• Voici un roman bien anorexique, puisqu'il ne dépasse pas les 90 pages ! Et encore, les marges sont larges et les caractères sont petits ! Mais à tout prendre, je préfère ça aux pavés logomachiques de 900 pages, véritables sagas diarrhéïques, bourrées d'interminables descriptions chiantes au possible ! Seul avantage : ces très gros bouquins peuvent servir d'oreiller sur la plage, et en outre, en hiver, ils brûlent longtemps dans la cheminée !... Cela étant, ce mini-roman d'Amélie Nothomb n'est pas un maxi chef d'oeuvre, et je confesse que Nothomb a écrit de meilleurs textes... En fait c'est l'histoire d'un coursier, qui, après un chagrin d'amour, devient totalement insensible à toutes formes d'émotions et de sensations. Il devient donc tueur à gages et tue froidement les "cibles" qu'on lui demande d'abattre : pas de regrets, pas de remords, au contraire une extraordinaire jouissance qui suit chaque tuerie. Notre héros n'est plus humain. Mais c'est bien mieux : il est heureux... Pourtant, les choses vont prendre un tournant particulier au cours d'une mission : alors qu'il doit abattre un ministre et toute sa famille, il surprend la fille du ministre menaçant son père d'un revolver, puis l'abattant, parce qu'il s'était emparé de son journal intime ! Le tueur a rencontré une tueuse ! Une sorte d'admiration l'envahit devant cette belle jeune fille parricide (Une fois de plus, chez Amélie Nothomb, la notion de beauté est présente...). Malgré tout, n'écoutant que sa conscience professionnelle, le tueur fait son boulot, il abat cette jeune fille de deux balles dans la tête. Cependant, en ouvrant ensuite la serviette du ministre, il y trouve, parmi d'autres documents, le journal intime de la jeune fille. Ce même jour une hirondelle vient mourir dans la chambre du tueur, qui se persuade que cet oiseau symbolise la jeune fille qu'il vient de tuer, et qu'il appelle dès lors Hirondelle, ne connaissant pas son  prénom... Le tueur, après beaucoup de scrupules, lit le Journal d'Hirondelle... Il en sera transformé, mais.... Pour la suite et la fin... lisez le bouquin ! Avec ses 90 pages, il  ne vous prendra ni beaucoup de temps ni beaucoup d'argent ! Journal d'Hirondelle, un bouquin qui vaut le coup, et comme il  ne coûte pas cher, il vaut aussi le coût ! 


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  • Voici l'histoire, une histoire bien étrange en vérité : Bernard et Gervais sont prisonniers dans un stalag en Allemagne, pendant la deuxième guerre mondiale... Ce sont des copains et ils se font des confidences. Bernard est sûr de lui, un peu grande gueule, Gervais est plus réservé, plus introverti... Bernard entretient une correspondance avec une jeune femme qui est sa marraine de guerre...  Il confie à Gervais que cette dernière, Hélène est amoureuse de lui, et qu'il a l'intention de l'épouser. Et pour que les choses aillent plus vite, il veut s'évader. Il demande à Gervais de s'évader avec lui ; ainsi il pourra lui présenter Hélène, à Lyon... D'abord réticent, Gervais accepte. Les deux copains s'évadent et sautent du train à Lyon, dans la gare de triage, en pleine nuit. Mais trompé par l'obscurité, Bernard est happé par un wagon et tué. Gervais, seul, va trouver Hélène et ne sait comment lui annoncer la mort de Bernard. Il part seul dans les rues de Lyon, à la recherche de l'appartement d'Hélène. Mais quand il y arrive et qu'Hélène ouvre la porte, elle lui dit "Vous êtes Bernard ?"... Gervais n'ose pas la détromper...  il répond oui, se faisant passer pour son copain Bernard... Une étrange cohabitation commence alors, entre  Gervais qui prend la place de Bernard, et aussi avec Agnès, la soeur d'Hélène, qui semble douée de dons étranges... Impossible d'en dire davantage sans déflorer le sujet, qui est une sorte de thriller avant la lettre, dans une intrigue bien ficelée qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin... Un bon roman, bien écrit de surcroît, qui mérite d'être lu, et que je viens de terminer à la terrasse de l'hôtel Les Combelles, à Châtel en Haute-Savoie, où je passe une semaine de vacances ensoleillées en cette dernière semaine de juillet, l'an de grâce 2009.

    Bio : Je vous confie un scoop : Boileau-Narcejac, ce n'est pas un auteur... mais deux ! Il s'agit en effet de deux auteurs devenus complices et collaborateurs... Pierre Boileau est né en 1906, il se destinait à une carrière commerciale, mais dès sa jeunesse il s'était passionné pour la littérature policière. Il avait écrit des contes et des nouvelles... De son côté Thomas Narcejac, né en 1908, était professeur de lettres et de philosophie, et il avait publié quelques romans. Mais c'est en 1948 que les deux compères se rencontrent. Débute alors une longue et fructueuse collaboration. Boileau se charge surtout de l'intrigue, tandis que Narcejac travaille particulièrement la psychologie des personnages. Ensemble, ils mélangent ce qu'il y a de bon dans le roman policier classique avec ce qu'il y a de neuf dans le roman noir. Cela donne des romans d'angoisse, signés "Boileau-Narcejac", dans lesquels, souvent, le premier rôle est tenu par la victime. La collaboration de Boileau et de Narcejac va se poursuivre jusqu'à la mort de Pierre Boileau en 1989. Thomas Narcejac continuera d'écrire seul, mais signera toujours "Boileau-Narcejac", jusqu'à sa mort en 1998.


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  • Un peu partout autour de moi, j'entendais dire que l'Âge de glace 3 était un film "génial" ! Déjà le mot génial me semblait inadapté, et en tout cas excessif... Mais j'ai profité de la présence de mes deux petits-enfants, Vincent et Alexia, pour aller voir le "film génial" !... Je suis venu, j'ai vu... j'irai plus ! Et disons-le tout net : il y a bien longtemps que je ne m'étais autant emmerdé au cinéma ! Pas la moindre histoire, pas le moindre intérêt pour ce navet braillard ! D'un bout à l'autre ce ne sont que des hurlements, des cris, des vociférations, des chutes interminables dans des abîmes,  des chutes de pierres, des océans de lave brûlante, des mers de glace, des attaques d'oiseaux méchants ou de tyranosaures gloutons, des tonnes d'effets spéciaux aussi chiants que convenus, sans la moindre originalité.... Face aux méchants, il y a des bons et des niais, tout le troupeau des animaux bien pensants et bien plans-plans,  avec bien entendu la scène cul-cul la praline incontournable : la naissance d'un petit mammouth ! L'âge de glace 1 se laissait regarder, et j'avais un faible, personnellement, pour l'espèce d'écureuil acharné sur les noisettes ! Mais là, avec le numéro 3, on touche le fond de l'abîme.  Pour me consoler, j'ai dormi pendant un bon tiers du film, sorti brutalement de mon sommeil réparateur par un glapissement ou une vocifération, avant de me rendormir pour un moment ! Et quand j'entends dire qu'un tel film est "très marrant", j'ai honte, mais vraiment honte pour la nature humaine  ! Comment peut-on rire de telles crétineries cinématographiques ?


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  • Le vieil homme et la mer fait partie de ces récits dits incontournables, et que tout bon instituteur se sentait jadis obligé de mettre dans la bibliothèque de la classe, avant que Harry Potter ne soit venu chambouler le hit-parade des lectures de jeunesse... Le vieil homme et la mer n'est pas un roman, c'est seulement, selon moi,  une nouvelle trop longue. Hémingway nous y raconte l'histoire d'un vieil homme qui va à la pêche tous les jours sur sa barque, accompagné d'un gamin. Ils rentrent chaque fois bredouilles ; ça dure ainsi 84 jours. Le 85ème jour, le vieil homme part seul sur son rafiot, car les parents du gamin en ont eu marre des pêches infructueuses... Or voici que ce jour-là, le vieil homme va capturer un énorme espadon, une bête de près d'une tonne qu'il finit par amarrer le long de son bateau... De quoi retrouver le sourire et la considération des gens en rentrant au port... Hélas, rien ne va jamais bien dans la vie, et des requins attaquent l'espadon... Un requin, puis deux, puis cinq, chaque fois tués par le vieil homme... Mais le harpon tombe à la mer... puis la lame du couteau se casse, et quand survient enfin une meute de requins, le vieil homme n'a plus de quoi lutter... Quand il arrive enfin au port, il ne reste plus sur le flanc de sa barque que le crâne et le squelette du gros poisson... Récit sombre et désespérant, mais trop long bien qu'il n'ait que 150 pages à peine... En effet, du début à la page 46, ce ne sont que des propos banals, le vieux soliloque sur sa barque, dit des choses dont on se fout un peu, et qu'on ne lirait même pas si un autre qu'Hemingway les avait écrites, il faut bien le dire... Puis, page 47, ça y est, le gros espadon a mordu à l'hameçon, et va entraîner la barque, tandis que le vieil homme continue de soliloquer, de philosopher peu ou prou, de tirer ou de laisser filer sa ligne.. toujours à la remorque de l'espadon... Et c'est seulement à la page 117 que le premier requin attaque, bientôt suivi d'un deuxième page 126, encore un autre page 131... Page 134, l'espadon a été à moitié dévoré, page 138 une meute nouvelle de requins passe à l'offensive, en sorte que page 140, il ne reste plus rien de l'espadon, entièrement dévoré... Il n'y a plus qu'à rentrer au port, bedouille une fois encore, mais avec le vestige glorieux : le squelette de l'espadon, tandis que "Dans la cabane, là-bas, tout en haut, le vieux s'était endormi. Il gisait toujours sur le ventre. Le gamin, assis à côté de lui, le regardait dormir. Le vieux rêvait de lions." Point final ; je ne relis pas, ce n'est pas une dictée !


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  • Les sept couleurs est un roman publié en 1939. Vous allez me dire que je vous sers du réchauffé, mais contrairement à beaucoup de gens, je ne me jette pas sur le dernier bouquin sorti, pas forcément en tout cas, et pas toujours. Je me méfie de la publicité tapageuse pour des bouquins, vantés par des animateurs de télé dont le quotient intellectuel est bien inférieur à leur compte en banque : chacun ses richesses !... Parfois j'aime prendre les voies de traverse, les ruelles tortueuses de la culture, je me hasarde  sur les sentiers réputés dangereux, et je m'aventure même dans les sens interdits, c'est un peu le cas ici... Avant même de parler du roman, rappelons que son auteur, Robert Brasillach, a été condamné à mort et fusillé au Fort de Montrouge le 6 février 1945, à l'âge de 36 ans, pour ses écrits violemment anticommunistes et antisémites, ainsi que pour son apologie de l'Allemagne dont il souhaitait ardemment la victoire...  Mais parlons du roman, dans lequel l'engagement de l'auteur se fait nettement sentir : Sept couleurs est un roman d'amour, qui nous raconte l'histoire d'une rencontre entre Patrice et Catherine, à Paris, alors qu'ils sont tous deux de jeunes étudiants : il a 20 ans elle en a 18. Patrice fait découvrir Paris à Catherine, mais il s'en va en Italie, ébloui par le fascisme montant de ce pays, pour lequel il ressent une véritable fascination... L'originalité de l'ouvrage ne tient pas à l'histoire, mais à la manière dont Brasillach la décrit, une histoire découpée en sept parties, qui ne sont pas sept chapitres, mais sept éclairages différents (sept couleurs) de la même histoire : la première partie est un récit, la deuxième un échange de lettres entre Patrice et Catherine, la troisième partie est un journal tenu par Patrice alors qu'il vit en Allemagne. On trouve ensuite trois autres parties, composées respectivement de réflexions, d'un dialogue, de documents et finalement de discours...  En fait, Catherine et Patrice se quittent et Catherine se marie alors avec François. Or, Patrice revient et tente de convaincre Catherine de tout recommencer... Elle refuse, et raccompagne Patrice jusqu'à sa voiture, mais François les voit, et se croyant trahi par sa femme, s'en va et s'engage dans la guerre d'Espagne, où il combat pour Franco, évidemment ! Sa femme ignore pourquoi il est parti... Un jour elle apprend qu'il a été blessé... Elle comprend alors qu'il est temps d'abandonner définitivement l'illusion de son rêve de jeunesse, d'oublier tout à fait Patrice, pour retrouver son mari, François...  Ce roman a failli obtenir le Prix Goncourt en 1939. Il vaut surtout par son découpage original et par la description d'une certaine vie parisienne dans les années 20...

    Biographie : Robert Brasillach est un écrivain français né en 1909 à Perpignan. Elève du lycée Louis-Le-Grand à Paris, il entre en 1928 à l'Ecole Normale Supérieure. Il enseigne quelque temps au lycée de Sens. Brillant critique de cinéma, de théâtre, il rédige des ouvrages historiques qui font autorité dans ce domaine. Pourtant, sa rencontre avec Maurras, monarchiste et conservateur, va orienter sa pensée vers le fascisme, pour lequel il éprouvera une véritable fascination. Il admire d'abord l'Italie, avant de s'enthousiasmer pour l'Allemagne, dont il souhaite ardemment la victoire... Hélas, Robert Brasillach n'en reste pas au niveau de l'enthousiasme personnel, mais il utilise sa plume à partir de 1940 pour tenir des propos violemment anticommunistes et antisémites dans la revue "Je suis partout". Le summum est atteint en 1942 avec cette phrase : "Il faut se séparer des Juifs en bloc, ne pas garder de petits". Ce ne sont que des mots, mais ils seront repris lors de son procès et pèseront lourd... Brasillach n'est en effet poursuivi pour aucun acte de collaboration, mais seulement pour ses écrits. Emprisonné à Fresnes fin 1944, il est jugé le 19 janvier 1945 au cours d'un procès bâclé d'une journée. Condamné à mort le soir même, il voit son recours en grâce rejeté par le Général de Gaulle, malgré l'intervention de nombreux écrivains et intellectuels : Paul Claudel, Paul Valéry, Colette, François Mauriac, Albert Camus, Roland Dorgelès, Jean Anouilh... Robert Brasillach est conduit le 6 février 1945 au Fort de Montrouge où il est fusillé à 9h38, après avoir refusé d'avoir les yeux bandés et avoir crié : "Vive la France, quand même!"... Il est le premier écrivain français -et le seul- à avoir été exécuté pour ses écrits. Son corps repose à Paris, dans le petit cimetière de l'église de Charonne... Il convient, pour être complet, de signaler qu'un autre écrivain a été exécuté à la Libération : tel est le cas de Paul Chack, un officier de marine né en 1876, et qui dirigea, pendant la seconde guerre mondiale, le Comité de lutte antibolchévique, collaborant ainsi avec l'Occupant. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la mer et sur la marine, mais n'a pas été condamné pour ses écrits, mais sous l'accusation d'intelligence avec l'ennemi. Il a été fusillé le 5 janvier 1945.


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