• Il est de bon ton de se réclamer de l'écologie, ou de se plonger dans les actuels romans bouseux qui sévissent : les "soupes aux herbes sauvages", "granges aux loups" et autres titres mercantiles, qui prolifèrent de nos jours en tête de gondole des hypermarchés !..  Mais curieusement, nul ne songe à lire George Sand ! Quelle pionnière ! Quelle romancière ! Et quelle femme pourtant ! Née en 1804, morte en 1876, George Sand est contemporaine d'une révolution industrielle, dont elle essaie d'évaluer les effets... Très attachée à son Berry natal, terre de traditions populaires faites de mystères, de peurs et de pas mal de sorcellerie, elle pressent que l'arrivée du chemin de fer, traversant villes et villages, n'emportera pas seulement les voyageurs à toute vitesse, mais effacera aussi bon nombre de traditions locales ou régionales... Et c'est pour préserver ces traditions, les sauver de l'oubli, qu'elle entreprend l'écriture d'un certain nombre d'oeuvres "paysannes". Parmi elles "La Petite Fadette", qu'il était de bon ton naguère d'offrir aux petites filles en cours moyen, mais qu'il est bien agréable de découvrir ou redécouvrir aujourd'hui... L'histoire, je vous la résume vite fait bien fait  : Dans la ferme du Père Barbeau, un paysan prospère, naissent deux jumeaux (on disait alors des "bessons") : Landry et Sylvanet. Dans le pays vit aussi une vieille bique un peu sorcière, la mère Fadet, dont la petite-fille est un véritable garçon manqué, sans manières ni beauté, la Petite Fadette", très mal vue dans toute la région, et dont on se moque, en la nommant "le grelet", "la sorcière" et autres sobriquets méprisants... Quelques années plus tard, Landry, qui a eu  quinze ans, invite à danser la Petite Fadette... Et peu à peu... c'est l'amour ! Et du coup, l'affreux grelet va se muer en une presque princesse, limite "meuf canon" comme disent les cancres en cinquième ! Rien de bien original me direz-vous ! C'est vrai ! Mais la reproduction de notre pauvre espèce humaine passe forcément par là, pas facile d'innover !.... Bien entendu, cet amour ne va pas plaire au Père Barbeau, qui va séparer les tourtereaux... Mais ici on n'est pas dans la vraie vie, et donc tout finira par s'arranger, surtout qu'on va découvrir en outre que la petite Fadette est très riche, et on a beau dire et répéter que l'argent ne fait pas le bonheur, je n'ai jamais vu un pauvre ni un riche le refuser pour lui préférer le bonheur !... Ah, terrible et incommensurable hypocrisie humaine !...  Mais bon, revenons à La Petite Fadette, pas d'inquiétude braves gens, tout ça finira chez Pronuptia ! C'est comme dans "Plus belle la vie" : ça barde, mais ça s'arrange toujours à la fin !... La Petite Fadette n'est pas une oeuvre de débutante. Le roman fut écrit en 1849, alors que les premiers récits de George Sand datent de 1832. Bien entendu, le style de l'ouvrage peut sembler parfois désuet de nos jours, mais gardons nous d'en déduire qu'on écrit mieux aujourd'hui : c'est même l'inverse, et à force de lire les conneries contemporaines, nous trouvons bizarre une écriture de qualité... Il faut donc lire ou relire La Petite Fadette, car on n'y retrouve pas seulement une écriture qu'on avait oubliée, mais aussi une époque, des paysages, des traditions et des moeurs que l'on ne connait plus... La Petit Fadette c'est une bouffée de fraîcheur dans notre univers bourré de CO2 et truffé d'ozone...


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  • Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai capitulé devant un roman : "Les tribulations d'Eneas Mc Nulty", de Sebastian Barry. Ce pavé de 300 pages est totalement indigeste. C'est même pire, car une chose indigeste a tout de même, au préalable, été consommée... tandis que le roman de Barry, je ne suis pas allé jusqu'au bout... je n'ai pas pu l'avaler : j'ai lu patiemment les trente premières pages, j'ai lu courageusement les trente pages suivantes, je me suis affreusement ennuyé pendant encore trente pages, je me suis cramponné héroïquement pendant  encore dix pages, et là, je me suis effondré devant la nullité de l'ouvrage ! Rien, absolument rien dans ce bouquin ! Une longue diarrhée verbeuse, aux phrases alambiquées et tordues, pas d'histoire, pas la moindre émotion, rien qu'une accumulation factuelle et touffue de notations pointillistes sur la vie d'Eneas, parti de chez lui pour de longues pérégrinations à travers le monde, ces fameuses tribulations qui donnent leur titre à cette mauvaise pochade. Un voyage qui ne nous fait rien découvrir, d'interminables pages auxquelles on ne comprend rigoureusement rien, les yeux qui se ferment de lassitude.... Et finalement, je me suis dit que la vie est trop courte pour perdre son temps avec un livre aussi emmerdant ! Hélas, trois fois hélas, c'est encore un livre qu'on m'a offert ! Je suis perplexe : comment peut-on me connaître aussi mal ?... ou comment peut-on m'en vouloir à ce point pour me faire un tel cadeau empoisonné ?  et à propos de cadeau empoisonné, voici un extrait des Tribulations :

    "L'année suivante, Jonno Lynch se lance dans la tenue sans apparat de garçon de courses, à grand renfort de coups de sifflet et ses grosses poches bourrées de liasses d'ordres. Il lui faut s'échapper et peu lui importe de qui, pur ce faire, il doit briser le coeur. Il est employé par O'Dowd, le commissaire-priseur, et certains garçons demeurés à l'école prétendent que nombre de courses de Jonno sont d'une nature particulière, qui n'a guère de rapport avec les ventes de domaines et autres choses du même genre. En fait, Eneas le voit remonter en trombe les ruelles de service sur sa bicyclette argentée et le pire que l'on dit sur son compte, c'est qu'il est le Mercure de tous les hommes louches de la ville, les hommes importants, les balèzes, les petits gars qui en veulent et les ténébreux qui ne plaisantent pas avec leurs idéaux et leurs complots. C'est tout un mic-mac de mecs et Jonno est la cuillère vivante qui malaxe le tout. C'est ce qu'on dit,  et Eneas aimerait poser la question à Jonno, mais Jonno est devenu comme sa bicyclette, sa Dawes haut de gamme, rapide, solennelle et silencieuse sur le bitume de Sligo. Eneas a le coeur lourd, et c'est un vrai combat de boxe que se livrent là-dedans le doute et la douleur. Il peut surmonter l'horreur du mystère de sa mère, mais non la perte de Jonno, pense-t-il." Et voilà, vous avez pu mesurer à quel point le style est balourd, qui pue la mauvaise traduction de l'amerloque en français, pour donner une sorte de charabia, une bouillie fadasse et illisible... Sachez-le et dites-le bien autour de vous : "Les tribulations d'Eneas McNulty" ce n'est pas de la tarte, non, c'est seulement de la merde !


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  • Voici un livre publié à l'occasion d'une exposition consacrée à Marie-Antoinette au château de Versailles entre décembre 2006 et  fin janvier 2007. Disons-le d'emblée, c'est un livre qui brille par sa nullité. D'ailleurs, cet ouvrage collectif a été rédigé par de grands spécialistes, c'est-à-dire des gens passionnés qui ne savent pas faire partager leur passion avec le grand public. Je remarque en passant que leurs noms ne figurent pas sur la couverture de l'ouvrage : modestie mal placée ? ou crainte d'être trop vite identifiés ?... Mystère ! Bref, ce bouquin aurait pu nous présenter cette reine assez fabuleuse qu'était Marie-Antoinette, mariée à Louis XVI à 15 ans, guillotinée à 35 ans... On aurait pu nous apprendre mille anecdotes sur ce que fut sa vie, dans sa fonction de reine, dans cette époque si particulière de la deuxième moitié du 18è siècle... Mais non, les auteurs se contentent de nous asséner un fatras de détails érudits dont personne n'a rien à foutre ! Je le prouve : par exemple, page 39, un certain Xavier Salmon, nous parle des portraits de la famille impériale d'Autriche, par le peintre Joseph Ducreux : immédiatement, il se lance dans un fouillis de détails inutiles, en nous racontant par exemple que le peintre Ducreux arrive à Vienne le 14 février 1769 ! Pour un peu il nous donnerait l'heure ! Bien sûr, le peintre commence le portrait de Marie-Antoinette, et on apprend que, le 24 février, le boulot n'était pas encore fini !!! Et ça continue comme ça, en d'interminables litanies; des précisions de dates, bientôt suivies des dimensions des tableaux : 68 cm de haut sur 52 cm de large : qu'est-ce qu'on peut s'en foutre, quand on fait partie comme moi du grand public ! Et encore, je me pique de faire tout de même partie des gens un peu curieux ! Alors imaginez les autres, ceux des barres HLM de Mantes-la-Jolie !!! Ce n'est pas de cette manière chiante qu'on va leur donner l'envie de se cultiver un peu ! Pas de doute, ils préféreront une bonne baston pour se meubler un week-end, et je les comprends, tristement ! Quand donc les lettrés et les intellectuels cesseront-ils de nous emmerder en étalant à longueur de pages les détails qui ne passionnent qu'eux-mêmes ? Insondable mystère d'une culture que j'abhorre ! Marie-Antoinette méritait mieux qu'un tel bouquin : après l'avoir guillotinée, voici qu'on l'assassine au nom d'une certaine culture !


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  • Certains, qui ont le goût des aphorismes de bistrot,  diront : un livre de plus sur Maupassant ! Ils ont raison, c’est un livre de plus. Mais ce n’est pas un livre de trop ! Car cet ouvrage nous propose une approche différente, moins littéraire, plus anecdotique et plus humaine. Olivier Frébourg, qui en est l’auteur, a entrepris un véritable tour de France, une balade littéraire sur les traces de Guy de Maupassant.  Pourquoi « Le clandestin » ?  L’auteur s’en explique tout au long des pages, montrant que, derrière un auteur célébrissime de son temps et universellement connu encore de nos jours, se cache un homme secret, un passager clandestin de la vie et des Lettres… D’ailleurs Maupassant est né d’une manière quasi-clandestine et les querelles n’en ont toujours pas fini, sur le point de savoir s’il est né à Fécamp, ou bien au château de Miromesnil… Et puis Maupassant se déclare lui-même comme quelqu’un de secret et de solitaire, lisons-le :

    « Je tiens ma vie tellement secrète que personne ne la connaît. Je suis un désabusé, un solitaire et un sauvage. Je travaille, voilà tout, et je vis d’une façon tellement errante pour être isolé, que pendant des mois entiers, ma mère seule sait où je suis. Personne ne sait rien de moi. »

    Le ton est donné… Au fil des pages, ce livre nous permet de suivre Maupassant dans son errance : nous voici au collège de Rouen où il fut potache avant de passer son baccalauréat à Paris au lycée Henri IV. Nous voici à Antibes, dans la chambre de la villa Le Bosquet, où il mit le point final à son roman Mont-Oriol… Nous voici enfin au cimetière du Montparnasse à Paris, où il fut enterré le 8 juillet 1893 : ni son père, ni sa mère, ni sa belle-sœur ne sont là : Maupassant est encore un clandestin dans la mort.

    Voici quelques années, passant sur sa tombe, j’ai trouvé un petit papier qu’on y avait déposé : j’y ai lu ceci : "Cher Guy de Maupassant, toi dont j’ai lu presque tous les livres, toi qui connais si bien le cœur des hommes, fais en sorte que je retrouve du travail. Signé Laetitia."

    N’est-il pas extraordinaire de s’adresser ainsi à un écrivain par-delà les années, par-delà le temps, comme s’il était encore vivant, encore parmi nous… ?

    "Maupassant le clandestin", par Olivier Frébourg, est publié au Mercure de France, je le recommande vivement à ceux qui souhaitent découvrir Maupassant sans pour autant « se prendre la tête ». C’est facile à lire, c’est alerte, vivant et bien documenté. Un excellent ouvrage.


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  • L’auteur, Shusaku Endo, diplômé de littérature française à l’université Keio de Tokyo, a été le premier Japonais à venir étudier en France, peu après la deuxième guerre mondiale, à l’université de Lyon. Il se consacra essentiellement à la littérature française catholique du 20è siècle : Mauriac, Bernanos, Claudel, Cesbron, Maritain, etc… On ne peut pas dire qu’on se trouve là en terrain joyeux ! Trois ans après son arrivée en France, il tombe gravement malade. Une dépression, plusieurs hospitalisations, la vie de Shusaku n’est guère heureuse. A la maladie s’ajoute un doute personnel : il se rend compte que sa religion catholique cadre mal avec la mentalité japonaise, laquelle semble peu sensible à la notion de péché. Tout cela le décide à écrire. Volcano, roman publié en 1959,  décrit les difficultés de la fin de vie. Le héros, Suda Kun, arrive à l’âge de la retraite. Il  a effectué toute sa carrière dans un service de météorologie. Il a passé des années à étudier le volcan Akadaké, qu’il voit depuis son bureau… A peine en retraite, Suda  Kun a un malaise et tombe malade ; il est hospitalisé. Il acquiert la conviction qu’il en est des hommes comme des volcans : ils sont actifs, puis s’éteignent… Le roman nous permet de suivre également la vieillesse de Durand, un ancien missionnaire religieux français… L’auteur trouve prétexte dans ces récits parallèles, de méditer sur la vieillesse, l’âge, le temps, l’oubli… <o:p></o:p>

    Un petit extrait : «  Le vieux a sans doute englouti le bonus de sa  retraite, mais nous n’en sommes pas sûrs… Si seulement il était mort sur le coup, tout l’argent nous serait revenu ; je déteste les vieillards. Ils mangent le riz des autres, ils ne servent à rien, ils ne veulent pas crever, tout le monde les hait et ils ne s’en aperçoivent même pas. Qu’en pense Mère ?<o:p></o:p>

    -         La même chose que nous je suppose. Si quelqu’un a été soulagé quand il a eu son attaque, c’était bien elle.<o:p></o:p>

    La lumière s’éteignit dans la chambre. Un chien aboya au loin. Un silence lugubre tomba sur la maison. Appuyé contre le mur, les yeux exorbités, Jinpei regardait dans le vide. Il ne s’était jamais rendu compte de sa solitude, mais brusquement il vit à quel point il avait toujours été loin des autres. Pour la première fois de sa vie il regardait la réalité en face.<o:p></o:p>

    -         En prenant de l’âge, on reconnaît ses erreurs, mais il est trop tard pour les réparer, c’est là le drame de la vieillesse. »<o:p></o:p>

    Bref, on ne lit pas ce livre comme on lirait « Bidasses en folie » ou « Lycéennes perverses » ! Par ailleurs, cette réflexion nostalgique et désabusée ne débouche pas sur grand-chose. C’est un livre un peu étriqué, qui est le reflet des maladies de son auteur et dont le caractère trop autobiographique nuit à la créativité… Mais bon, c’est un exemple de la littérature japonaise des années 60…à ce titre ça peut se lire si on est curieux.  C'est publié chez 10/18, on peut donc le lire même si on est fauché... Par contre,  dépressifs et désespérés, s’abstenir ! /<o:p></o:p>


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