tournée, dans un film où les gags fusent à chaque instant, mais parfaitement dosés et alternant avec des moments où on rejoint une romantisme empreint de fraîcheur, rare au cinéma. Le film ne tombe à aucun moment dans la facilité, il est mené de main de maître par le réalisateur, et magnifiquement interprété : Vanessa Paradis est une jeune femme fragile et romantique sous les dehors d'une fille-à-papa richissime et sûre d'elle, Durris a vraiment  la tête du tombeur ! Les autres personnages sont à l'avenant : vrais, touchants, drôles. Du très bon cinéma de divertissement... Si vous préférez bavasser à n'en plus finir en débattant avec suffisance dans un ciné-club, ce film n'est pas pour vous : retournez à vos Bunuel, Bergmann et Antonioni, allez jouer ailleurs les "brillants causeurs" !... Mais si vous voulez passer une heure trente de pure jubilation, allez voir l'Arnacoeur ! Comme on le dit aujourd'hui dans le néo-jargon médiatique : " L'Arnacoeur... ça l'fait !..."


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  • Enfin un film avec lequel on passe un bon moment de cinéma ! Bien calé dans mon fauteuil de velours bleu nuit du cinéma Robespierre de Vitry, j'ai oublié pendant une heure trente l'acharnement antisarkozyste ambiant et les giboulées de mars qui sont actuellement les deux mamelles de l'actualité printanière. Pièce montée nous raconte une journée mémorable : celle du mariage de Vincent (Jérémie Renier) avec la jeune et riche Bérengère (La très ravissante Clémence Poésy). Le film démarre très fort avec l'écroulement de la gigantesque pièce montée apportée pour la circonstance. Cette scène initiale, burlesque à défaut d'être originale laisse déjà présumer que les choses ne vont pas se passer de façon tout à fait normale en ce jour d'hyménée ! La suite sera effectivement mouvementée : le curé qui célèbre l'union, le tonitruant et désabusé Père Victor (Fabuleux Jean-Pierre Marielle) reconnaît soudain dans l'assistance la vieille Madeleine (Etonnante Danielle Darrieux), toute ridée, mais dont il fut amoureux avant de renoncer à elle en épousant Dieu. Terrible prise de conscience pour ce prêtre, mais aussi pour Madeleine, qui se rendent compte, mais un peu tard, qu'ils étaient faits l'un pour l'autre... Pendant ce temps, la folle journée se poursuit et des fêlures se font jour dans le jeune couple, à la suite d'un papier compromettant remis au marié et insinuant que la mariée se livre sur certains membres (virils!) du club sportif à des succions que la morale réprouve et que la nature adore !... Certes, le film ne fait pas appel à de grandes idées profondes... mais il est fort bien construit : il y a des scènes bien tournées, des plans vifs et rondement menés. En fait, sous les dehors d'images filmées avec une certaine légèreté et pas mal d'humour, se cachent des réalités  humaines plus graves qu'il y paraît, mais que le réalisateur laisse à chacun le soin de découvrir, sans jamais imposer au spectateur un discours normatif. Chacun est libre de voir le film de la façon qui lui convient : en surface ou en profondeur. Le tout est servi par une très brillante distribution : Clémence Poesy est parfaite dans le rôle de la jeune mariée sérieuse et digne, Jean-Pierre Marielle est excellent en prêtre exubérant, Danielle Darrieux est aussi émouvante que crédible en grand-mère toujours amoureuse du prêtre, Jérémie Renier est un jeune marié parfait. Quant à Léa Drucker, elle interprète sobrement le rôle d'Hélène, une femme que son mari n'aime pas... Le tout forme un bon spectacle, j'emploie ce mot à dessein, car le cinéma, art  de l'image et du mouvement, ça doit d'abord être ça : un bon spectacle ! Ici, c'est réussi !


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  • Ce livre - Michel-Ange- dormait depuis 2005 sur les étagères de ma bibliothèque. Il aurait pu y demeurer encore longtemps si le tirage au sort de mes lectures, auquel mon épouse procède avec un zèle patient, ne m'avait enjoint de l'ouvrir... C'est la règle du jeu dont nous sommes convenus elle et moi... Mais une chose est d'ouvrir un livre, une autre de le lire ! Michel-Ange appartient à la catégorie des bouquins chiants, on le sent dès les premières pages. En effet l'auteur a choisi l'écriture pseudo-culturelle, qui consiste ici à nous raconter par le menu les vicissitudes de la vie de Michel-Ange, en proie aux caprices des papes infernaux du 15è siècle. Il y a absolument tout, dans ce livre, pour m'emmerder : la fascination de l'art italien auquel je suis complètement insensible, la pâmoison devant la ville de Florence, symbole d'une culture qui me fait bâiller... Et l'auteur nous convie à être les témoins  de vagues rivalités entre Michel-Ange et Raphael... Rien ne nous est épargné sur la peinture de la voûte de la chapelle Sixtine du Vatican, sur la manière détaillée de construire un échafaudage préalable, sur les fâcheries peu catholiques du pape Jules II ou Clément-je-ne-sais-plus-combien... Même pas une gauloiserie pour faire marrer, même pas une histoire de cul pur pimenter le récit... rien ! Bref, 141 pages qui ont enfin quitté les rayonnages de ma bibliothèque pour prendre la direction de la poubelle. Le bouquin comporte aussi deux courtes nouvelles, sortes de contes vaguement moraux : "La Science de l'amour" et "L'Amour plus fort que la mort", deux mièvreries florentines et pontifiantes comme on excellait à les écrire au début du 20è siècle. Je me suis tellement emmerdé à cette lecture que j'ai fini par regarder à tout hasard la toute dernière page : dans le haut, il y avait écrit : Noël 2005 et la signature du généreux donateur !... Il ne m'a pas loupé, le Père Noel ! Bien entendu, je n'avais jamais demandé ce livre !... C'est même sans doute  pour ça, bien sûr, qu'on me l'a offert... pour me faire une surprise ! Je conviens que pour une surprise ce fut une surprise ! Mais hélas... Pas une bonne !

    Bio : Dimitri Merejkovski est un auteur russe, comme l'indique son nom difficile à écrire et impossible à prononcer. Né en 1866, il est mort à Paris le 9 décembre 1941. Il n'a donc pas eu le temps de devenir collabo ou héros de la résistance. Juste écrivain chiant. Pour ceux que ça intéresse, il est enterré au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Il a surtout écrit des romans plus ou moins historiques, souvent remplis de dieux divers et variés, de théosophie et de mysticisme : Toutankhamon... Le Christ et l'Antéchrist, La Mort des Dieux... Il paraît qu'il était un des auteurs les plus lus au début du 20è siècle !!! Complètement masos, nos grands-parents !...


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  • Ceux qui aiment les thrillers feraient bien d'oublier pour un soir les conneries inlassablement diffusées sur TF1, pour se plonger dans la lecture de La Thébaïde. D'abord ils n'ont jamais lu Racine et ça leur donnerait l'occasion de se cultiver un peu, pour une fois et pour pas cher. En outre, la lecture rend moins con que la télé, c'est donc tout bénef !... La Thébaïde est la première tragédie de l'auteur, écrite par un Jean Racine encore tout jeune. C'était en 1664 et il avait 25 ans.  Parlons un peu du sujet de la pièce : Etéocle est le roi de Thèbes ! Eh oui, dans Racine, on s'appelle Etéocle, Polinice, Antigone ou Jocaste, et non pas Lorie, Erwann, Kevin ou Quentin comme dans les HLM des banlieues difficiles, il faut s'y faire !... Et donc Etéocle, roi de Thèbes, est jalousé par son frère Polinice qui veut prendre le pouvoir à sa place. Ces deux-là ont une maman, Jocaste. Et comme toutes les mamans, elle voudrait bien que toute sa progéniture s'entende bien, elle essaie de les rabibocher, elle leur suggère de partager le pouvoir, chacun son tour, l'un du 1er au 15 du mois, l'autre du 16 au 31, comme pour le stationnement aujourd'hui ! Mais que dalle, c'est comme aux élections, chacun se cramponne à son pouvoir. Et comme le dit Olivier Besancenot, un seul mot d'ordre : "Rien lâcher !"... Et donc, sans vous dévoiler les détails de l'intrigue, sachez que les deux frères vont s'étriper sans vergogne ! Mais, pendant ce temps, dans l'ombre (où se cachent généralement les traîtres), il y a Créon. Créon c'est l'oncle des deux frères. Et pendant que les deux frangins s'estourbissent mutuellement, lui il attend son heure en se marrant : si les deux frères mouraient... hé hé!... c'est lui alors qui prendrait le pouvoir ! MDR le tonton-flingueur, en attendant l'instant propice !... Les deux frères combattants, Etéocle et Polinice, ont une petite soeur ; elle s'appelle Antigone. Elle aussi, ça la désole de voir ses deux frères se massacrer, mais que faire ? Comment tout cela va-t-il se terminer ?.... Je ne vous le dirai pas, mais ça finira mal : Il y a pratiquement un mort à chaque acte de la pièce. Comme sur TF1. Sauf que chez Racine on est tranquille  : on n'est pas emmerdé par des coupures de pub ! Un mort à chaque page, comme s'il en pleuvait !... Et que fait la police de proximité, direz-vous ? Eh bien rien !... C'est vrai qu'à l'époque, elle n'existait pas, quoique ça ne change pas grand-chose, puisque de nos jours elle existe mais n'intervient pas ! Vous voyez, Racine n'a rien de vieillot. Et puis on y trouve quelques beaux vers, comme celui-ci :

    " Qu'il est doux d'admirer tant de divins appas

    Mais aussi que l'on souffre en ne les voyant pas !"

    Mais oui, Racine c'est furieusement tendance ! Mais bon c'est comme tout : faut pas en abuser ! Essayez ! Juste une fois !...


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